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Solitaire Afflelou Le Figaro

Revue de parcours en quatre étape et 1373 milles

Caen - Portsmouth (GB) - Saint-Gilles-Croix-de-Vie - Gijon (Esp.) - Quiberon

dimanche 25 juillet 2004Information Solitaire du Figaro

Avec 1 373 milles au programme - de la baie de Seine à la baie de Quiberon - avec une traversée de la Manche et deux golfes de Gascogne au menu, le parcours de cette 35e Solitaire Afflelou Le Figaro - plus court qu’à l’habitude - n’en reste pas moins semé de pièges et d’embûches. Il recèle en tout cas tout ce qui fait la teneur et l’intensité de cette épreuve. Il conduira ainsi la flotte de chemins côtiers en sentiers océaniques, de Caen à Port Haliguen, en passant par Portsmouth, Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Gijon. De plus petite distance, mais de grande consistance assurément. Tour d’horizon...

Béyou, Le Cléac’h, Elies... entre autres favoris au départ de Caen
Photo : Ch.Guigueno / Pipof.com/voile

« Si la distance totale est plus courte qu’en 2003, la course sera tout aussi technique et difficile, détaille Denis Horeau, directeur de course. Il est en harmonie avec les standards et les formats des parcours antérieurs avec une succession de parcours côtiers et de traversées hauturières. Il est complet et complexe. Au total, 1373 milles de course qui devraient être « bouclés » en 10 jours et 10 nuits de mer environ. » Même son de cloche de la part d’Eric Drouglazet (Crédit Maritime-Zerotwo) : « Pas la peine d’y aller par quatre chemins, le parcours est périlleux comme pour toute Solitaire. Il y aura autant de difficultés à s’imposer sur les petites étapes, notamment la première, que sur les plus longues. »

« On peut le diviser en deux parties avec d’un côté les deux premières étapes très techniques et tactiques, avec le risque de voir de gros écarts se creuser aux arrivées, juge quant à lui Romain Attansio (Port Trébeurden), en partance pour sa 5e Solitaire. Et il y a les deux dernières, plus classiques. Mais ce ne sera pas moins facile ou tordu. »

Pour la jeune Australienne, bizuth et fraîchement débarquée dans le cercle des aficionados du solo, cette Solitaire Afflelou Le Figaro va être celle de toutes les découvertes : « Je connais bien le Solent et la Manche, mais je mesure aussi que je vais sillonner de nouveaux territoires. J’ai l’impression que les deux premières étapes seront très techniques. Il va falloir composer avec la nature, le vent et surtout tous les courants qui peuvent aller dans toutes les directions. Les deux dernières, plus au large, vont nous permettre de régater de bateau à bateau, ce sera plus stratégique. Et c’est ce que j’attends avec impatience. J’ai vraiment hâte d’y aller. Je suis plus excitée, que nerveuse ou inquiète. »

• 1re étape : Caen/Portsmouth - 160 milles 

Voilà sur le papier un vrai sprint avec, au premier coup d’œil, une simple transmanche en guise d’entrée en matière. Pourtant cette première étape peut se révéler très éprouvante pour les nerfs des skippers d’emblée mis à rude épreuve. D’abord lors de la remontée au nord-est jusqu’à la bouée Royal Sovereign, à quelques encablures des côtes anglaise (90 milles), puis sur le côtier qui doit les emmener ensuite jusque dans les eaux vertes du Solent (70 milles).

« C’est l’étape la plus piégeuse, elle est semée de passages à niveau. Elle peut être décisive pour la suite si elle se solde avec des gros écarts », estime Armel Le Cléac’h (Foncia-TBS). « Elle peut nous dérouler un scénario catastrophe si ça tamponne en approche des côtes anglaises. On peut passer du temps en mer et finir avec de gros écarts en heures, analyse Eric Drouglazet. Mais on n’en est pas là. Peut-être qu’elle favorisera ceux qui ont de l’expérience. Ce qui est sûr, c’est qu’il faudra garder des neurones pour l’arrivée ! »

• 2e étape : Portsmouth/Saint-Gilles-Croix-de-Vie - 463 milles

A peine débarquée, la flotte remettra les voiles pour longer les côtes anglaises jusqu’à Land’s End et le phare de Wolf Rock (191 milles) avant de replonger de l’autre côté de la Manche (117 milles) pour rejoindre les plages vendéennes en doublant Sein, la Pointe de Pen-Mach, Belle Ile, Noirmoutier et Yeu (155 milles). Une étape copieuse, dense et riche, avec des phases de transition qui ne laisseront pas le droit à l’erreur. « Elle sera cruciale, estime le bizuth Rodolphe Jacq (Skipper AG2R Prevoyance). Le long des côtes anglaises, bourrées de baies, il faudra tenir compte des courants et des effets de site. La flotte peut rapidement se diviser en petits paquets et mieux vaudra être dans le bon groupe à l’île de Sein. A l’arrivée de cette deuxième manche, beaucoup de choses pourraient être jouées. ». Même topo de la part de Charles Caudrelier (Bostik Findley) : « Cette étape est celle dont j’ai le plus peur. On part dans des conditions anticycloniques et il y aura au moins quatre passages de zones à courants forts. Ces passages à niveau seront d’autant plus dangereux que les coefficients sont assez élevés, 90 - 100. Cela peut vraiment être l’étape éliminatoire ! »

• 3e étape - Saint-Gilles-Croix-de-Vie/Gijon - 434 milles

Tout de go ensuite pour une manche taillée à la mesure des coureurs de fond, avec un premier côtier (75 milles) en ouverture jusqu’aux Birvideaux, via un chapelet d’îles. Il faudra ensuite « dégolfer » dans les règles de l’art, en tenant compte de l’anticyclone des Açores et de sa dorsale, pour rejoindre la bouée de Burela, tout à l’ouest des terres espagnoles (284 milles). Ce ne sera pas fini, loin s’en faut, et place ensuite à une balade en Galice, qui n’aura rien d’une partie de plaisir si une dépression orageuse s’en mêle. Kito de Pavant (Navy Lest) n’en doute pas : « Il y a toujours des pièges et le problème est de les localiser. On subodore néanmoins que l’atterrissage en Espagne est favorable aux mauvais tours. C’est une première sur la Solitaire, qui n’a jamais emprunté les abords de ces côtes escarpées. On verra bien, mais il faudra rester très vigilant alors que la fatigue s’accumule. »

• 4e étape - Gijon-Quiberon - 316 milles

En avant pour la dernière ligne droite. Façon de parler évidemment puisque qu’il faudra attaquer avec une traversée retour du Golfe, avec les mêmes embûches qu’à l’aller (261 milles). Route directe ou chemins détournés, l’heure sera aux options jusqu’à Pen Men au nord de Groix. Ultime sprint enfin, dernière régate de 55 milles jusqu’à la pointe sud de Belle Ile avant le bord déterminant qui conduira la flotte à port Haliguen. Au menu rase-cailloux et sautes de courant entre les îles, le tout « arrosé » d’ un bon zest de brises thermiques. Du tactique, dans leur jardin à tous en somme, qui promet un final haletant. « Là, ce sont des endroits où je navigue régulièrement et j’en connais bien les difficultés. S’il n’y a pas beaucoup d’écart au départ de l’Espagne, la Solitaire peut très bien se jouer dans les 15 derniers milles », complète Charles Caudrelier.

Qui verra Quiberon, verra alors le grand vainqueur de cette 35e Solitaire Afflelou Le Figaro. Aux détours de ce parcours, on mesure qu’il n’aura pas manqué de panache pour s’imposer à l’issue de ces 1 373 milles tous à haut risque !

Laure Faÿ



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