Vendée Globe

Arnaud Boissières : "je rêve d’être à nouveau dans quatre ans au départ"

Le skipper de La Mie Câline se classe dixième et boucle le parcours en 102 jours, 20 heures et 24 minutes

vendredi 17 février 2017Redaction SSS [Source RP]

Une foule é-nor-me, un soleil radieux, un skipper ému mais déjà déterminé à y retourner… Il y a des matins comme ce vendredi aux Sables d’Olonne, qui confirment que le Vendée Globe est une formule magique. Second après Armel Le Cléac’h à terminer trois fois consécutivement ce tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance, Arnaud Boissières confirme qu’il est un grand marin. Le skipper de La Mie Câline entre ainsi dans l’histoire et promet qu’elle ne s’arrêtera pas là.


« Et un, et deux, et trois Vendée Globe ! »

Des milliers de petits drapeaux jaunes s’agitent pour accompagner ce slogan qui sonne comme une évidence entre les quais de Port Olona. La Mie Câline vient de faire son entrée à 10 heures dans ce chenal quitté 102 jours plus tôt, sous un soleil printanier. A l’étrave ou perché sur le balcon avant, Arnaud Boissières lève tantôt les poings, enfile des gants pour allumer de nouveaux feux de bengale et se frotte les yeux. Oui, les quais sont noirs de monde. Les conditions – vacances scolaires et soleil - sont certes idéales mais Cali confirme encore une fois qu’il est bien le chouchou des Sablais. Sur le ponton, Jacques Caraës, le directeur de course, confirme « qu’il n’a jamais vu autant de monde, même pour les premiers ! » Micro à la main, Arnaud rend hommage à ce public qu’il redoutait moins nombreux : « Mon arrivée était incertaine. Ça devait être hier soir, ce matin, encore hier soir, finalement ce matin. Et puis, je fais 7e à mon premier Vendée, 8e au deuxième, là dixième, les gens auraient pu se dire « ras le bol ». Franchement, vous me mettez sur le c… » déclarait manifestement ému le skipper sur le podium une fois son IMOCA amarré. Hirsute, toujours en short, bottes et collants polaires, le marin pouvait savourer « cette journée récompense qui ne doit pas faire oublier les galères ». Retour en quelques mots clés sur ces 102 jours de mer.

Consécutifs : Arnaud est le second marin après Armel Le Cléac’h à terminer trois Vendée Globe consécutif. Quelques statistiques pour éclairer la valeur maritime de cet exploit : Sur les 92 skippers qui ont couru depuis 1989 au Vendée Globe, 19 y ont participé au moins trois fois. Parmi eux, seulement quatre (Dominique Wavre, Jean Le Cam, Mike Golding et Jean-Pierre Dick) ont été classés trois fois. Auxquels s’ajoutent donc Armel et Arnaud qui signent cette performance de manière consécutive.

Performance : « C’est ma plus mauvaise place en trois participations. Mais je vois cette dixième place comme une victoire. Une victoire de la ténacité et aussi une victoire collective. Celle de mon équipe et de mes partenaires qui ont cru en moi alors que ce projet a démarré très tard ».

Avaries : « Ce qui est dur, c’est lorsque les avaries surviennent à répétition. Le doute s’installe, tu navigues moins bien, tu freines… Je n’ai pas honte de dire que j’ai pleuré de rage, notamment avec l’histoire des chariots de grand-voile. C’est de ma faute, c’était à moi de prendre la décision avant le départ de les changer et d’y affecter un budget. C’est comme la trappe de ballast, je m’en veux aussi. En tout, j’ai affalé cinq fois la grand-voile, à chaque fois dans des conditions dures. A chaque fois, je ne me sentais pas capable physiquement de le refaire. Alors, quand tu y arrives et que tu vois qu’en plus ça fonctionne, c’est comme un arc en ciel ».

Superstition : « Je ne l’ai pas dit avant le départ, mais depuis le Vendée Globe 2013, je n’avais pas terminé une seule course. Abandon en Class40 dans la Route du Rhum, abandon sur la Transat Jacques Vabre en IMOCA. Et puis ce bateau, La Mie Câline, qui avait été fait pour Jean-Pierre Dick en 2008 n’avait jamais terminé un Vendée Globe. C’est aussi pour tout ça que je ne voulais pas abandonner ».

Cap Horn : « Je sais que j’ai envoyé une vidéo où je faisais la g… et que certains n’ont pas compris. Mais en mer, tu ne peux pas fêter le cap Horn comme tu le fais à terre. Je sortais d’une phase difficile, je m’étais fait doubler, et je savais qu’il y avait encore une dépression devant. C’est un moment de la course où j’étais fatigué, très tendu, avec la boule au ventre. »

Ange gardien : « J’ai hâte d’aller accueillir Fabrice, il a été un peu mon ange gardien pendant la moitié du tour. On n’avait aucune raison de devenir amis mais c’est vrai qu’on a beaucoup échangé. J’ai apprécié sa franchise, je lui ai dit mes avaries, lui les siennes. On a discuté comme deux êtres humains ordinaires plutôt que comme deux voileux et ça fait du bien ».

Foilers : « L’évolution m’inspire beaucoup de confiance … et de l’envie bien sûr. De la confiance parce que ils ont finalement très peu cassé. De l’envie parce que c’est l’avenir. Mais refaire un Vendée Globe sur un foiler acheté un an avant le départ, non. Il faut construire une vraie campagne, se donner le temps d’apprendre à naviguer sur ces bateaux, de casser, de faire évoluer. Dans ces conditions, je rêve d’être à nouveau dans quatre ans au départ »

Paternité : « Ça a été un poids, une pression supplémentaire. C’est aussi très dur pour ceux qui restent, j’en ai conscience. Je crois qu’on ne refera pas d’enfant avec Julia à 1 mois d’un départ de Vendée Globe ! »


Voir en ligne : Info presse www.lequipedarnaud.fr


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