Rien n’aura pu arrêter la domination sans partage de Franck Cammas et de son équipage : sept manches, sept victoires ! Mais si le trimaran vert a confirmé qu’il avait le petit « plus » qui permet de se sortir des situations difficiles, il a toutefois été mis sous pression avec Gitana 11, mais aussi face à Banque Populaire et Foncia. Ce dernier, qui avait dû abandonner lors du tour de Corse pour cause d’écrasement du pied de mât (réparé vendredi et samedi à Ajaccio), démontre qu’il a du potentiel dans les petits airs. Quant à Géant, après un samedi noir, il indique ce dimanche qu’il n’a pas de problèmes de vitesse Vitesse #speedsailing puisqu’il revient par deux fois sur le podium. Pour Gitana 11, la journée de clôture est moins positive dans le petit temps, non pas pour des soucis de vélocité mais en raison de choix tactiques qui n’ont pas porté leurs fruits.

Il fallait en effet être particulièrement vigilant ce dimanche pour observer un plan d’eau complexe qui alternait les zones de calmes et les risées, en général venant de terre. Mais au ras de l’eau, anticiper sur le vent situé à plus de cinq cent mètres de distance n’est pas évident. Et comme il faut limiter au maximum les manoeuvres très pénalisantes par moins de cinq nœuds de vent, tous les équipages cherchaient à cumuler au maximum deux virements de bords au près et un seul empannage au portant.

Bref, les résultats de ce Grand Prix de Corse, le premier de la saison, ne surprennent pas outre mesure mais confirment quand même que Groupama-2 est « prenable ». Malheureusement pour ses concurrents, Franck Cammas ne fait quasiment pas d’erreurs, prend d’excellents départs (sauf le dernier), trouve tout de suite la vitesse Vitesse #speedsailing , opte pour des choix tactiques judicieux, effectue des manœuvres fluides et ne se laisse jamais déconcentrer. Derrière, un groupe de trois trimarans démontrent qu’ils sont très proches en vitesse et peuvent déstabiliser le leader s’ils se transcendent. Gitana 11, Banque Populaire, Foncia ne se départagent que par leurs capacités à s’imposer sur la ligne de départ, à bien négocier leurs près, à effectuer des virements de bords rapides : plusieurs fois, la hiérarchie a été bouleversé pour cause de marche arrière sur un virement, sur une option au large peu judicieuse à l’écart de la flotte, sur une mauvaise relance en sortie de manœuvre. Frédéric Le Peutrec a été plus à l’aise lors du tour de Corse et samedi, Pascal Bidegorry et Armel Le Cléac’h plus percutants dimanche dans le petit temps.

Quant à Michel Desjoyeaux, il a eu du mal à rentrer dans le match après son résultat en demi teinte lors du tour de Corse, et samedi restera dans sa mémoire comme une journée noire : difficulté de positionnement sur la ligne, tactique approximative, virements laborieux... Mais dimanche, l’équipage a incontestablement repris le dessus avec une aisance sur le plan d’eau, tant côté stratégie qu’en manœuvre, qui a tout de suite marqué des points. Les interrogations sur les modifications apportées au trimaran cet hiver doivent donc être en partie levées. Enfin, Giovanni Soldini a fait ce qu’il a pu avec un bateau un peu moins véloce car moins évolué que ses concurrents tandis que l’équipage des jeunes embarqués à bord de Gitana X a démontré qu’il peut jouer les trouble-fêtes en prenant de bons départs et en alignant une vitesse très proche du groupe de tête (hors Groupama-2), du moins dans le vent médium.

Au niveau du Championnat des Multicoques Orma, sur le cumul des points acquis lors de l’IB Group Challenge et pour le Grand Prix de Corse, Pascal Bidegorry confirme son leadership devant Michel Desjoyeaux, sous pression de Frédéric Le Peutrec, alors que Franck Cammas revient dans le match.

Grande victoire pour l’équipage de Groupama

Photo : G.Martin-Raget

Franck Cammas (Groupama-2) : « Le grand chelem était un bon objectif à atteindre ! Groupama-2 va vite, c’est certain, particulièrement dans les phases de transition, dans les manœuvres. Le bateau est très évolutif et nous commençons à bien le connaître : il est agréable à régler, plus facilement aussi parce qu’il est plus léger et que le cockpit est bien conçu. Aller vite rend intelligent pour se sortir du paquet et appliquer la tactique que nous avions choisie avant le départ. »

Frédéric Le Peutrec (Gitana 11) : « Groupama-2 avait une aisance dans tous les compartiments du jeu Jeu #jeu , aussi rapide que bon : cela rend le match difficile pour les autres ! Dominateur, nous le savions et ils ont bien navigué. Mais il a la vitesse car lorsqu’il se fait sortir au départ de la première manche de dimanche, il revient aux avant-postes en cinq mètres après avoir fait un tour sur lui-même... Le bilan est bon pour Gitana 11 : malgré quelques modifications d’équipage, on s’est bien trouvé et le résultat est très satisfaisant. »

Pascal Bidegorry (Banque Populaire) : « Nous avons bien travaillé pendant la semaine mais nous manquons encore d’entraînement : l’équipage se découvre et découvre le bateau. Nous progressons à chaque sortie et ce dimanche, nous finissons deux fois deuxièmes... Il faut que nous arrivons à gratter Gitana 11 mais Banque Populaire est polyvalent et a du potentiel pour terminer... second ! »