Mini-Transat
Gwénolé Gahinet : "Mon abandon dans la Mini Transat 2013"
Le récit de son sauvetage au large des côtes portugaises
dimanche 24 novembre 2013 –
Gwénolé Gahinet aspirait à réaliser un doublé inédit sur la Mini Transat en accrochant une seconde victoire en prototype cette fois, après son titre en série en 2011. Malheureusement, le 14 novembre au soir, le pallier de quille arrière de Watever-Logways lâche…. et c’est à ce moment-là, une toute autre aventure qui a commencé pour le skipper du numéro 800…
Que faire ? et dans quel ordre ? se mettre en combinaison de survie ? préparer le radeau ? déclencher la balise de détresse ? appeler à la VHF ?
Toutes ces questions se bousculent dans ma tête et ce n’est pas évident de faire le tri.
Je décide de demander assistance car ça ne me semble pas raisonnable de continuer tout seul à la voile vers un abri mais je ne veux pas lancer de signal de détresse parce que je veux attendre un bateau accompagnateur pour pouvoir discuter de mon problème et éventuellement être évacué.
J’appuie sur le bouton « assistance » de la balise fournie par l’organisation de course, le directeur Denis Hugues sera normalement au courant et pourra détourner un des sept bateaux accompagnateurs de la course. J’essaye aussi de joindre quelqu’un sur le canal VHF de la course mais personne ne répond donc je passe sur le canal 16 et lance un « PAN PAN » avec ma position pour que quelqu’un soit au courant de la situation. Un cargo russe me capte et je lui donne le numéro de téléphone de la direction de course pour qu’il prévienne Denis, j’essaye aussi de lui expliquer mon problème mais ce n’est pas évident et ça se résume après quelques échanges à « keel broken ».
J’enfile ma combinaison de survie.
Le cargo me dit qu’il a appelé mais n’a pas plus d’infos sur la venue d’un bateau accompagnateur. Il appelle aussi le MRCC Portugais.
30 minutes plus tard il s’approche à moins de 100m et je comprends qu’il manœuvre pour venir me récupérer. Un cargo de 180m de long et de 10 m de haut c’est vraiment impressionnant quand on est sur un mini qui fait 6,50m et 1 tonne.
La houle fait rouler le cargo et j’imagine déjà ses 10 mètres de franc-bord en train de broyer mon bateau avec moi au milieu qui essaye de récupérer une échelle de corde, ça ne me plaît pas du tout !!
J’envoie le génois pour m’éloigner et lui explique que je trouve ça trop dangereux, je préfère attendre un bateau accompagnateur, pendant 6h s’il le faut et lui demande de rappeler l’organisation de course, la discussion est difficile et je n’arrive pas à bien comprendre ce qu’il compte faire.
Le cargo recontacte le MRCC et c’est finalement le « Jamaica », un bateau de pêche portugais qui est dérouté, il arrive une heure et demie plus tard. Cette fois ça va être difficile de refuser l’évacuation car j’imagine que les bateaux accompagnateurs ont peut-être d’autre chats à fouetter et ne peuvent pas venir m’aider.
En attendant je prépare le radeau, la balise et le bidon de survie dans le cockpit, le bateau est balloté par les vagues et j’ai un violent mal de mer, je vomis et dors un peu.
Voir en ligne : Info presse www.gwenolegahinet.com