On aurait pu s’attendre à des scores bien plus serrés lors des quarts de finale de la Louis Vuitton Cup. Et pourtant, après trois jours de régates, trois challengers ont d’ores et déjà aligné trois points consécutifs pour n’être plus qu’à un petit point du tour prochain. Pourtant, sur l’eau, la bataille est acharnée. En particulier au sein de la Top League. Retour sur les matchs du jour...

TOP LEAGUE

Dernier match entre Alinghi et Luna Rossa, avant la finale ?

Photo : Franck Socha

• Match 1 Alinghi SUI 64 bat Luna Rossa ITA 74 (08")

Sur le même delta que la veille, les Suisses se sont à nouveau imposés sur les Italiens. Pourtant, Luna Rossa est cette fois-ci parvenu à prendre la tête. Une première dans ces quarts de finale qui ont une place en demi-finale pour enjeu. Reste que même battus, les Italiens progressent encore et sont presque au niveau de l’équipe référence de ce début de Louis Vuitton Cup, le team Alinghi !

Le match commence à 13h25 dans 15-16 noeuds de vent de sud-ouest. Les Italiens partent sous le vent des Suisses à la bouée. Le premier bord de près est assez perturbé par les oscillations du vent. Et comme la veille, le Class America suisse prend le dessus pour enrouler la première marque avec 29 secondes d’avance. Le premier bord de vent arrière suit sur un scénario encore identique à la veille. Rapide au portant, Luna Rossa parvient à combler une partie de son retard. Mais une partie seulement pour revenir à 17 secondes.

Mais les Italiens ont décidé de changer le scénario à partir du second tour. Plus agressifs au près, ils parviennent enfin à tenir le rythme suisse sur le second bord de près et regagnent encore du temps sur le second run. Le troisième tour commence et Luna Rossa n’est plus qu’à 11 secondes d’Alinghi.

Troisième et dernier tour. Francesco de Angelis lance l’attaque par le côté droit du plan d’eau forçant Russell Coutts vers la gauche. Quand les deux voiliers se croisent, Luna Rossa est revenu sur le bateau suisse mais dispose d’un avantage sérieux, il est tribord ! Alinghi doit virer et retourner sur la gauche. Mais les oscillations se succèdent et les Italiens ne parviennent pas à garder leur avantage. Au vent, Coutts et ses hommes sont à nouveau devant, de douze petites secondes.

Le scénario de la veille peut reprendre. Luna Rossa revient mais Alinghi contrôle jusqu’à la ligne d’arrivée.

Source Prada Luna Rossa

 Christian Karcher, wincher Alinghi : " A la quatrième bouée, on est passé d’une manoeuvre classique d’affalage à la gestion d’une situation de crise lorsque le spinnaker est tombé dans l’eau et passé sous la coque. On s’en sort bien. Tout l’équipage a assuré pour résoudre le problème le plus rapidement possible. On a attendu l’ordre qui nous disait que tout était clair sur la plage avant pour effectuer le virement et on a enroulé la marque en tête."

 Brad Butterworth, tacticien d’Alinghi : "Le Match Racing c’est savoir utiliser la moindre opportunité qui se présente, surtout lorsque les concurrents sont aussi proches. Quand Prada est passé devant nous, nous avons cherché ou nous pouvions gagner les quelques mètres qui nous manquaient. Une oscillation de vent s’est présentée et nous avons pris suffisamment d’avance pour être devant Prada lorsqu’ils sont revenus sur nous."

Source Alinghi

• Match 2 Oracle BMW Racing USA 76 bat OneWorld USA 65 (19")

Dans le quart de finale derby entre les deux challengers de la côte ouest américaine, le club du sud tient toujours la dragée haute au syndicat du nord. Pourtant OneWorld avait terminé le premier round robin sans une seule défaite. Depuis, le défi bleu pour un monde plus propre, accumule les désillusions. Face à Oracle BMW Racing, une nouvelle défaite est venue abaisser encore ses statistiques. Du côte Oracle BMW Racing, le tandem Holmberg à la barre et Dickson au poste de skipper fait merveille. Les voila à un point des demi-finales, face à Alinghi.

USA 76 est le premier sur la ligne et le premier à prendre le commandement de la course. Mais en filant sur la partie droite du plan d’eau, USA 65 touche un forte oscillation pour revenir sur la bouée au vent en position avantageuse et prendre l’intérieur d’Holmberg. OneWorld passe ainsi avec huit secondes d’avance.

Mais l’arrière garde de San Francisco garde son sang froid pour placer l’étrave de leur bateau à l’intérieur de OneWorld. Le bateau de Seattle est poussé vers l’extérieur. Quand les deux bateaux rejoignent la layline sous le vent. Oracle BMW Racing est à l’intérieur. Il peut empanner pour passer en tête après un premier tour de course.

Jusqu’à la dernière bouée, l’avance d’USA 76 ne fait qu’augmenter pour atteindre 41 secondes. Même si le bateau bleu parvient à reprendre un peu de temps sur le dernier run vers l’arrivée, ce n’est pas suffisant pour inquiéter son compatriote qui prend son troisième point d’affilée.

Source Oracle BMW Racing

BOTTOM LEAGUE

Stars and Stripes écrase Wight Lightning

Photo : Franck Socha

• Match 3 Orm SWE 73 bat Le Defi FRA 69 (1’ 12")

Les Suédois peuvent commencer à voir l’avenir avec sérénité. Les Français ne sont pas menaçant et le Victory Challenge a de fortes chances de se qualifier pour les quarts de finale de rattrapage. Il y rencontrera Prada ou l’autre défi Américain pour tenter de voler une place en demi finale aux qualifiés de la Top League. Les régates seront alors bien plus dures que face aux Français cette nuit.

Après une série de circling pendant la phase de départ, les Français obtiennent le côté droit de la ligne et de plan d’eau. ils partent devant mais sans vitesse Vitesse #speedsailing . Partis à gauche et lancés, les Suédois prennent vite l’avantage pour se placer devant le Class America jaune. Le reste de la régate est sans issue pour les Français qui ne peuvent que compter les secondes de retard aux différents passages de bouées.

 Pierre Mas, directeur sportif Areva : « Je suis frustré. Frustré de voir que nos régates sont bonnes, que le bateau marche bien et que l’équipage a énormément progressé dans tous les compartiments du jeu Jeu #jeu . Mais nous n’accrochons pas les Suédois. Ils sont bons. C’est simple, il faut qu’on soit meilleur. La régate de demain est peut-être celle de la dernière chance. Si nous marquons, chaque course deviendra alors le match de la « mort subite ». C’est beaucoup de pression pour toute l’équipe. Ca demande d’être forts et soudés. Nous le sommes, nous avons su le prouver dans les Round Robins. Nous avons formé l’équipage des quarts de finale dans cet esprit. Pour qu’il sache, s’il le faut, perdre le premier, le deuxième, le troisième point. Et gagner le quatrième. ».

 Philippe Mourniac, navigateur Areva : « Les Suédois ont creusé l’écart très rapidement. Dès le premier bord de près. Ensuite, ils ont géré comme hier et avant-hier. 3-0, c’est tout sauf serein comme situation. On n’a plus le droit de perdre. Il faut enflammer le match dès le départ et être dans la prise de risque maximum. Il faut y aller. A fond ».

Source Le Défi

• Match 4 Stars & Stripes USA 77 bat Wight Lightning GBR 70 (2’ 10")

Les Américains sont parvenus à inverser la tendance dans le seul quart ou les deux challengers ont marqué au moins un point. Pourtant, sur l’eau, le Team Dennis Conner semble ne pas être en mesure de laisser la moindre chance aux hommes de l’île de Wight ! Dans cet éternel remake de la régate historique de 1851, Sa Majesté peut encore chercher le second... Il est à plus de deux minutes !

A l’issue de la phase de départ, les Américains sont surpris. Ils veulent le côté gauche du plan d’eau et les Anglais le leur laisse. Ils prennent alors la belle bascule qu’ils avaient repérée avant le départ et creusent rapidement une large avance sur leur concurrent. Le reste de la régate est triste pour les Anglais. Si Stars and Stripes n’est encore qu’à 24 secondes de leur étrave la première marque, le sablier explose sur les bords suivants, en sens unique.

 Ken Read, barreur Stars and Stripes : Nous aimons notre nouveau bateau. Le 77 est mon bébé depuis qu’il a été mis à l’eau à Long Beach et il ne m’a pas lâché (ndr : Read doit oublier qu’il a coulé sous ses pieds en Californie justement). Deux bons départs d’affilée et un soupçon de bonne vitesse Vitesse #speedsailing et vous pouvez laisse le bateau faire le reste !"