Golding menace toujours MacArthur

Photo : G.Martin-Raget/Promovoile

Multicoques

« Du fait de sa position plus Sud que la mienne, réfléchit Michel Desjoyeaux (Géant) à voix haute, cela lui fait un bon 200 à 250 milles à rattraper car il va devoir empanner… ». Le « il » c’est Biscuits La Trinitaine-Team Ethypharm de Marc Guillemot qui vient de passer en deuxième position sur le vaste échiquier Atlantique et qui pointe sur le papier à 185 milles (342 km) du leader. Marc et son trimaran naviguent comme ses frères de jauge bâbord amures mais glissent à plus de 2° de latitude plus au Sud. Nul doute qu’il devra empanner pour venir se recaler sur la route directe et perdre de ce fait de précieux milles. Est-ce pour compenser ceci que Marc avance le plus rapidement ? Toujours est-il qu’il est actuellement le plus véloce sur l’eau et affiche 15 nœuds de vitesse Vitesse #speedsailing moyenne sur les dernières 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures .

« J’ai actuellement 20 à 21 nœuds de vent et les conditions sont assez chaudes souffle Marc à la vacation de 4h30 ce matin. Je n’ai pas eu de plantés mais il y a des petits moments intenses et quelques petits instants de panique. J’ai réussi à me reposer un peu depuis que je suis rentré dans le système des alizés mais dire que je me suis bien reposé, ce n’est pas vrai. Il y a forcément du stress et des poussées d’adrénaline quand cela commence à booster… Et quand il y a des vagues, c’est pire ! Mais je suis déterminé à me battre jusqu’au bout et j’ai beaucoup de hargne ! ». Et la hargne autant dire qu’il faut en avoir quand on navigue sous genaker grand voile haute ou à un ris et que le bateau file dans la nuit entre 20 et 22 nœuds et où la moindre vague peut prendre des allures de croche-pied et de siège à bascule… Barre d’une main et écoutes à portée de l’autre, le regard est immanquablement rivé sur les étraves et les vagues à venir sans oublier les pointages qui tombent toutes les quatre heures (sauf entre 19h TU et 3h TU) et qui montrent où se trouvent les « copains » de jeu Jeu #jeu . Sans oublier qu’il faut digérer les fichiers météo pour mieux les analyser, se reposer et « pourquoi pas » manger un peu.

Même ambiance à bord du Géant de Michel Desjoyeaux qui avoue ne pas avoir pas encore bien regardé le parcours à effectuer sous le vent de l’île (bouée de Basse-Terre à contourner) mais estime arriver samedi après-midi. Il est plus vraisemblablement attendu à Pointe-à-Pitre vers 19 heures heures locales. Une ETA (Temps d’estimation d’arrivée) à peaufiner au fil des heures qui viennent…

Troisième au classement, la roue a enfin tourné pour Lalou Roucayrol : Banque Populaire a touché le régime des « vicieux alizés ». Le chemin de croix anticyclonique aura duré plus de trois jours et Lalou, au final, y aura laissé beaucoup de temps. Il glisse en cette fin de nuit à 14,4 nœuds de vitesse Vitesse #speedsailing moyenne sur la dernière heure, là où il y a moins de 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures il affichait des 3 ou des 6 nœuds de vitesse de déplacement. Il pointe en cette fin de nuit à 210 milles du leader et à 25 petits milles de Marc Guillemot. Inutile de dire que rien n’est joué quand on connaît la vitesse de déplacement de ces araignées à trois pattes !

En Multicoques Classe II, Franck-Yves Escoffier sur son Crêpes Whaou ! reste largement en tête. Il pointe à presque 300 milles devant Anne Caseneuve (Yachting-casino.com) mais connaît d’importants soucis de pilote. « Je dois affaler pour aller me reposer et je vais perdre facilement 24 heures sur mon temps d’arrivée. Il faut que je tienne comme cela jusqu’à lundi » lâche-t-il à la vacation de la nuit.

Monocoques

Ellen MacArthur a bien les cartes en main pour devenir la nouvelle « petite fiancée de l’Atlantique ». Victorieuse dans l’Europe 1-New Man Star en 2000, dans la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum 1998 en monocoque Classe II, elle compte 111 kilomètres d’avance sur Mike Golding (Ecover) qui se bat comme un diable pour rester au contact. Sans spinnaker, autant dire que Mike doit être de tous les instants sur son bateau de blanc vêtu. « Pour l’instant tout va bien mais hier j’ai eu un souci et j’ai dû affaler le spi dans pas mal de vent » lâche Ellen jointe cette nuit. Son souci n’est autre que son pilote principal qui l’a laissé tombé. « Oui je suis vraiment fatiguée car j’ai passé beaucoup de temps à la barre ces deux dernières nuits. Mike va plus vite que moi (ndlr : Ellen était sur les dernières 24 heures la plus rapide avec 343 milles parcourus pour 327 pour Mike !) et l’on peut avoir des problèmes jusqu’au bout. Hier j’ai perdu des milles en changeant de voile, c’est stupide… il y a le stress qui monte mais j’essaye de bien faire les choses pour justement bien le gérer ! ».

Et si Ellen est attendue dans la soirée de vendredi à samedi, elle terminerait alors devant le premier multicoque. Mais elle ponctue aussitôt : « Oui c’est vrai, mais nous n’avons pas pris le départ le même jour. Pour moi, ce sont deux courses différentes ! ». Calés sur un même bord, Ellen et Mike glissent de concert vers la Guadeloupe et les 60 milles d’avance que comptent la petite Anglaise ne sont largement pas suffisants pour lui permettre de se reposer sur son sillage. La lutte sera âpre et ce, jusqu’à la ligne d’arrivée car le parcours côtier, sans oublier la petite rotation au Sud-Est des alizés à l’approche de l’arc Antillais peuvent révéler encore quelques surprises. C’est bien connu : l’approche de la Guadeloupe n’a jamais été une partie de plaisirs !

A suivre également, la lutte entre Arcelor Dunkerque et Sill. Bilou soit Roland Jourdain pointe en cette fin de nuit à 82 milles du Dunkerquois alors qu’il était à 120 milles hier à la même heure. Placé devant, Joé Seeten peut certes contrôler Roland Jourdain mais un léger différentiel de vitesse en faveur du Quimpérois pourrait redistribuer le podium… A suivre également de près !

En flotte monocoque 50 pieds, c’est Nick Moloney (Ashfield Healthcare) qui est en tête. Florys de Luc Coquelin est toujours deuxième et compte 119 milles de retard sur l’Australien. La luge rouge Ashfield Healthcare est en train de montrer réellement son potentiel de vitesse au portant même si Luc sort toute la garde robe soit spi, grand voile, spi d’artimon et voile d’artimon. Difficile de faire plus !

En classe III monocoques, Storage Tek de Régis Guillemot continue de survoler le classement suivi de Passion Entreprendre de Jérôme Thiriez.

Pierrick Garenne