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Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

The Transat

"Un homme, un bateau, l’océan" et l’histoire de The Transat

Une course créée en 1960 sous le nom d’OSTAR

lundi 24 mai 2004Information The Transat

La Transat anglaise est la plus ancienne et prestigieuse des courses au large en solitaire... Elle a été créée en 1960 sous le nom de OSTAR par le Lieutenant des Royal Marines anglais ’Blondie’ Hasler, sur un pari d’une demi-couronne avec Sir Francis Chichester. Sa deuxième édition (1964) voit Eric Tabarly vainqueur et marque le début de la passion des Français pour la course au large, qui culminera en 1978 par la création de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum . Au début, la participation ne dépassait pas 5 bateaux. Un point culminant a été atteint en 1976 avec 125 inscrits ! Il a fallu à Chichester 40 jours pour gagner la première édition de la course alors qu’en 2000, Francis Joyon a traversé l’Atlantique Nord en 9 jours, 23 heures et 21 minutes. The Transat The Transat #thetransat #ostar , qui a lieu tous les 4 ans - Face au vent, dans les brouillards et les glaces de l’Atlantique Nord, est aujourd’hui encore la plus éprouvante mais la plus courue des transatlantiques en solitaire. Revue historique d’une course légendaire.

Douzième édition : 2004 : Les records sont pulvérisés

Large représentation internationale sur The Transat The Transat #thetransat #ostar puisque 37 skippers de neuf nationalités différentes (France, Angleterre, Italie, Suisse, Australie, Nouvelle-Zélande, Autriche, Amerique and Canada) ont pris le départ de The Transat The Transat #thetransat #ostar . Si les francais composent le podium multi 60 Multi 60 #ORMA (1 italien dans cette classe, Giovanni Soldini), les 4 des 5 premières places en IMOCA Imoca #IMOCA 60 sont occupées par des anglo-saxons.(1.Golding : Angleterre ; 2.Wavre : Suisse ; 3.Sanderson : Nouvelle-Zélande ; 4.Moloney : Australie ; 5.Humphreys : Angleterre). En 50 pieds mono, Kip Stone et Joe Harris, deux américains se placent respectivement 1er et 2e . En multi 50 pieds, Rich Wilson (Great American II) prend la 2e place derrière Eric Bruneel, devant Dominique Demachy et Etienne Hochede.

L’ensemble de la flotte est monté beaucoup plus nord cette année, pourtant les conditions météo en Atlantique Nord prévisibles cette année ont été très difficiles, avec la succession de dépressions. Le skipper suisse Dominique Wavre, sur Temenos a enregistré 58 noeuds de vent durant la course et la plupart des skippers IMOCA Imoca #IMOCA ont noté des vents de 50 noeuds établis.

Départ de l’édition 2000 de la transat anglaise avec le fameux Jester (à droite)
Photos : Ch.Guigueno / Pipof.com/voile

Onzième édition : 2000 : Joyon et MacArthur

La Transat Europe 1 New Man STAR révèle deux vainqueurs inattendus.

Avant le départ, les classes de monocoques et multicoques de 60 pieds ont été accueillies dans la Marina Queen Anne’s Battery, où chaque équipe technique se penche sur les préparatifs de dernière minute. A l’écart de la foule, sur un mouillage, est amarré le trimaran Eure et Loir de Francis Joyon, le plus vieux bateau de la flotte et celui dont le budget est le plus restreint. À l’arrivée à Newport, le vainqueur ne fait pas partie des favoris de la course comme le double vainqueur de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum Laurent Bourgnon. Le vainqueur, c’est Francis Joyon, celui que tout le monde aurait donné perdant.

L’histoire Histoire #histoire se répète chez les monocoques de 60 pieds. Une jeune femme originaire du Derbyshire, en pleine campagne anglaise, participe alors à sa première course en solitaire dans cette catégorie. Une fois encore, la course sert d’échauffement avant le Vendée Globe dont le départ a lieu en novembre suivant. Dix-neuf monocoques sont donc sur la ligne de départ. Parmi eux, les meilleurs navigateurs solitaires : Michel Desjoyeaux, Roland Jourdain, Mike Golding et Yves Parlier. Pourtant, c’est Ellen MacArthur qui remporte l’épreuve. A 23 ans, l’anglaise court pour la première fois à bord de son tout nouveau monocoque Kingfisher. Elle mène une course serrée avec les marins les plus renommés, et elle gagne. Un résultat exceptionnel qui est une première preuve de son talent.

Dixième édition : 1996 : Un doublé pour Peyron

Sur l’Europe 1 STAR 96, les multicoques sont devenues monnaie courante, et on assiste désormais à un match principalement franco-français, tout du moins pour ce qui concerne la victoire.

On ne compte aucun nouveau trimaran, si ce n’est Banque Populaire. Les monocoques de 60 pieds boudent la course pour se concentrer sur le Vendée Globe. Les amateurs reviennent donc en force dans les petites classes, tandis que les spectateurs attendent sur le podium : Peyron, Bourgnon, Vatine ou Joyon. Ce dernier crée la surprise en optant pour une route encore jamais empruntée depuis le passage de Blondie Hasler en 1960, l’option Nord. Joyon navigue très au Nord, contournant les centres des dépressions qui ralentissent ses adversaires sur la route directe. Il a plus de 300 milles d’avance lorsqu’il atteint Terre-Neuve et rien ne semble pouvoir l’arrêter dans sa course au record Record #sailingrecord . Mais des brises instables viennent le ralentir à seulement 400 milles de l’arrivée. Même mésaventure pour Laurent Bourgnon.

Loick Peyron peut ainsi savourer une seconde victoire. Et bien qu’ayant rencontré des conditions climatiques moins favorables, il réalise un temps très proche du record Record #sailingrecord de Philippe Poupon en 1988. Paul Vatine franchit la ligne quatre heures plus tard.

Neuvième édition : 1992 : Loïck Peyron devant Vatine

Sur les 67 bateaux au départ de l’Europe 1 STAR en 1992, les honneurs sont revenus à la flotte très compétitives des trimarans de 60 pieds, tous skippés par des Français. À la fin des années 80, les multicoques de 75 et 85 pieds ont commencé à disparaître en raison des coûts trop élevés, pour laisser place à une nouvelle classe, celle des 60 pieds.

Parmi les stars des multicoques, on compte notamment Loïck Peyron sur Fujicolor, Florence Arthaud sur Pierre 1er, vainqueur de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum 1990, le vainqueur de la précédente édition de la Transat anglaise, Philippe Poupon sur Fleury Michon, et la star montante, Laurent Bourgnon sur Primagaz. Mais d’autres skippers du même niveau sont également présents : Philippe Monnet, de retour de son tour du monde en solitaire, Paul Vatine sur Haute Normandie, le trimaran vainqueur en 1988, Francis Joyon sur Banque Populaire, Jean Maurel et Hervé Laurent.

Les conditions météorologiques défavorables après le départ divisent la flotte. Joyon met le cap au Nord, Vatine au Sud et Bourgnon et Peyron se placent au milieu. Au cours de la première semaine, plusieurs skippers souffrent du mauvais temps. Bourgnon, alors leader, casse son rail de grand voile, Arthaud chavire au large de Terre-Neuve et Poupon perd du terrain suite à un problème de dérive. Il n’en reste plus qu’un, Loïck Peyron, qui met le pied sur l’accélérateur et termine en tête avec 30 heures d’avance sur Haute Normandie de Paul Vatine.

L’une des grandes suprises de la course en terme de performance est Yves Parlier sur le monocoque Cacolac d‚Aquitaine, l’ancien bateau de Christophe Auguin vainqueur du BOC Challenge, qui termine tout juste un jour après les trimarans.

Huitième édition : 1988 : Philippe Poupon enfin

On dénombre 95 participants sur la C-STAR sponsorisée cette année là par Carlsberg. La tendance est alors à l’électronique, aux fichiers météo,et pilotes automatiques. Le navigateur en solitaire ne doit plus seulement être un excellent marin et un courageux compétiteur, il doit aussi maîtriser les outils informatiques pour gérer ses options stratégiques et tactiques à bord.

Après avoir raté de peu l’édition 1984 remportée par Yvon Fauconnier, Philippe Poupon pulvérise le temps de la course en 10 jours, 9 heures, et 15 minutes. Les conditions météo sont alors exceptionnelles, avec quasiment aucun mille à parcourir au près, ce qui permet au trimaran Fleury Michon de suivre une route plus directe et de conserver son record pendant 12 ans, jusqu’à la victoire de Francis Joyon en 2000.

Septième édition : 1984 : Yvon Fauconnier devant Poupon

Quatre vingt douze bateaux prennent le départ de cette 7e édition. Dans les premiers jours de course, deux catamarans, Jet Services (Patrick Morvan) et 33 Export (Gilles Gahinet), mènent la flotte. Ils seront très vite contraints de se retirer suite, respectivement, à une avarie sur la coque et à des problèmes de mât.

Mais cette année là, on ne parle que du chavirage de Philippe Jeantot (Crédit Agricole) au milieu de l’Atlantique, car l’accident pose un problème à l’arrivée. Philippe Poupon (Fleury Michon) est en effet le premier à couper la ligne d’arrivée à Newport après 16 jours, 11 heures et 55 minutes de course, mais c’est Yvon Fauconnier (Umupro Jardin) qui est déclaré vainqueur pour avoir passé 16 heures à secourir Jeantot. Son temps d’arrivée, 16 jours, 22 heures et 25 minutes, réduit de 16 heures, tombe alors à 16 jours, 6 heures et 25 minutes, soit mieux que Poupon.

Philippe Poupon, qui apprend la nouvelle au milieu de la conférence de presse dédiée à sa victoire, ne peut dissimuler son immense déception et fond en larmes. A l’arrivée, huit des dix premiers concurrents sont français, et seul le 10e bateau n’est pas un multicoque. Et ces dix premiers skippers bouclent le parcours en moins de 17 jours. La course devient un sprint transatlantique.

Sixième édition : 1980 : Phil Weld

En 1980, l’OSTAR se présente sous un autre jour par rapport à la précédente édition quatre ans plus tôt. Les protestations du milieu nautique suite à la participation d’Alain Colas sur son monocoque de 236 pieds (72 mètres) Club Méditerranée, avaient pratiquement mis à coup d’arrêt à la course, mais un compromis est finalement trouvé lorsque Royal Western Yacht Club décide d’imposer une limite de taille de 56 pieds.

Les nouvelles règles sont mal accueillies en France où de nombreux concurrents choisissent de boycotter l’épreuve en faveur d’une nouvelle course transatlantique en solitaire, la Route du Rhum dont la deuxième édition se déroule en 1982. Toutefois, certains préfèrent boycotter le boycott. C’est le cas d’Olivier de Kersauson et du futur skipper de la Coupe de l’America, Marc Pajot, qui est concurrent non officiel sur le nouveau trimaran foiler Paul Ricard d’Eric Tabarly (Tabarly blessé, Pajot le remplace à la dernière minute mais n’a pas le temps de se qualifier pour la course).

La course voit également pour la première fois l’introduction du "pistage" de bateaux. Chaque concurrent est équipé d’une balise ARGOS, qui - en théorie - peut grâce à l’aide des satellites, fournir aux organisateurs, aux journalistes et au public un vue d’ensemble de la répartition de la flotte. Un progrès capital dans les relevés de positions sporadiques des éditions précédentes. Toutefois, cette technologie en étant à ses tout débuts, de nombreux concurrents rencontrent des problèmes techniques et leurs bateaux "disparaissent" pendant la course.

Aujourd’hui le système ARGOS est beaucoup plus fiable, et Collecte Location Satellite (CLS), Partenaire Technique de The Transat, installera des balises ARGOS MAR YX sur chacun des bateaux participant à la course. Les concurrents utilisent également un système de communication Communication #Communication par satellite appelé Inmarsat C. Chaque terminal C est connecté à un GPS qui permet aux organisateurs ou aux équipes techniques de relever leur position depuis la terre, et de télécharger non seulement la position exacte à quelques mètres près, mais également la route du bateau, sa vitesse Vitesse #speedsailing et d’autres types de données.

L’OSTAR 1980 est la dernière édition à avoir été remportée par un skipper amateur, le célèbre éditeur américain Phil Weld, qui à bord de son trimaran de 51 Moxie, établit un nouveau record de vitesse Vitesse #speedsailing sur le parcours en 18 jours.

Cinquième édition : 1976 : Eric Tabarly sur Pen Duick VI

En 1976, l’OSTAR atteint des sommets en terme de participants, avec plus de 300 demandes d’inscription, et plus de 125 bateaux au départ. Cela l’inscrit définitivement dans les livres d’histoire Histoire #histoire comme l’une des plus grandes courses au large de tous les temps. L’épreuve est remportée pour la deuxième fois par Eric Tabarly, qui part en solitaire sur son maxi Pen Duick VI, conçu pour la Whitbread et habituellement mené par 18 hommes à bord. Comme si le challenge n’était pas suffisant, l’Atlantique Nord cette année là est d’une humeur très instable, et jette 5 gros coups de vent sur la route des concurrents - dont deux apportent des vents de plus de Force 9. Une fois de plus, Tabarly rencontre des problèmes de pilote automatique, comme en 1964. Epuisé, le skipper met un instant le cap vers la France, avant de finalement changer d’avis et de reprendre sa route. Cette seconde victoire pour Tabarly, probablement le point culminant de sa carrière, crée à nouveau l’événement en France et le propulse du statut de héros de la voile, à celui de légende.

Le bateau dont on parle le plus cette année là, est celui d’Alain Colas, vainqueur de l’édition 1972. La participation de Jean-Yves Terlain à bord du trois mâts de 128 pieds Vendredi 13 donne sans doute des idées à Colas. Plus grand est le bateau, plus vite il naviguera. En 1976, Alain Colas pousse ce principe à l’extrême avec un voilier encore plus grand que Vendredi 13 : le quatre mâts de 236 pieds (72 mètres), Club Méditerranée.

Club Méditerranée est le premier bateau à utiliser la navigation par satellite pour relever sa position (à cette époque, tout le monde utilise encore le sextant). Pendant la course, Colas rencontre de gros problèmes avec ses drisses et il est contraint de s’arrêter à Terre Neuve pour réparer. Il coupe la ligne d’arrivée en 2e position derrière Tabarly mais se voit relégué à la 5e par une pénalité de temps suite à son escale technique.

Quatrième édition : 1972 : Alain Colas

En 1968, Éric Tabarly se retire de la course à bord de Pen Duick IV, mais pendant les années précédant l’OSTAR 1972, il teste et développe le bateau pour ensuite le vendre à l’un de ses équipiers, Alain Colas, autre figure de la voile en solitaire française.

Contrairement à l’édition 1968, la flotte quatre ans plus tard ne rencontre qu’un bref coup de vent dans sa traversée de l’Atlantique Nord. Et c’est peut être grâce à ces conditions assez faibles et à son talent, que le skipper Alain Colas parvient à mener son trimaran de 67 pieds jusqu’à la ligne d’arrivée en un temps remarquable de 20 jours et 13 heures, soit 5 jours de moins que le vainqueur, Geoffrey Williams, en 1968.

Avec la victoire de Colas et trois autres multicoques placés en 3e, 5e et 6e position, l’avenir des catamarans et trimarans est scellé. A l’exception de 1976, toutes les courses transatlantiques suivantes seront remportées par les multicoques, qui sont aujourd’hui les indiscutables champions des océans.

Développé par le pionner Tabarly, Pen Duick IV est un bateau très en avance sur son temps, malgré sa construction en aluminium et ses bras de liaison qui semblent tout droit sortis d’un échafaudage. C’est après avoir navigué à bord du trimaran Toria de Derek Kelsall, vainqueur de la première course en double autour des îles britanniques en 1966, que le skipper français commande la construction de son nouveau bateau. Sans quille pour servir de ballast, les multicoques de course au poids très allégés n’ont pas besoin d’être très puissants pour avancer et ils sont plus maniables en solitaire. Gréé en ketch, Pen Duick IV était à l’origine doté de deux mâts pivotants pour améliorer le flux de l’air dans les grand voiles ˆ un prélude aux mâts-ailes pivotants des trimarans modernes.

C’est le même bateau qui l’année suivante emmènera Alain Colas autour du monde en solitaire et l’inscrira dans les livres d’histoire de la voile. Mais quelques années plus tard, sur la première Route du Rhum en 1978, le skipper et le trimaran disparaîtront tragiquement en mer pour des raisons encore inconnues.

Troisième édition : 1968 : Geoffrey Williams et le routage

S’il existe une édition qui ait prouvé à quel point cette course pouvait être difficile, c’est bien celle de 1968. Cette année là, le nord de l’Atlantique est balayé par une énorme dépression générant des vents de tempête à plus de 60 noeuds. De nombreux concurrents se mettent en panne, naviguant sous tourmentin seul pour affronter de terribles conditions. Un seul participant creuse l’écart, en profitant des règles de course qui n’interdisent alors pas le routage météo. A cette époque, avant que n’apparaissent les moyens de communication Communication #Communication par satellite, les connexions Internet à bord et les sites de météo en ligne, Geoffrey Williams, sur Sir Thomas Lipton, est le premier à utiliser le routage météo en course. Grâce à une grosse radio haute fréquence, Williams peut communiquer avec des météorologistes basés à Londres qui développent des fichiers météo sur un des tout premiers ordinateurs et peuvent lui donner des prévisions. Williams remporte finalement la course, malgré quelques controverses à l’arrivée où il ne suit pas le bon parcours. Le routage météo n’est plus autorisé sur les éditions suivantes, mais cette année, la Classe ORMA, qui gère les multicoques de 60 pieds, a décidé de l’accepter à nouveau.

Deuxième édition : 1964 : Eric Tabarly entre dans la légende

La deuxième OSTAR en 1964 a marqué un véritable point de départ dans l’histoire de la voile en solitaire, dans le développement de la voile en tant que sport en France, et dans la conception des bateaux de course au large. En 1960, Francis Chichester avait bouclé l’épreuve en 40 jours. Quatre ans plus tard, le lieutenant de marine Marine Marine nationale Eric Tabarly, alors âgé de 32 ans, remporte la course en seulement 27 jours, à bord de son ketch de 44 pieds, Pen Duick II.

Le succès de la première OSTAR a fait passé la seconde édition dans un cercle médiatique avec un grand nombre de concurrents soutenus par des quotidiens nationaux. Tabarly, seul français en course, partait favori. Il avait l’avantage d’avoir le plus grand bateau ; un bateau qui plus est spécialement construit pour l’événement. De plus, il avait étudié la météo de façon très poussée et il était physiquement très en forme. À son arrivée à Newport, dans le Rhode Island, il n’était absolument pas au courant de sa victoire - il n’avait pas utilisé sa radio pendant la course - et parmi ses commentaires à l’arrivée, comme si cela n’avait rien d’extraordinaire, il dévoila que son système de pilote automatique n’avait fonctionné que pendant les 8 premiers des 27 jours qu’il lui a fallu pour terminer la course.

A une époque assez morose en France, Tabarly devient du jour au lendemain un véritable héros. Son courage et sa détermination lui valent d’être décoré de la Légion d’Honneur par le président De Gaulle. Tabarly devient un modèle pour plusieurs générations de navigateurs français. Certains d’entre eux ont navigué avec lui, comme Philippe Poupon, vainqueur de la course en 1988, et d’autres marins qui font partie de la flotte cette année : Michel Desjoyeaux, Roland Jourdain et Jean Le Cam. L’actuelle domination des français dans la course au large en solitaire n’existerait peut être pas sans cet homme incroyable, qui revient sur l’OSTAR en 1976 pour signer une nouvelle victoire.

Première édition : 1960 : Francis Chichester le pionnier

Connue à l’origine sous le nom d’OSTAR (Observer Single-handed Transatlantic Race), The Transat a été créée par Blondie Hasler, un Lieutenant Colonel des Royal Marines à la retraite. Marin depuis toujours, Hasler est également un innovateur. Il invente notamment, sur son Folkboat de 25 pieds ’Jester’, un système de gréement qui lui permet de régler la grand voile et prendre des ris depuis sa cabine à travers un petit hublot sur le pont.

Après que le concept de la course ait été refusé par plusieurs Yacht Clubs, la première OSTAR se tient finalement en 1960 grâce au visionnaire Royal Western Yacht Club de Plymouth. Malgré plus de 115 demandes d’inscription, seuls 5 skippers partent en solitaire de Plymouth le 11 juin 1960. Direction : New York. Le plus grand bateau, un 39 pieds (11,9m), remporte cette première édition. Il s’agit de Gypsy Moth III, skippé par Francis Chichester. Les autres bateaux font environ 25 pieds de long (7,6m), à l’exception du petit monocoque de 21 pieds (6,4m) ’Cap Horn’ du français Jean Lacombe. Il faudra à ce dernier 74 jours pour rallier les États-Unis, contre 40 jours, 12 heures et 30 minutes pour Chichester (ce qui n’est d’ailleurs pas le record de lenteur puisqu’en 1972, Peter Crowther termine la course en 88 jours, soit bien après le temps réglementé). Malgré une place de dernier, la participation de Lacombe à cette première OSTAR sera déterminante pour l’avenir de la course au large en solitaire. Non seulement elle attire alors l’attention du jeune Eric Tabarly, vainqueur de l’édition suivante en 1964 et d’une autre en 1976, mais le 21 pieds de Lacombe servira également de modèle à la future Classe Mini, 17 ans plus tard.



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