Vendée Globe • Imoca Holcim-PRB

Nicolas Lunven, 6e aux Sables d’Olonne : "j’ai beaucoup appris pendant ce Vendée Globe"

samedi 25 janvier 2025Redaction SSS [Source RP]

Alors qu’il a remonté le chenal des Sables d’Olonne aujourd’hui à 12h30, Nicolas Lunven revient, à chaud, sur ce qu’il vient de vivre pendant 75 jours d’une course intense. Des situations météo, au comportement de son Holcim-PRB, jusqu’aux problèmes techniques, le skipper a détaillé, juste après avoir mis pied à terre, ce qui fait du Vendée Globe une course si singulière. Il vient de réaliser son rêve et c’est les yeux encore mouillés d’émotions qu’il s’est exprimé.


Sur la confrontation permanente avec les adversaires :

« Avoir des adversaires à proximité, c’est forcément usant car c’est une course longue. Il y a des moments où tu aimerais souffler mais tu sais qu’il y a un concurrent pas loin qui lui ne va pas souffler. Il faut toujours remettre du charbon, de la toile quand ça mollit. Mais c’est aussi extrêmement stimulant, c’est motivant. Ça permet de ne pas s’endormir dans une forme de routine, de ne pas s’ennuyer. Même s’il y a eu des moments difficiles, je n’ai pas trouvé le temps long. Pendant quasiment toutes les mers du sud, nous étions bord à bord avec Jérémie. On ne s’est pas mis d’accord pour naviguer bord à bord comme certains l’ont imaginé (rires). C’est comme ça que ça s’est fait. On s’est tiré la bourre. C’était motivant. J’ai trouvé ça plutôt sympa. Je n’ai pas été surpris de l’intensité de la régate vu le plateau au départ. Et tant mieux car c’était super ! »

Au sujet du début de course :

« J’ai été surpris par le record. Car je n’étais pas du tout dans la perspective de battre le record de distance parcourue en 24 heures. D’ailleurs quand mon équipe me l’a appris, je n’ai pas compris de quoi elle parlait au début. C’était stimulant en tout cas. Au début de la course, nous avons eu vraiment une super bagarre avec beaucoup de bateaux, c’était très riche au niveau de la compétition. C’était super de pouvoir jouer aux avant-postes, je me suis vraiment éclaté sur la descente de l’Atlantique. C’était vraiment génial ! »

Les mers du sud :

« Je n’ai pas eu énormément de surprises concernant les mers du sud car j’avais déjà eu l’occasion d’y aller pendant mes Volvo Ocean Race. Je savais à quoi m’attendre. C’était en équipage et pas forcément en IMOCA. La nouveauté cette fois, c’était d’être tout seul mais j’ai déjà navigué beaucoup en solitaire. Donc au final, en cumulant tout cela, je n’ai pas eu d’énormes découvertes. Par contre, quand tu as des galères, tu te dis que ça serait super d’avoir des petits copains à bord. »

Le bateau Holcim-PRB :

« En bateau, on apprend toujours. Donc j’ai beaucoup appris pendant ce Vendée Globe. D’abord j’ai appris à me servir du bateau, au niveau de la performance. Toute la bagarre sur la première partie de course en tête de flotte était très stimulante, il fallait être sur les réglages. Ça m’a aidé dans le maniement du bateau. Et puis après, il y a plein d’autres choses à apprendre. J’ai bricolé des trucs que je ne savais pas trop faire. Je me suis retrouvé à faire de la soudure, du composite, … Je n’ai pas eu d’énormes galères techniques mais, un peu comme tout le monde, il y a une somme de petites bricoles qui t’arrive au jour le jour. Comme dit Michel Desjoyeaux, le Vendée Globe c’est une galère par jour. Mais il ne précise pas qu’une galère par jour, ce sont les bonnes journées (rires). Quand il est 8 heures du mat et que tu en es déjà à trois galères, tu te dis que la journée va être longue. »

Sur les conditions par rapport à celles des premiers :

« Globalement depuis le Cap Horn, nous avons fait beaucoup de près. Quand on a fait du portant, c’était dans 50 nœuds donc ce n’était pas forcément plus agréable que le près. C’est vrai, les conditions n’ont pas gâté notre groupe. Parfois il y a des conditions défavorables à la performance parce que ça ne va pas trop vite donc les bateaux de devant s’échappent et ceux de derrière reviennent. Mais ça peut rester des conditions agréables, maniables. Et puis, il y a les conditions que l’on a eu la dernière semaine. Là, c’est une autre catégorie ! Depuis lundi, nous avons enchainé les coups de vent avec du vent très fort, une mer hyper violente. Ce n’est vraiment pas agréable de naviguer dans ces conditions car tu as l’appréhension de casser du matériel. Et puis, la vie à bord ne devient pas marrante. À chaque vague, tu te dis que le bateau va s’ouvrir en deux. Je suis allé voir ce matin à l’avant et il y a un peu tout qui se décolle. Il était temps que ça se termine. C’est le genre de navigation que je n’apprécie pas forcément. Je n’ai jamais rencontré des conditions de navigation comme nous avons eues cette dernière semaine. Et puis, ça a duré longtemps. On a enchainé trois dépressions en cinq jours. »

Les problèmes techniques :

« J’ai la tête de mât qui s’est arrachée après les Malouines, un peu après le Cap Horn. J’ai eu deux-trois jours de galère pendant lesquels j’ai été privé d’informations cruciales. Je n’avais plus d’informations de vent et les conditions de navigation étaient mauvaises. Mais j’ai quand même réussi à bricoler un système. Ça ne m’a pas pénalisé tant que ça car ça faisait le job. Par contre, j’ai perdu du temps face à Paul Meilhat mardi car j’ai une galette de J3 qui a explosé. C’est une partie qui permet d’enrouler la voile. J’ai sorti la caisse à outils. Après Paul a eu une météo un peu plus favorable que moi donc je n’avais plus la possibilité de revenir. »

Le Vendée Globe :

« Un Vendée Globe, ce n’est pas toujours facile. Il y a eu de très beaux moments, des moments merveilleux pendant la course, mais aussi des moments plus difficiles. Toute cette aventure, tout ce projet, … il y a l’avant, toute la préparation, qui a été très intense pour nous car elle a été très courte. Nous avons récupéré le bateau en septembre 2023, un peu plus d’un an avant le départ. Nous avons reconstruit une équipe, réussi à être sur la ligne de départ, dû nous qualifier, nous préparer, terminer la course. Alors, être de nouveau réuni avec tout le monde, c’est tellement bon après 75 jours en solitaire. Oui, cette arrivée est un moment incroyable, je suis vraiment, vraiment heureux. C’était un rêve de gosse de participer un jour au Vendée Globe et je viens de le réaliser. »


 Communiqué Effets Mer / TEAM HOLCIM-PRB

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