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Transat Québec-Saint Malo

Bouleversement en tête : Soldini prend la première place à Fauconnier

Thomas Coville se maintient à la seconde sur Sodébo

vendredi 16 juillet 2004Redaction SSS [Source RP]

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Tim Progetto Italia vient de ravir la première place à Sergio Tacchini entre 11h et 15h ce jour. L’option Nord a coûté cher à Karine Fauconnier et ses hommes qui se voient rétrograder en 3e position. Sodebo s’est intercalé en 2e position.

La flotte traverse une zone de transition entre deux systèmes météo. Elle devrait toucher prochainement les bons effets de la dépression (vent de Nord-Ouest) calée sur le Nord de l’Irlande.

Gitana 11 a subi une grave avarie pendant la nuit (voie d’eau due à un choc avec un OFNI) mais ne demande pas d’assistance. Foncia a cassé son safran de flotteur droit.

Côté 50 pieds, Crêpes Whaou ! augmente son avance en classe multicoques sur Bonjour Québec. Ciment Saint-Laurent mène toujours la flotte des monocoques de Classe 2 mais Marina Fort Louis - Ile de Saint Martin est à 4,4 milles derrière.


A fond dans la brume de Terre Neuve à bord de Groupama
Photo Groupama

Cascade d’informations au cinquième jour de cette Transat Québec-Saint Malo. Tim Progetto Italia vient au classement de 15 heures ce jour de prendre la tête de la course devant Sodebo et Sergio Tacchini qui glisse en 3e position. Géant est 4e à 0,4 milles derrière Karine Fauconnier. La course est relancée, quatre bateaux se tiennent en moins de 13 milles ! Groupama signe de son côté un retour phénoménal sur la tête de la course depuis son re-départ de Terre-Neuve. Alors 9e, il est actuellement 5e à 31 milles de Giovanni Soldini et signe la meilleure performance du jour avec 497 milles en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures . Autre information importante du jour, les avaries survenues sur Gitana 11 et sur Foncia. Gitana 11 doit abandonner cette Transat Québec-Saint Malo pour cause de voie d’eau et de safran central arraché. De son côté, Foncia a son safran droit de cassé. Géant et Sodebo ont également touché quelque chose mais sans gravité.

Incroyable Giovanni Soldini qui fait une course autant discrète que remarquable depuis le début de cette Transat Québec-Saint Malo. Poisson pilote de Karine Fauconnier depuis le mercredi 14 juillet 3 heures du matin, date à laquelle Sergio Tacchini a pris la tête de la course, Tim Progetto Italia vient d’en croquer la première place. " Il y a un passage difficile à ne pas louper " explique le skipper italien à la vacation du milieu de journée. " Le ciel est gris, il pleut presque. Nous sommes grand voile haute et gennaker. Nous avons fait quelques erreurs de navigation mais là, tout va bien. Nous avons toujours nos soucis de safrans. Le droit a un morceau de cassé suite à une collision avec un objet flottant et nous avons aussi un problème avec le safran central. Il fait de gros bruits et il bouge beaucoup en latéral. Je ne sais vraiment pas combien de temps cela va tenir. Nous faisons très attention... On navigue le plus possible avec une partie du safran central relevée. C’est vrai qu’il serait temps de bien terminer sur une course. Depuis trois ans, j’ai eu pas mal de soucis sur les différentes courses... je croise les doigts ". En attendant, Giovanni va là où il faut. Et s’il a parcouru moins de milles que les autres sur 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures (466,9 milles), il a surtout optimisé sa trajectoire. Ainsi si ce matin, Karine et ses hommes profitaient de la nuit pour se recaler dans le Nord, Giovanni est resté au Sud le long de la bordure de l’anticyclone calé sur le milieu de l’Atlantique. Bien lui en a pris puisque l’option Nord n’a pas apporté de dividendes immédiats. " C’est vrai que cela a mollit par devant " explique Karine à la vacation de 11h30/13h. A ce moment de la journée, le skipper de Sergio Tacchini était encore leader de la flotte. " Nous sommes partis au Nord cette nuit. On savait que l’on perdrait des milles à terme en faisant ce choix. Puis nous avons décidé de ne pas prendre trop de risques et qu’il était plus raisonnable de ne pas laisser nos concurrents directs dans leur coin. Nous nous sommes recalés alors vers le Sud. Mais normalement le vent devrait rentrer par devant... ". Cette route Nord pendant quelques heures a donc coûté la première place à Sergio Tacchini. Tim Progetto Italia en a profité comme Sodebo et Géant pour recoller les morceaux et redistribuer les cartes de cette Transat Québec-Saint Malo. " Il y avait les nordistes, les sudistes et les pacifistes... lâche Loïck Peyron ce midi qui se voit bien dans ce dernier groupe -celui du milieu- avec Sodebo. " Et la guerre n’est pas finie et je ne sais pas qui va la gagner ! A notre gauche il y a une dépression et à notre droite un anticyclone. Il faut faire des choix subtils dans les changements de direction et les empannages et si on les loupe cela peut coûter très cher à l’arrivée ! ". Inutile de dire que si Loïck Peyron, maître es-multicoques doté du plus beau palmarès de la voile océanique à trois pattes, est penché sur la table, ce n’est pas par hasard. L’enjeu en vaut diablement la chandelle ! Car cette situation météorologique est bien compliquée avec une zone de transition à traverser. Cette zone génère des vents mous et tordus avec des virages compliqués à orchestrer pour en passer le col. " On a du mal à trouver sa place " lâche Michel Desjoyeaux sur Géant, 4e à 0,4 milles de Sergio Tacchini. " C’est le jeu Jeu #jeu de l’accordéon et il n’y a rien d’étonnant à cela. C’est un nouveau passage à niveau mais cela va ré accélérer bientôt ".

Autre gagnant de cette diable de situation : Groupama. 9e à Terre-Neuve, Franck Cammas revient comme un avion sur la tête de la course. " On est très rapide en ce moment " hurle Franck Proffit qui n’entend rien des questions à la vacation. " On va voir ce que donne notre petite option dans quelques heures et l’on espère que cela va ralentir devant. On a bien joué hier le long de la bordure anticyclonique en passant très proche et en jouant sur les angles, le baromètre et la vitesse Vitesse #speedsailing du bateau ". Impressionnant Groupama qui avale à trois milles près 500 milles en 24 heures à 20,7 nœuds de moyenne ! Où s’arrêtera-t-il et buttera-t-il sur la zone de transition ? A suivre...

Terrain miné Atlantique...

Inquiétant d’entendre le nombre de témoignages de marins qui entrent en collision plus ou moins grave avec des OFNI (Objets Flottants Non Identifiés). En effet, en ce vendredi 16 juillet, pas moins de quatre récits de collision. La plus importante est bien sûr celle de Gitana 11 : " Nous faisons route sur La Trinité/mer. Nous avons violemment touché quelque chose avec la dérive en partie relevée et le safran de la coque centrale a été arraché. Il y a une voie d’eau à l’avant du bateau. Nous naviguions alors à 25 nœuds et le tableau arrière est en partie détruit. Ce n’est pas grave car il y a une cloison étanche à l’arrière. Mais il y a pas mal d’eau dans la coque centrale. L’équipage est OK. Nous devons préserver nos batteries car nous ne pourrons plus les charger. Nous sommes à 1 300 milles de notre base de La Trinité/Mer. Tout va bien à bord : nous sommes autonomes et ne demandons pas d’assistance ". Inutile de dire la déception de Fred Le Peutrec qui était revenu dans le match et était cinquième au classement général au moment de la collision... On imagine également la déception d’Alain Gautier qui a percuté un OFNI et qui a cassé son safran de flotteur tribord (droit).

Même Michel Desjoyeaux (Géant) et Loïck Peyron (Sodebo) ont avoué avoir touché quelque chose aujourd’hui mais heureusement sans gravité. Après Groupama et Tim Progetto Italia, la série continue donc... A priori, il y aurait de nombreux troncs d’arbre et de cétacés dans cette zone Atlantique. La roulette russe continue...

Situation à venir...

Aussi, à quoi peut-on s’attendre dans les prochaines 24 heures ? La zone de transition devrait être avalée en fin de journée et la flotte devrait toucher des vents de Nord-Ouest générés par la dépression stationnaire située dans le Nord de l’Irlande. Le vent devrait forcir pour atteindre les 20 nœuds minimum et pousser la flotte rapidement vers la pointe du Fastnet. " Nous devrions être au large du Fastnet demain dans la journée " déclarait Michel Desjoyeaux (Géant). Une fois là-bas, il restera 300 milles à parcourir vers Saint-Malo... Mais la situation météo semble complexe sur la Mer d’Irlande et la Manche. Aussi, la progression vers la ville d’arrivée devrait être difficile. Maintenant une arrivée dans la nuit de dimanche à lundi ou dans la matinée de lundi est possible. Pour ce qui est des 50 pieds, Crêpes Whaou ! compte 122 milles sur le 2e, Bonjour Québec. Une fois passé le Cap Race, Crêpes Whaou ! va donc entrer dans l’Atlantique et entamer sa grande traversée. Toujours injoignable en vacation radio, Ciment Saint-Laurent mène en monocoques mais Marina Fort Louis - Ile de Saint Martin est revenu au contact. 4,4 milles les séparent à 15 heures ce jour. La course est relancée pour la flotte monocoque de Classe 2.


- Karine Fauconnier (Sergio Tacchini) : "Il y a un petit col assez technique à passer, mais tout le monde devra le traverser, il n’y a pas d’autres choix. On espère juste qu’il n’y aura pas trop de mistoufles. Tous les jours, on se pose des questions sur la météo car il faut bien dire que c’est une science inexacte. Mais quelle que soit la situation, on est à fond pour faire avancer le bateau. "

- Giovanni Soldini (Tim Progetto Italia) : " Ca marche bien pour nous ! on a bien géré nos séries d’empannages autour des hautes pression. Ce serait très bien pour nous de faire un résultat dans cette course, parce que ça fait trois ans qu’on bosse comme des fous. Si on pouvait ne pas avoir de problème technique et finir cette course jusqu’au bout, ce serait super. "

- Michel Desjoyeaux (Géant) : " Ce sera rapide jusqu’au Fastnet. Cette nuit encore, nous avons fait des runs à 33 nœuds, le bateau volait sur son foil Foil #foil et nous avions Sodebo en ligne de mire. Pour ce qui est de l’avarie de Gitana 11, c’est vrai qu’il faut vivre avec ce risque de collision. Le risque zéro n’existe pas, ni à terre, ni en mer et il faut que nous fassions avec. "

- Yves Parlier (Mediatis Region Aquitaine) : " Nous avons bien marché toute la nuit et atteint une moyenne régulière de 20-25 nœuds. Après Terre Neuve, nous sommes passés au Nord de la route orthodromique (la route la plus courte) et du coup, nous avons vu des icebergs au radar. Les canadiens avaient délimité trois zones de glaces et nous étions dans une partie intermédiaire. Là, nous somme sortis de la zone des glaces. Hier aussi, j’ai vu quelque chose pour la toute première fois : un arc en ciel dans la brume... "

- Armel Le Cléac’h (Foncia) : " Le vent commence à mollir, c’était prévu, alors on est à fond sur le réglage des voiles. On a perdu un peu de terrain hier alors nous avons choisi non pas de rester dans l’axe de nos adversaires en position d’attente, mais de tenter quelques chose au Nord et d’attaquer. Nous en verrons le résultat dans les prochaines 24 heures. "

- Lalou Roucayrol (Banque Populaire) : " C’est une transat très intéressante. On croise sans cesse les bateaux, il y a du contact en permanence et je suis hyper enthousiaste de l’ambiance qu’il y a à bord. Si ceux de devant pouvaient tamponner le plus longtemps possible devant, ça nous arrangerait. Il est fort probable que tout le monde se regroupe à la faveur de cette grosse molle. Et il y a toutes les chances aussi qu’il y ait un nouveau départ au Fastnet à 250 milles de l’arrivée. En 3000 milles, il y aura trois possibilités de relance pour tout le monde. Le match n’est pas fini et ça reste vachement motivant. "

Pierrick Garenne


Voir en ligne : www.quebecsaintmalo.com


Classement multicoques Orma :
- 1. Tim Progretto Italia (à 1068,8 milles de l’arrivée)
- 2. Sodebo (à 10 milles du leader)
- 3. Sergio Tacchini (à 12,4 milles du leader)

Classement multicoques Classe 2
- 1. Crêpes Whaou ! (à 1924 milles de l’arrivée)
- 2. Bonjour Québec (à 122,3 milles du leader)
- 3. Jean Stalaven (à 161,5 milles du leader)

Classement monocoques Classe 2 :
- 1. Ciment Saint-Laurent (à 2187,9 milles)
- 2. Marina Fort Louis-Ile de Saint Martin (à 4,4 milles du leader)
- 3. Branec III (à 39,9 milles du leader)



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