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Louis Vuitton Cup

Alinghi dresse un premier bilan… instructif

Russell Coutts : "nous avons confirmé que nos bateaux sont rapides"

mardi 15 octobre 2002Christophe Guigueno

Le défi suisse d’Ernesto Bertarelli vient de terminer à la seconde place du premier round robin de la Louis Vuitton Cup. Barré par Russell Coutts, vainqueur des deux dernières éditions de la Coupe de l’America, le voilier suisse n’a été battu que par celui du syndicat OneWorld, le challenger américain qui, lui, n’a perdu aucune régate.

Russell Coutts
Photo : Franck Socha

"Pendant ce premier Round Robin, nous avons confirmé que nos bateaux sont rapides" analyse Russell Coutts, skipper et barreur d’Alinghi. "Cependant, nous allons tirer des leçons de ce que nous avons observé chez nos concurrents au cours de ces premières régates. On verra certainement des changements radicaux sur les bateaux des autres challengers. Certaines équipes devraient améliorer leurs performances très rapidement." [1]

Les bateaux d’Alinghi et de OneWorld sont décrits comme les dessins les plus proches de NZL 60, le vainqueur de la dernière édition de la Cup. Pas surprenant puisque les Suisses ont récupéré le barreur néo-zélandais et que les Américains ont, eux, engagé l’architecte des Black Magic, Laurie Davidson. Mais le design ne fait pas seul la différence. L’équipage doit maîtriser la machine et donc avoir beaucoup navigué. Les challengers actuellement en tête du classement sont ceux qui se sont le plus entraînés (et qui disposent aussi des plus gros budgest !). En tant que meneur d’hommes, Coutts tient d’ailleurs à faire tourner son équipage. La route est longue jusqu’à la finale :

" Développer une équipe de 32 navigants au plus haut niveau a toujours été l’un de nos objectifs à long terme. Les rotations d’équipage vont peut être nous coûter un ou deux points dans la compétition mais cela vaudra la peine d’en passer par-là. Les compétences que nous aurons la capacité de développer au sein des 32 marins feront notre force au final. Il y a trop de possibilités de blessures ou des gens tombant malades pour prendre le risque que l’un des postes sur le bateau ne soit pas pourvu. D’autre part, cette méthode maintient la compétitivité en interne et poursuit la construction du Team. "

Autre point important souligné par Coutts, les circonstances de navigation. Le plan d’eau est difficile et il faut y naviguer longtemps pour le comprendre comme le décrit Bertrand Pacé, l’ancien barreur de 6e Sens en 1999 et actuel second barreur du Team New Zealand lors d’une interview au magazine Voiles et Voiliers. Pendant le premier Round Robin, les challengers ont rencontré des conditions assez variées (voir les statistiques d’Alinghi ci-dessous) et régaté dans du petit temps comme dans de la brise. Le tout sur un plan d’eau entouré d’îles et de côtes : " Nous avons navigué dans des conditions météorologiques très instables. Le plan d’eau était souvent très difficile à lire, de vraies conditions de lac. Les changements de direction du vent pouvaient renverser le cours de la régate à tout moment. A ce titre, notre course contre Victory Challenge était fantastique. "

Le prochain tour des Round Robins commencera le 22 octobre prochain. Lors des premiers matchs, les syndicats ont préféré naviguer avec le premier des deux bateaux qu’ils ont construits (seul Mascalzone Latino n’a qu’un seul bateau). Pour le second tour, les Suisses devraient garder leur premier bateau : " Nous n’avons pas encore pris de décision, mais il est fort probable que nous gardions SUI 64 pour le second Round Robin. "


Les statistiques du premier Round Robin

Pour leur site internet (Alinghi), l’équipe suisse a établi des statistiques des régates et performances des équipages au près comme au portant ainsi que des circonstances de navigation. Extraits :

Le premier enseignement est d’ordre général puisque relatif à la météo : Alinghi a disputé 50 % de régates par vent médium (12-18 noeuds), 37,5 % par vent léger (moins de 12 noeuds) et 12,5 % par vent fort (supérieur à 18 noeuds). Le voilier battant pavillon suisse s’est imposé tant par vent faible que fort, ce qui confirme la polyvalence de SUI 64. Il a en revanche perdu sa régate face à One World dans des conditions de vent médium.

Alinghi a franchi la ligne de départ en tête à deux reprises, soit dans 25 % des cas seulement…

Au passage de la première marque de parcours : Alinghi l’a passée en tête à sept reprises (88% des cas), et n’a jamais été dépassé par la suite, le ratio " passage de la première bouée au vent / victoire de la course " étant identique. La vitesse du voilier Suisse et les choix stratégiques ont donc été excellents, même si des retours ont été observés sur certains bords de spinnaker, notamment lors de la dernière régate face au défi suédois Victory.

L’analyse détaillée révèle qu’Alinghi a été plus rapide au près dans 56 % des cas, tandis qu’il n’a que creusé l’écart dans 36 % des bords de portant. Cette statistique prend toute sa valeur lorsqu’on la compare aux autres challengers. Oracle a eu le plus de succès au près (76 % de réussite), devant Areva (75 % de réussite). A l’inverse, Stars Stripes a gagné du terrain dans 38 % de ses bords de près seulement. A peine plus que Mascalzone Latino et ses 22 %. Les résultats des bords de portant apportent également de nombreux enseignements. Le voilier le plus efficace est Victory, qui a gagné du terrain dans 63 % des cas, devant Stars Stripes (61 %) .

Les leaders du classement général n’impressionnent guère à cette allure : 36 % de réussite pour Alinghi, 40 % pour One World, 30 % seulement pour Oracle. …les leaders du classement général sont plus performants au près qu’au portant. …Ce sont donc les voiliers les plus polyvalents ; ceux qui bénéficient des écarts les moins spectaculaires, qui occupent la tête du classement.

NB : Ces statistiques concernent les performances des Challengers et non pas de leurs voiliers respectifs.

Information Alinghi


[1Propos recueillis par le service de communication d’Alinghi



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