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Charles Caudrelier : "Il est trop tôt pour se mettre la pression"

" Les trois prochaines étapes vont faire des dégâts"

mercredi 4 février 2015Information Volvo Ocean Race

A quelques jours du départ vers Auckland, Charles Caudrelier, skipper de Dongfeng Race Team, fait le point sur l’étape à venir, sur son nouveau statut de leader ainsi que sur les changements au sein de l’équipage franco-chinois. Rencontre.


Comment se présente cette quatrième étape ?

La quatrième étape, pour moi, c’est la dernière étape un peu tordue, compliquée, de cette course. Elle n’est pas facile. La première partie entre la Chine et les Philippines est assez courte. Il faut sortir de la mer de Chine, souvent au près. Il y a souvent beaucoup de vent, beaucoup de courants. C’est une partie qui peut être difficile physiquement. Ensuite, on a un choix à faire très tôt et qui n’est pas évident. Il faut décider où l’on va passer l’équateur alors qu’on ne le franchit qu’au bout de dix jours. Le vent peut vite changer. On a navigué avec l’équipe chinoise par là pendant l’hiver dernier et on a bien vu en descendant vers l’équateur qu’il y avait de grosses modifications de vent, souvent des petites dépressions tropicales qui viennent perturber les choses. On doit faire des choix très tôt et ce n’est pas évident. On n’aime pas ça.

J’espère qu’on sera assez groupés pour rester ensemble. Très vite il peut y avoir des bateaux qui partent et qui créent des écarts. Après, c’est très difficile de revenir. Ensuite, on passe l’équateur. Il est plus facile à passer là qu’à d’autres endroits. Plus on sera à l’est des îles Salomon, plus il sera facile à passer. Ensuite, on va attaquer l’hémisphère sud et là, les cas fréquents, c’est souvent du près jusqu’à Auckland ou alors, si on est chanceux, on peut avoir une dépression qui sort de l’Australie qui apporte du vent portant qui peut nous faire gagner du temps. Mais les statistiques de vent donnent entre 18 et 25 jours pour arriver à Auckland. Ensuite, on va arriver sur des schémas plus classiques où on peut vraiment faire de la stratégie. Là, il faut un petit peu de réussite. On en a eu beaucoup jusqu’à maintenant, espérons que ça continue.

Est-ce que la pression augmente avec votre place de leader ?

Il est trop tôt pour se mettre la pression. On a fait trois étapes, il en reste six. Pour moi, on attaque la partie difficile de la Volvo Ocean Race. Les trois prochaines étapes vont faire des dégâts. Au niveau des points, au niveau des équipes, au niveau de la fatigue, au niveau de l’ambiance. C’est là qu’on va voir les équipes solides. Il faudra rester uni. Je ne m’attends pas à traverser cette Volvo sans rencontrer de problèmes. Je pense que traverser une Volvo sans aucun souci, ça n’arrive pas. Pour l’instant, tout se passe bien pour Dongfeng Race Team mais c’est là qu’on va tester la solidité de notre équipe. J’insiste beaucoup sur ça auprès de mes équipiers. Tout le monde est content, on est bien mais tout le monde commence à être fatigué et les coups durs vont être de plus en plus durs à accepter.

La pression, je n’en ai pas. Nous sommes des outsiders, on est un projet qui n’est pas là que pour gagner. Nous sommes là pour faire autre chose à côté et c’est ce qui me plait dans ce projet. Justement, je n’ai pas uniquement cette pression du résultat. Evidemment, on veut faire le mieux possible et gagner si l’on peut mais la pression pour moi, elle est sur Abu Dhabi, elle est sur Brunel. Tout ce qui nous arrive est génial et si on perd une place ou deux, c’est presque normal par rapport à la nature de notre projet.

Quelle importance accordez-vous aux In-Ports ?

L’In-Port, au début on se disait que ça n’allait pas être très important. On voulait se concentrer sur les parcours offshores. Pour moi, l’In-Port était intéressant uniquement pour essayer de travailler les manœuvres. C’est pour ça que j’ai quand même passé du temps à préparer ça. On se rend compte que les points sont très serrés. On est quasiment à égalité avec trois bateaux. La différence va peut-être se faire sur les inshores. On a du retard car on a mal démarré. Nous sommes bien entraînés, maintenant, ça va très vite. Sur ces petits parcours, notre manque d’expérience globale est un peu pénalisant mais c’est une fausse excuse. Si on n’a pas réussi pour l’instant, c’est plus ma responsabilité. Mes départs n’ont pas été très bons. Il faut que je sois meilleur là-dessus. Je n’ai pas un passé de skipper-barreur comme Ian Walker ou Bouwe Bekking. Je suis moins fort qu’eux de ce côté-là. Il faut que je travaille là-dessus. Que je sois plus concentré.

Pourquoi Pascal Bidégorry est-il absent sur cette étape ?

Parce qu’il n’a pas été sage ! (rires). Nous avons prévu que chaque membre de l’équipage fasse relâche sur une étape, sauf moi, bien entendu. Pourquoi ? Parce que j’ai l’expérience de la dernière édition et j’ai bien vu qu’à chaque fois qu’on amenait quelqu’un de frais, cela apportait quelque chose. Je pense aussi que notre projet est plus compliqué que les autres car nous sommes partis de très loin avec les Chinois. Ça fait un an qu’on n’a pas arrêté. Nous sommes usés je pense donc je veux garder de la fraicheur.

Pourquoi avoir choisi Erwan Israël ?

Erwan Israël était à bord de Groupama en tant qu’équipier de moins de 30 ans. C’est quelqu’un d’extrêmement brillant en qui j’ai une entière confiance. Pour moi, c’est la nouvelle génération. C’est le mix entre mes qualités et celles de Pascal. Il a mon côté cartésien et il a aussi la sensibilité de Pascal. Je suis sûr qu’il va réaliser un travail fantastique au sein de l’équipe.



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