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Vendée Globe • Imoca YesWeCam!

Jean Le Cam : "Ce Vendée Globe a été un truc de malade"

Friday 29 January 2021Redaction SSS [Source RP]

Grandiose ! L’arrivée de Jean Le Cam marquera l’hisoitre du Vendée Globe. Acclamé le long du chenal des Sables d’Olonne, Jean Le Cam vient d’en terminer avec son cinquième tour du monde en solitaire et sans escale. Après avoir dévoilé de gros problèmes structurels survenus sur son bateau "Hubert", qui auraient pu le mener à l’abandon, il a avoué ne jamais avoir vécu une course aussi difficile. Jean a mené une cadence incroyable sur un bateau d’ancienne génération. A contre-courant d’une nouvelle génération de bateaux à foils, il s’inscrit pourtant totalement dans la modernité : faire aussi bien avec des moyens limités et inspirer les plus jeunes. Durant toute la course, celui qui s’est porté au secours de Kevin Escoffier, a embarqué avec lui des millions de français. YesWeCam! n’a jamais aussi bien porté son nom !

Ce Vendée Globe aura été animé jusqu’au bout par le suspense. Pour Jean Le Cam, huit égale quatre... 8ème à avoir franchi la ligne d’arrivée, il est finalement 4ème au classement général. Après avoir secouru le skipper de PRB, Kevin Escoffier, le temps de parcours du skipper de YesWeCam! a été calculé après la bonification de 16h15 attribuée par le jury international du Vendée Globe. Avec un temps de 80 jours, 13 heures, 44 minutes et 55 secondes, il prend la 4ème place derrière Yannick Bestaven, Charlie Dalin et Louis Burton.

"Je n’ai jamais coupé une ligne comme cela de ma vie ! Je ne sais pas comment je suis arrivé là c’est une délivrance. Ce Vendée Globe a été un truc de malade."

A peine la ligne d’arrivée coupée, Jean Le Cam laissait promettre le récit d’une course dantesque.

La météo : A peine quatre jours après le départ, la flotte affrontait la dépression Thêta. Et ce ne fut qu’un enchainement de systèmes météo compliqués, qui ont malmené les bateaux et leurs skippers. En évitant rarement de contourner les systèmes météo, Jean a toujours affiché une trajectoire rectiligne, pour choisir la route la plus courte. Avec un bateau moins rapide que les favoris, dotés de foils, il était indispensable d’être pragmatique.

La performance : Si l’équipe YesWeCam! avait une bonne idée du travail réalisé durant deux ans, Hubert, nouvelle configuration, ne s’était jamais mesuré à ses concurrents avant la ligne de départ. Quatre jours après, Jean est en tête devant 32 concurrents. Il impressionne et confirme son leadership, sur ce bateau à dérives droites. Treize jours plus tard, il anime le top 5 au large du Brésil et ce n’est qu’un début : 4ème à l’Equateur, 6ème au Cap de Bonne Espérance, 6ème au Cap Leeuwin après avoir sauvé puis transféré Kevin Escoffier ; 5ème à franchir l’antiméridien, 7ème au Cap Horn...

Jean fait même l’admiration de l’anglo-saxon Alex Thomson (Hugo Boss) alors qu’il mène la flotte devant Alex une semaine après le départ : "Jean Le Cam est incroyable, incroyable ! "

Un sauvetage hors-norme : Le 30 novembre, alors qu’il est en 4ème position à 293 milles du leader, Charlie Dalin, il se déroute à la demande de la Direction de Course pour porter assistance à Kevin Escoffier, 3ème, 30 milles devant lui.

Après des heures de recherche et une nuit sous très haute tension, Kevin quitte son radeau de survie pour embarquer à bord de YesWeCam! La France reste en apnée durant des heures, à attendre un dénouement heureux. Le skipper devient le héros de tous les français, y compris du Président de la République. A 600 milles dans le Sud-Ouest du cap de Bonne-Espérance, Jean reprend sa course en solitaire, avec un passager rescapé, qui sera transféré 5 jours plus tard sur un navire de la Marine Marine Marine nationale Nationale Française. Jean reprend sa course en solitaire, non sans difficulté. Il faut retrouver la concentration

"Ca fait un changement de tout, tu passes du solitaire au double, du double au solitaire. Tu prends des habitudes, C’était super sympa, c’était bien."

Un bateau d’une fidélité inconditionnelle "Hubert m’ ramené et je l’ai ramené" : Dix jours après avoir repris la course en solitaire dans les 50èmes hurlants, Jean s’amuse de la régate à couteaux tirés qu’il anime avec Benjamin Dutreux, Boris Herrmann, Damien Seguin, Louis Burton. Un mois plus tard, Au sein de la régate au contact qui oppose 7 des 11 concurrents de tête, il est totalement dans le match.

« Cette nuit je suis passé à 3 milles de Damien (Seguin), heureusement qu’il avait son AIS, sinon on aurait vite pu se rentrer dedans. Un emboitage de 60 pieds, ça ne m’aurait pas vraiment plu ! C’est quand même une histoire Histoire #histoire incroyable qu’il soit à côté au milieu de l’océan Indien ».

Un bateau pour un solitaire, c’est comme un meilleur ami. Ils font route ensemble pour le meilleur et pour le pire, se préservent mutuellement. "Hubert" nom de baptême donné en mémoire du constructeur et ami de Jean, a été là jusqu’au bout, blessé, mais résistant.

24 heures après le départ de Kevin, "Hubert" est victime d’avaries importantes. Le bateau tape dans une mer difficile, le fond de coque se délamine."C’est chaud ce qu’on leur met aux bateaux. Si j’ai un problème, je peux me retrouver avec de l’eau dans le bateau" confie Jean à sa garde rapprochée. Le lendemain, Jean a perdu deux places mais ne perd pas de milles sur la tête de flotte.

Le 22 décembre, en 4è position, il franchit l’antiméridien... En une fraction de seconde, il passe du 180è degré Est au 180è degré Ouest. "Plus que" 178 degrés pour revenir aux Sables d’Olonne. C’est aussi ce jour-là que choisit la Ministre de la Mer pour lui annoncer qu’il est promu à l’odre d’officier dans l’ordre du mérite maritime.

Alors que la France prépare le passage d’une année à l’autre, Jean franchit le point Nemo, le point de la planète le plus éloigné de toute terre ferme.

"La mer n’est pas très rangée, c’est infernal".

La course prend alors une autre tournure, une nouvelle fois. Les réparations n’ont pas tenu, Jean constate de nouveau du délaminage à l’avant de la coque, au point d’envisager un arrêt, voire un abandon, à Puerto Williams (Chili) à 1600 milles de là... Les contacts sur place sont pris par son équipe et la Direction de Course, le capitaine du port, les professionnels, les amis sur place sont prêts à accueillir Jean dans les meilleures conditions.

"Tu serres les fesses à chaque fois et ça passe"...

Ou pas et puis ça passe, et ça repart. Jean ralentit, répare, utilise tout ce qu’il peut, démonte des cloisons, pour renforcer la coque fragilisée. ll est distancé par la tête de flotte mais il avance. En 3 jours, il perd 400 milles et franchit le Cap Horn 688 milles derrière le leader, Yannick Bestaven. Mais jusqu’à la ligne d’arrivée, Jean redoutait la sentence :

"Chaque heure je ne voulais plus aller devant. chaque vague tu te dis... Valait mieux pas que j’ouvre la vanne sinon je vais couler".

Le 4 janvier sonne comme une délivrance : Bien qu’il soit certainement le plus expérimenté du grand sud parmi les concurrents de ce Vendée Globe, il témoigne d’un environnement Environnement exécrable comme il n’en a jamais vu. Jean est soulagé de ce franchissement qui constitue une véritable frontière entre deux systèmes météo et vers un autre monde ; un monde un peu plus civilisé, un peu moins hostile. Il laisse la pointe du Chili dans son sillage et décide de poursuivre la course.

La remontée de l’Atlantique ne s’annonce pas si tranquille. Après une mer chaotique, Jean retrouve la chaleur, une mer plus rangée. L’air et l’eau sont à la même température, le soleil réchauffe enfin l’atmosphère. 7è ce dimanche matin, à la bordure d’un anticyclone.

Une semaine plus tard, c’est au tour de cette voile stratégique qu’est le J2, de faire preuve de faiblesse. Jean est contraint à l’ascension du mât, un exercice qu’il déteste."J’ai dû rester 45 minutes là-haut hier, j’ai des bleus partout parce que tu dois serrer très fort le mât pour ne pas donner de l’inertie dans le clapot. Je ne sais pas comment les marins peuvent monter au mât avec plus de mer, c’est de la folie. Je vais devoir remonter pour renvoyer mon J2 quand il sera sorti de l’atelier voilerie."

S’ensuit un gymkhana dans le pot au noir pour récupérer le régime de l’anticyclone des Açores au plus vite. Jean choisit la route des foilers pour éviter une mer trop démontée. Mais l’option n’est pas payante en terme de performance. Il perdu du terrain, a tendance à subir un peu la situation. Mais "Hubert" tient toujours.

Il apprécie toutefois les conditions

" Nous avons des conditions avec un ciel très étoilé au vent de travers, on est dans un reaching endiablé ! Je peux vous dire que si je mettais n’importe lequel d’entre vous à ma place dans les conditions que l’on vit, il partirait en courant et il prirait le bon Dieu pour qu’on lui mette 10 masques sur la figure... !!!"

Jean Le Cam 4e du Vendée Globe : Ses objectifs ? Finir premier des bateaux à dérives droites et faire rêver les gens. Mais c’est aussi

" partir pour que le public s’attache au projet Vendée Globe. C’est pour eux que l’on fait une course pareille, ce n’est pas que pour aller plus vite que l’autre."

Et faire rêver Jean l’a fait au travers de ses vidéos Clac, clac, clac, de ses blagues, de ses émotions aussi, lorsqu’il est monté dans son mât,ou lorsque Kevin Escoffier était à bord.

Le plus important dans cette course ?

"C’est que des jeunes, pour qui le Vendée Globe était devenu tellement inaccessible, se disent maintenant que c’est possible. C’est l’essentiel. J’ai donné aux jeunes générations l’idée qu’ils puissent faire le Vendée Globe avec des moyens limités. J’ai eu des témoignages de jeunes dans ce sens. Je suis content car on était parti dans une escalade budgétaire. C’est une vraie victoire."



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