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Médias

OJD en baisse pour la presse magazine voile

Voiles & Voiliers toujours leader devant Voile Mag et Bateaux

vendredi 28 novembre 2008Christophe Guigueno

La presse a son organisme d’évaluation et de contrôle de la diffusion. Tous les ans, l’OJD publie donc les informations fournies par les éditeurs de presse et celle-ci est disponible au public. C’est l’occasion de faire un état des lieux de la presse magazine voile. Sans surprise, Voiles & voiliers du groupe Ouest France est le leader des mensuels payants avec une diffusion deux fois supérieure à celle de ses principaux concurrents.

Avec 60222 exemplaires diffusés en France et à l’international dont 23744 abonnés payants, Voiles & Voiliers (lancé en 1971) est donc le leader incontesté de la presse magazine voile. Loin derrière, on retrouve (sans doute) au coude à coude Bateaux et Voile Magazine. Bateaux (lancé en 1958) qui appartenait au groupe Mandadori et qui vient d’être revendu au groupe Motor Presse affiche des résultats deux fois inférieurs avec une diffusion totale de 28374 ventes dont 9775 abonnés payants. Quant à Voile Mag (lancé en 1995) du Groupe Larivière, il n’est plus côté à l’OJD, mais doit avoir une diffusion proche de celle de Bateaux. Au total, cela fait quand même 120 000 magazines de voile vendus par mois auxquels il faut ajouter les ventes du bimestriel Course au Large de Mer & Media et les autres magazines de la presse nautique et glisse.

Sur son blog, Bruno Revel, le journaliste média de L’Express analyse rapidement les données générales 2008 : « La presse magazine, quant elle, se maintient (+0,03%), avec des situations contrastées selon les différentes familles de presse. Ainsi les news magazines affichent une forme éclatante, avec une hausse de 10,21%. Ce chiffre doit toutefois être tempéré par le fait que la diffusion de l’hebdomadaire Marianne, qui a réintégré l’OJD courant 2007, n’était prise en compte que sur six mois dans la vague précédente. »

Du côté de la presse magazine voile, on note une baisse de 1% de 2007 à 2008 pour le cumul des diffusions totales de Voiles & Voiliers et Bateaux. Cette baisse est sensiblement équivalente pour les deux titres. Mais si l’on regarde sur la dernière décennie (cf. tableau – les lignes en pointillés sont estimées), la chute est plus dure. Ainsi Voiles & Voiliers a perdu plus de 7000 lecteurs en 5 ans et plus de 17000 en dix ans. Du côté de Bateaux, c’est l’écroulement : moins 15000 en cinq ans. Moins 40000 même en quinze ans…

L’érosion des ventes en kiosque

Rue du faubourg Saint Antoine où l’on prépare la sortie du site internet d’information voilesetvoiliers.com, on observe en cette fin d’année une augmentation du nombre de vente en kiosque. Pierre-Marie Bourguinat, rédacteur en chef adjoint de « Voiles » depuis quatre ans ajoute que « nous avons fait un bon numéro de novembre et s’il en est de même pour le numéro de décembre, nous serons en progression sur l’année. » Mais comment expliquer cette baisse générale ? « Chez Voiles, nous disposons d’une base d’abonnés extrêmement fiable. Mais, en kiosque, l’érosion des ventes est aussi lente que réelle. Et il n’y a pas de vase communiquant entre les différents magazines. Alors quand la presse nautique en général perd des lecteurs en kiosque et que nous, nous sommes en progression, on est plutôt content. »

Du côté de Clichy, Loïc Madeline, le rédacteur en chef de Voile Mag, constate que « Voiles et Voiliers reste devant nous alors que Bateaux est derrière sur la vente au numéro. Il y a un vrai delta de 30% entre eux et nous. » Loïc rappelle que « voile Mag a été créé, il y a douze ans ». À cette époque V&V et Bateaux étaient au coude à coude et il semble bien que le lectorat de l’antique Bateaux se soit reporté à la longue sur « Voile Pratique » devenu « Voile Mag ». « De plus l’ensemble du gâteau s’est rétréci » ajoute Loïc. Ceci, sans doute en raison d’une baisse remarquée de la pratique de voile. « C’est sûr qu’en voile légère, il y a moins de pratiquants. En plus, il y a une concurrence du marché du loisir. Les contraintes sont lourdes en voile où le matériel est plus cher et il faut plus de structures que pour d’autres sports ».

Zapping de la pratique, zapping du lectorat

Un point de vue que partage Pierre-Marie. « La pratique a énormément évolué et s’est fragmentée. Auparavant, l’offre de pratique voile était assez réduite. Aujourd’hui, les gens sont plus spécialisés dans leur pratique de la voile quand ils ne s’émiettent pas sur plusieurs supports. » En parallèle à cette pratique multi disciplines des jeunes qui font aussi bien du croiseur que du monotype Monotype #sportboats de régate ou de la planche à voile et du surf Surf #Surf , ils vont zapper de médias en médias selon leurs activités du moment. Un effet bien remarqué encore chez V&V. « D’un mois sur l’autre, les variations étaient faibles d’un numéro à l’autre à l’exception des mois stratégiques. Maintenant, il y a des variations de 7 à 10000. Le lectorat est plus volatile. » Entre juillet 2007 et juin 2008 (voir ici), les diffusions totales du leader des mensuels ont ainsi varié de 55314 (mai 2008) à 71082 (août 2007) alors que ce numéro avait été tiré à 103000 exemplaires. Le plus grand « four » de V&V étant le numéro d’octobre 2007 tiré à 105000 exemplaires et diffusé à seulement 58521…

La concurrence du web influence aussi l’audience de la presse magazine. « On espère trouver dans internet une complémentarité qui solidifiera le papier » ajoute Pierre-Marie alors que V&V a attendu dix ans pour se lancer dans l’info en ligne. Mais avec une érosion de 1000 abonnés payants en un an, le leader ne peut plus contourner ce média quotidien. Avec son offre multi supports, il pourrait ainsi enrayer la baisse des abonnements et compléter le contenu du mag avec des essais en vidéo de qualité.

Au bilan, les chiffres de la presse magazine présentent une baisse de l’abonnement et une vente totale qui se stabilise (très très légère baisse) avec un effet zapping selon les numéros et peut-être selon le contenu des titres. Sur plusieurs années, ces chiffres sont aussi plombés par l’écroulement de Bateaux qui a multiplié les rédacteurs en chef et qui vient de refaire appel à Olivier Le Carrer (pas joignable au téléphone) pour relancer la machine. Quand on compare les couvertures des derniers numéros des mensuels, on voit qu’il y a du travail… Mais si Bateaux se relance, cela se fera-t-il au détriment des deux autres ? Et ce dans un marché où la concurrence du gratuit arrive avec le « Journal du Nautisme » du groupe Amaury (L’Equipe), officiellement tiré à 100000 exemplaires et bien sûr votre SeaSailSurf Mag West humblement distribué à 10000 exemplaires dans les ports de l’ouest de la France… Qu’en sera-t-il ? On verra dans un an avec les prochains tableaux de l’OJD !

Christophe Guigueno


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