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33e Coupe de l’America

La victoire dans le Match 1 d’USA 17 en images

Retour sur la large domination du trimaran noir sur le cata Alinghi V

vendredi 12 février 2010Christophe Guigueno

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C’est un superbe match que les deux grands multicoques ont offert au large de Valence pour cette 33e Coupe de l’America. Vainqueur de la phase de départ avant de rester coincé au vent de la ligne, USA 17 a dû laisser s’échapper Alinghi V marqué par une pénalité avant de revenir dans son sillage et, irrémédiablement, le dépasser puis l’écraser. Le trimaran ailé a largement battu le catamaran blanc. Revanche dimanche ?

14 heures : 6 noeuds de vent

Les bateaux sont sur la zone de départ.Le comité mouille son parcours. A 14h29 l’Apeçu est affalé. A 14h36 USA 17 s’élance tribord (photo) et file sur Alinghi qui avait perdu le toast.

14h36 : Alinghi prend une pénalité

Alinghi vire de bord. Mais les suisses bloquent USA 17 qui a réussi à le pousser à la faute (photo). Le jury impose à 270 à Alinghi qui patiente tribord amure et se relance à 1 minute du départ alors qu’USA17 reste immobile. Les Américians ne peuvent reculer car Alinghi est déjà lancé sous la ligne de départ et file sur une coque bâbord amure.

14h38 : Alinghi prend le meilleur départ

Les Suisses s’échappent et USA doit reculer pour revenir sur la ligne puis repartir. Les Américains ont 400 mètres de retard et coupent la ligne 1’27’’ après les Suisses. A 14h42 les Américains sont enfin sur une coque. Alinghi mène mais on voit de suite que le cap d’USA 17 est meilleur.

14h55 : USA17 prend la tête

Dix-sept minutes après le départ, USA 17 est revenu au niveau d’Alinghi V. Le trimaran noir fait plus de cap que le catamaran blanc. Il est légèrement plus rapide et surtout, il maintient mieux sa coque centrale en dehors de l’eau ce que peine à faire Alinghi pour sa coque au vent.

15h25 Alinghi vire

Les Suisses quittent le bord qui mène à la côte pour aller vers le large chercher la layline bâbord. USA 17 va virer à son tour pour le contrôler. L’avance du trimaran croît encore.

16h09 : USA 17 à la bouée au vent

Alinghi V enroule la bouée 3’21’ après USA 17. Les Suisses ont alors 1570 mètres de retard. Ils envoient le genaker et filent bâbord amure vers Valence. Les question du moment est de savoir si le catamaran pourra mieux descendre dans le vent pour combler son retard.

16h35 : USA17 incontestable

La réponse arrive vite : dans 8 noeuds de vent, les deux bateaux se sont élancés à 21 noeuds avant qu’USA n’accélère, glissant sur son flotteur sous le vent. Le trimaran noir fait même des pointes à 27 noeuds et garde 3 noeuds de vitesse Vitesse #speedsailing d’avantage sur le catamaran blanc.

17h13 : Victoire d’USA17

Après deux heures et demie de course, les Américains reportent le premier match de cette 33e Coupe de l’America. Les Suisses franchissent la ligne d’arrivée 8 minutes plus tard avant d’effectuer leur pénalité puis d’être rappelés par le comité de course. L’écart final officiel est de 15’28’’.


Voir en ligne : Photo Gilles Martin-Raget / www.martin-raget.com


Déclarations à l’issue de la manche 1

James Spithill, skipper et barreur, BMW ORACLE Racing : « Le départ était vraiment excitant. Nous étions en position de force. Nous avions déjà pensé plusieurs fois à cette situation et comment nous pourrions leur infliger une pénalité. J’ai donc poussé dans ce sens à la barre. Nous étions en position de contrôle mais avec le temps qui s’écoulait, nous nous sommes retrouvés coincés. Je voudrais dire bravo à Alinghi, ils ont fait un super « job » pour se sortir de cette position difficile.

Evidemment, cela nous a aussi obligé à ralentir le bateau. Nous avons ensuite eu un souci avec un winch (lorsque USA était arrêté au-dessus de la ligne) mais le problème venait d’abord de moi. Nous étions trop proches d’Alinghi et peu manœuvrants, l’équipage a vraiment bien réagi. Nous avons encore beaucoup à apprendre. Il est évident qu’aujourd’hui nous n’étions pas au niveau de régate auquel nous sommes habitués dans ce genre de compétition mais c’était un départ intéressant, avec de l’action.

Dans cette campagne, nous nous sommes entraînés seuls et c’est le cas pour les deux équipes. Nous avons plus appris aujourd’hui que sur des mois de navigation. » 



Russell Coutts, directeur de l’équipe et membre de la cellule arrière, BMW ORACLE Racing : « C’est le premier jour d’une série de matchs. Il ne faut pas faire de conclusions trop hâtives. C’était beau à voir de là où j’étais (sur un semi-rigide). Les garçons ont très bien navigué et ont fait peu de fautes. Nous avons eu quelques problèmes au départ mais cela arrive sur ces bateaux. Nous étions très satisfaits de notre position. 

Demain est une nouvelle journée dans une campagne où vous devez toujours travailler pour progresser.

Dimanche, la configuration sera totalement différente, le parcours (triangle équilatéral de 13 milles de côté), la météo sûrement, rien n’est acquis ce soir, nous avons gagné le premier point mais nous restons concentrés sur l’objectif pour en gagner un second. »

Larry Ellison, propriétaire et membre de la cellule arrière, BMW ORACLE Racing : « Jamie (Spithill), les marins, les designers, l’ensemble de l’équipe à terre, tout le monde a fait un brillant travail. Je ne peux pas être plus fier aujourd’hui. 

Ce vendredi, les conditions étaient trop légères pour que je reste à bord pour la manche. Nous sommes au minimum du poids de l’équipage avec ce vent et nous verrons bien ce que nous aurons dimanche.

Ce n’est pas la plus belle journée de ma vie dans l’America’s Cup (en référence aux dix années écoulées et ses trois campagnes), c’est tout simplement ma première (en référence au fait que c’est la première manche qu’il court dans l’AC Match.) »

Ernesto Bertarelli, président et barreur, Alinghi : « Le vent a changé après le départ. De 6 nœuds, nous en avons eu rapidement 12 et nous n’étions pas bien toilés. Nous avons dû changer de voile d’avant, ce qui nous a ralenti, et de manière générale nous n’avions pas les bonnes voiles pour la force de vent sur l’ensemble de la manche.

Nous allons nous réunir demain afin de préparer la manche de dimanche. Nous ne construirons pas une aile dans la nuit mais nous avons beaucoup d’outils (voiles, dérives) pour configurer le bateau au mieux et être plus rapides dimanche. Nous n’avons aucune raison de changer l’équipage qui sera vraisemblablement le même dans 48 heures. 



Nous devions régater face un sloop (selon les termes du Deed of Gift, texte fondateur de l’America’s Cup) et nous combattons un bateau avec une aile. Nous n’avons fait qu’une régate. Nous en aurons une seconde dimanche et nous ferons tout pour en courir une troisième mardi et remporter deux points. Le vainqueur sur l’eau, sera le vainqueur de la 33e America’s Cup.

Je n’ai pas de frustration. Nous avons donné tout ce que nous pouvions. Avec la place que j’occupe, avec l’équipe qui m’entoure et avec ces dix années de campagnes dans l’America’s Cup et deux victoires, je ne peux pas considérer cette journée comme une mauvaise journée, je ne peux pas me plaindre. Je peux juste penser à dimanche et faire en sorte que ce soit une belle journée.

A la barre, j’ai été surpris des conditions de vent que nous avons eues. Le bateau était toilé pour des conditions plus légères et n’était pas facile à mener, d’autant qu’il y avait des bouffes d’air et que le vent était très variable. BMW ORACLE Racing était plus stable que nous dans ces conditions. »

Brad Butterworth, skipper et tacticien, Alinghi : 

 « Au départ, nous pensions avoir fait ce qu’il falliait (pour éviter USA), mais ce n’était pas suffisant. Cela n’a pas eu d’impact sur le résultat du match. Ces arrêts et redémarrages ont été très intéressants, en avant comme en marche arrière, quelque chose que nous n’avions jamais fait en multicoques auparavant.

Ils nous ont montré la vitesse à laquelle leur bateau peut aller. Ils ne pouvaient pas couper la ligne de départ dans une pire position et se sont vite retrouvés dans une solide position de force. S’ils naviguaient derrière nous et qu’ils se sont retrouvés comme cela devant nous, c’est qu’ils avaient la vitesse. Ils nous ont mis dans une position difficile. Avec ma carrière, je peux vous dire que les courses dont on apprend le plus sont celles que l’on perd. »

Rolf Vrolijk, directeur du design team, Alinghi : « Oui, c’est surprenant, nous nous attendions à moins de vent mais il y a eu plus de pression que prévu et ils (les américains) se sont envolés. Ils sont rapides et font un excellent cap. Nous ne pensions pas qu’en si peu de temps, ils arriveraient à apprendre à manier l’aile de la sorte. Si nous avions eu les conditions que nous souhaitions, nous aurions surement été plus compétitifs. Nous n’avons pas encore vu ces bateaux au reaching (vent de travers comme ce sera le cas sur le parcours en triangle) et nous débrieferons demain pour nous préparer au mieux pour dimanche. »

- Source www.americascup.com


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