Il fallait l’attraper pour grimper dans l’ascenseur et en finir au plus vite avec le parcours côtier de 100 milles avant la grande descente au large vers la capitale des Asturies. Cette nuit, le vent a donné un franc coup de barre à gauche, propulsant les solitaires partis à la conquête de l’ouest, au nord et au dédale des îles qui balisaient leur pèlerinage. Yeu, Noirmoutier, Hoëdic, Houat… Belle Ile, Armel Le Cléac’h (Créaline) était alors le premier à se hisser en tête et emmenait la flotte à la pointe de Quiberon.

La première nuit en mer marquée par de bonnes vitesses montrait alors que Kito de Pavant (Malice) et Philippe Vicariot (Thales) s’accrochaient et faisaient des merveilles en tête. Toujours dans le coup les deux skippers les plus en vogue depuis le coup d’envoi de la Solitaire du Figaro Solitaire du Figaro #LaSolitaire  ! Pour d’autres en revanche, ce n’était déjà pas la même histoire Histoire #histoire . La bascule loupée et il ne leur restait plus que les yeux pou régler les voiles au près et regarder les autres prendre la poudre d’escampette. C’est ce qu’on vécu Eric Drouglazet (David Olivier) et Gildas Morvan (Cercle Vert) qui misaient pourtant gros au départ de cette troisième étape. Certes, rien n’est encore joué et les mauvais tours de la météo capricieuse par les temps qui courent peut encore redistribuer les cartes. Notamment à l’approche de Gijon, réputée pour être le théâtre d’atterrissages périlleux quand la mistoufle ou la pétole s’en mêle. Mais des premiers écarts sont établis et ont relégué deux gros clients pour les meilleures places sur les podiums, loin dans le sillage des premiers. Alors que la flotte plantait les étraves au sud au passage de Belle Ile, c’est tout un chapitre de la course qui semblait se jouer.

A 14 heures, un rapide tour d’horizon de la flotte montre qu’un groupe de huit solitaires se tient la dragée haute, au largue serré dans 6 à 10 nœuds de vent de nord ouest. Belle Ile doublée sur les coups des 9 heures, tous ensemble dans un mouchoir de 1,3 milles avec sans doute du turn-over en perspective à l’horizon des prochaines positions ! Philippe Vicariot (Thales), le premier à pointer le bout de son étrave aux Poulains est toujours là. En compagnie d’Armel Le Cléac’h (Créaline) et de Charles Caudrelier Benac (Bostik Findley), il vient d’être devancé par son compagnon de « team » Erwan Tabarly (Thales-Armor Lux) qui fait un début d’étape tonitruant. Quant à Kito de Pavant (Malice), il progresse à quelques encablures de là, à moins de 1 mille.

Dans le sillage de ces leaders, regroupés autour de la route directe avec un écart de 1,5 milles en longitude pour les séparer, suit une deuxième clique de monotypes. C’est ici qu’on trouve Eric Drouglazet (David Olivier), pas content d’avoir raté le train pour Belle Ile et de figurer à 7,40 milles des talons du premier de cordée. On note au passage qu’en 24^e et 25^e positions, lancés sur des chemins de traverse à l’ouest, Alain Ferec (Hôtel Vauban Camaret sur Mer) et Laurent Nabart (Ajaccio – Corse du Sud) tentent une option. Quant à Gildas Morvan (Cercle Vert), c’est dans les fonds du classement qu’il faut se pencher pour le trouver… à 26 milles de la tête de flotte ! Bizarre. Le « géant vert » s’est de toute évidence empêtré dans sa route près des côtes, mais progresse malgré tout avec une vitesse Vitesse #speedsailing et une trajectoire qui n’ont rien d’alarmantes.

Voilà pour la revue des troupes qui progressent à fière allure. 115 milles ont été parcourus en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures . Reste qu’il va désormais falloir désormais composer avec le passage d’une dépression orageuse. Des grains à moudre et des manœuvres répétées pour adapter la voilure aux sautes d’humeur des vents, la suite s’annonce électrique pour les solitaires qui ne lâchent décidément rien depuis les Sables d’Olonne.

Echos du large

 Eric Drouglazet (David Olivier) : « Il va y avoir de gros écarts sur cette étape » « C’est la M…C’est pas terrible. On a pris une option et on s’est enfermé à terre. Mais je suis pas trop inquiet, on va avoir du vent moins fort, donc on espère que cela va recoller par derrière. Depuis on cravache. On verra si on peut revenir dans le match, peut-être dans les orages, on ne sait jamais ce qui peut se passer sur Gijon, rien n’est prévisible. Je préfère une météo incertaine que du vent établi, il va y avoir de gros écarts sur cette étape, ce sera la loterie nationale à 5 milles de l’arrivée. »

 Arnaud Boissières (Delta Dore & Partenaires) : « Il fait beau, tout pourrait être très bien mais les bateaux de tête sont au moins à 15 ou 20 milles devant. Les autres sont partis par la gauche sous spi, moi je suis parti sur la droite. On n’arrive pas à les rattraper. On est un peu à la rue, mais on va faire avec. Il va y avoir des choses à jouer, il ne faut pas baisser les bras. Tant que la ligne d’arrivée à Cherbourg n’est pas franchie, rien n’est fait. »

 Charles Caudrelier Bénac (Bostik Findley) : « Ça se confirme, comme je l’avais prévu au départ, c’est une étape dangereuse. Le vent est aléatoire et je suis dans le bon paquet mais je reste méfiant.. Ça peut revenir vite par l’avant comme ça peut partir par l’avant. Je reste prudent et je suis à fond sur les réglages. »

 Gilles Chiorri (3201 de Météo Consult) : « Je ne pensais pas que la remontée contre le vent allait marquer autant de différence. Après l’île d’Yeu, il ne fallait pas aller à terre, Droug et Morvan ont persisté dans cette option. Les nuages commencent à se densifier et le plafond devient de plus en plus bas, on sent les orages qui arrivent . Les prévisions des dernières 24Heures ne signifiaient pas les vents qu’on a eu. Il y aura des grains à suivre, on attend « le feu » comme on dit en mer, et il va falloir être sur le pont, être prêt à manœuvrer, et sortir les petits spis. On espère remonter, on sait que Gijon est une arrivée compliquée. »

Laure Faÿ