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Vendée Globe • S11

Le trio de tête passe l’équateur et le pot-au-noir

Semaine sans encombre pour les premiers à leur retour en Atlantique Nord

dimanche 23 janvier 2005Christophe Guigueno, Information Vendée Globe

Les leaders de la course autour du monde en solitaire sont de retour en hémisphère nord. Ils ont recoupé leur trajectoire à la descente et les revoilà à une transat de l’arrivée. Vincent Riou a creusé un écart significatif sur Jean Le Cam et Mike Golding. En passant facilement l’équateur et le pot-au-noir, il semble à l’abri du retour de ses deux poursuivants... Pendant ce temps, Seb Josse et Dom Wavre se livent une régate d’éclopés. Cette fois-ci, c’est le Suisse qui a connu de gros soucis en évitant de justesse un démâtage désastreux...

Vincent Riou file en tête vers Les Sables


Dimanche 16 janvier : Le trio de tête allonge la foulée bâbord amure dans l’alizé • Wavre s’empare de la 4e place

La rupture de la drisse de grand-voile d’Ecover a coûté cher au Britannique. Non seulement, Mike a perdu plus de 200 milles sur Vincent Riou, mais en plus il s’est épuisé à monter trois fois dans son mât dans des conditions difficiles pour réparer au plus vite. Résultat : beaucoup d’ecchymoses, une grande fatigue physique et un gros coup au moral. Aujourd’hui, Mike Golding pensait « qu’il faudrait un miracle pour qu’(il) puisse revenir » sur les premiers...

Au nord des îles Malouines, au large de l’Argentine, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) a réussi à réparer sa bôme cassée en deux morceaux. Il reste néanmoins à Jean-Pierre pas mal de travail pour remettre le vit-de-mulet en place et pouvoir à nouveau utiliser sa grand-voile. Comme si toutes ces galères ne lui suffisaient pas, Jean-Pierre s’est retrouvé avec un paquet d’algues géantes prises autour de sa quille. Gardant toujours le sourire et le moral, Jean-Pierre a donc enfilé sa combinaison pour piquer une tête dans une eau à 10°C etse dépatouiller de ces invitées surprises encombrantes !  

La régate continue entre Dominique Wavre (Temenos) et Sébastien Josse (VMI). Dans un véritable match racing à l’échelle océanique, le skipper suisse a pris un léger avantage, seulement 2 milles, sur le benjamin de la course qui, il faut le rappeler, ne dispose plus d’un bateau à 100% de son potentiel.

- Vincent Riou (PRB) : « Ça se passe mieux que je ne pensais. A part que j’ai été ralenti quatre heures ce matin sous des lignes de grains. Je pensais que Jean aurait réussi à allonger plus que ça. Je ne suis pas mécontent... Je pense que Jean va essayer de garder son décalage est/ouest jusqu’au Pot-au-Noir. Mais il n’en demeure pas moins que statistiquement, le point de passage se trouve par 27° à 30° ouest... donc je ne me prends pas la tête là-dessus. La situation n’est pas très claire après le Pot-au-Noir. On y sera dans 3 jours et cela évolue très vite. 10 semaines de course ! je ne m’en suis pas rendu compte. C’est tellement intense. La pression est permanente. On se réveille en sursaut avec l’esprit braqué sur la course et sur la marche du bateau. »

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Tout va bien. On ne va pas se plaindre. On va vite et il n’y a pas de radar. Pas d’alcootest non plus. De toutes les façons, mon dernier coup de rouge remonte à Noël. Il y a du vent, du soleil... C’est le bonheur ! J’ai pris ma première douche depuis un mois et demi ! Mieux que le bonheur ! Et puis, l’équation post-équatoriale me sied à ravir ; c’est un bordel somptueux ! Donc la pression est sur PRB. Moi, que voulez-vous qu’ilm’arrive, derrière à 200 milles ? Il est en défense devant, je suis à l’attaque derrière. Et je vais vite avec mon Bonduelle parce que je l’aime ! »

- Mike Golding (Ecover) : « J’attends que le vent se stabilise. J’ai eu jusqu’à ce matin des passages de grains, avec des coups de vent à 33 nœuds puis à 8 nœuds... Avec le vent d’Est, je vais faire route directe vers le Pot-au-Noir. Je n’ai malheureusement plus trop d’espace pour envisager la moindre tactique. J’attends seulement que le vent se renforce... Ces dernières 48 heures ont été horribles. J’étais vraiment dans le trou. J’ai dû grimper trois fois dans le mât pour ma drisse. La troisième fois, il y avait 25 noeuds de vent et le bateau oscillait terriblement. Je suis redescendu couvert d’hématomes. Il a fallu alors renvoyer la grand-voile, opérer un virement de bord avec tout ce que cela suppose de matossage... J’étais épuisé. J’ai donc essayé de dormir la nuit dernière. La situation a l’air de s’éclaircir, avec le soleil. Mais à moins d’un miracle, je ne me vois pas recoller aux autres... »


Lundi 17 janvier : Les écarts sont stationnaires à deux semaines de l’arrivée • Joé Seeten a passé le Cap Horn dimanche à 19h37 en 8e position

A 300 milles au large de la ville brésilienne de Recife, Vincent Riou (PRB) poursuit son bonhomme de chemin avec maestria. Seul en tête avec plus de 126 milles d’avance sur son premier poursuivant, Vincent peut envisager sereinement l’approche du Pot-au-Noir, prévue pour jeudi ou vendredi prochain. L’équateur devrait être franchi pour sa part mercredi matin. Ce passage du Pot-au-Noir et l’instabilité qui règne actuellement en Atlantique Nord motivent les deux chasseurs que sont Jean et Mike. Tous les deux attendent avec impatience ces transitions météorologiques dans l’espoir de revenir au contact du premier. Car ce ne sont pas les alizés actuels de l’hémisphère sud qui vont redistribuer les cartes. Les trois concurrents de tête foncent plein nord et recommencent à flirter avec des moyennes de 300 milles par jour. Mais la course est loin d’être jouée. Vincent Riou se méfie autant de Jean Le Cam que de Mike Golding. Le skipper de PRB se souvient qu’il y a un an, à deux jours de l’arrivé du Défi Atlantique, il avait 200 milles d’avance sur Mike et que le Britannique avait fini par gagner... Rendez-vous aux Sables vers le 31 janvier ou 1er février !

Deuxième Cap Horn pour Joé Seeten
Photo : J.Seeten / Arcelor Dunkerque

Quelques jours avant de passer le Cap Horn, Conrad Humphreys (Hellomoto) a connu l’un des pires moments de sa carrière de marin. Pris dans une violente tempête, son bateau, à sec de toile, a été couché sur l’eau à plusieurs reprises. Tel un uppercut, chaque vague qui frappait le monocoque renvoyait Conrad en fond de cale. Mais le pire n’était pas encore survenu. Une vague, plus violente que les autres, a tout simplement arraché une trappe d’accès à l’extérieur, laissant entrer des centaines de litres d’eau à l’arrière du bateau (lire le récit de Conrad ci-dessous dans “Ils ont dit“). Pendant plusieurs heures, le jeune Britannique, trempé par l’eau glaciale, a bataillé à l’arrière de son navire, dans un compartiment aussi confortable qu’un coffre de voiture. A force de persévérance, Conrad a fini par obstruer l’ouverture avec un couvercle en plastique et a écopé à la main les centaines de litres d’eau... Particulièrement épuisé par une telle mésaventure, Conrad Humphreys avouait qu’il attendrait d’avoir passé le Cap Horn pour monter dans son mât remplacer la girouette arrachée par une vague ! Ce ne sera que la 9e ascension de Conrad en haut de son mât depuis le départ...

De son côté Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) en a terminé avec l’Océan Pacifique. Dimanche soir, à 19h37 en France, le Dunkerquois franchissait, pour la deuxième fois de sa carrière, le rocher mythique qui marque la pointe sud-américaine. Il reste maintenant moins de 7000 milles à Joé pour tenter de reprendre les 330 milles qui le séparent de Nick Moloney (Skandia), actuellement au nord-est des Malouines. Derrière Joé, six concurrents naviguent encore dans le Pacifique...

- Vincent Riou (PRB) : « Tout va bien sous le soleil et sous les grains. Le vent est mieux établi aujourd’hui. Le choix du passage du Pot n’est pas fait. Mais que ce soit par 28° Ouest ou 30°, je suis idéalement placé. On verra en temps voulu ; je ne me fais pas de soucis. Je vais aussi vite que Jean au rythme des grains. Il me reprendra quelques milles quand je commencerai à buter dans le Pot-au-Noir. Je ne regarde pas ce qu’il fait. Je suis confiant dans ma course. Le marquer serait une erreur dangereuse. Dans un alizé aussi faible, Jean a du mal à revenir sur moi. Quant à Mike Golding, il ne faut surtout pas l’enterrer. Il faut toujours se méfier de l’Anglais. »

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « J’aurais préféré un alizé mieux établi. Ce n’était pas prévu comme cela. C’est la part d’inconnue dans la météo. Il faut sans cesse analyser les situations météo. Le Pot-au-Noir est bordélique, mais la situation en Atlantique Nord est aussi très inhabituelle. Plus la situation est instable, plus j’aurai d’opportunités de revenir sur Vincent le Terrible. Il n’y a pas beaucoup de poissons volants et je vais bientôt remettre le radar à cause des cargos. C’est marrant, le dernier bateau que j’ai vu, c’est PRB lors de la descente de l’Atlantique. »

- Mike Golding (Ecover) : « Ça va. Je suis de retour aux affaires, à essayer de ne pas perdre trop de terrain. J’examine toutes les opportunités qui me semblent favorables. J’ai toujours beaucoup de grains. Mais les choses se stabilisent et les grains s’espacent de plus en plus,toutes les trois heures environ. J’ai repris une certaine confiance. Le bateau est à 100%. J’attends le moment où je pourrais revenir comme il faut dans la partie. Tout est encore possible. Tous les bateaux sont fatigués et tout le monde veut en terminer. L’Atlantique Nord a l’air paisible ce qui m’arrange bien. Je reste motivé parce que je n’ai pas d’autre choix. Pas le temps d’avoir d’états d’âme. Le bateau va bien et une bonne tasse de thé remonte le moral. »

- Sébastien Josse (VMI) : « J’ai attendu d’être certain d’avoir touché la bascule pour virer de bord. Je suis allé la chercher plus loin que Dominique (Wavre) car je ne peux pas me permettre de multiplier les virements de bord. Le vent passe doucement à droite et va nous permettre de remonter vers l’équateur. J’espère rester longtemps sur ce bord. Ce sera un peu un bord de sanglier. Je ne m’étalonne pas avec Dominique. Je ne suis pas en régate. Je suis dans le même système que lui, et on va au même endroit avec des plans Finot assez similaires mais la comparaison s’arrête là. Je ne suis plus armé pour lutter. On ne va pas se lâcher jusqu’au Pot-au-Noir, mais après je ne pourrai plus le suivre. En ce moment, il y a un ensoleillement parfait pour charger mes batteries ? Je ne barre donc que le matin et le soir. »

- Conrad Humphreys (Hellomoto) : « Dimanche soir, au plus fort de la tempête, j’ai brusquement senti Hellomoto partir dans une terrible accélération. Soudain le bateau s’est couché dans un bruit assourdissant. Les vagues frappaient violemment mon voilier et me rejetaient à chaque impact au fond du bateau. Les vagues étaient absolument terrifiantes, entre 9 et 11 mètres. J’ai enregistré un surf Surf #Surf à 23 noeuds. Puis j’ai entendu un bruit de bouillonnement d’eau venant de l’intérieur du bateau. J’ai pénétré dans le compartiment arrière et me suis trouvé assailli par de l’eau glacée. Il y avait au moins 50 centimètres d’eau et je voyais clairement que le capot qui protège l’accès par l’extérieur au radeau de survie avait explosé sous les impacts des vagues. Je n’ai pas eu le temps de mettre ma combinaison de survie et j’ai attrapé tout ce qui me passait par la main pour écoper et boucher le trou. L’eau montait rapidement et envahissait le compartiment étanche. J’ai mis mes pompes en marche mais sans grand effet. J’ai donc commencé à écoper à la main à toute vitesse Vitesse #speedsailing , un pied maintenant le radeau en place. Au bout d’une heure de travail dans l’eau glacée, j’avais diminué le niveau de l’eau suffisamment pour essayer d’aveugler l’ouverture. J’ai attrapé une boîte en plastique et l’ai fixée dans le trou avec des morceaux de latte. Pour la première fois dans ce Vendée Globe, je me suis senti en danger et j’ai eu très peur. Après cinq heures d’effort, le vent s’est calmé et malgré une mer toujours grosse, j’ai eu le sentiment de maîtriser la situation. »

- Benoit Parnaudeau (Max Havelaar-Best Western) : « Je me suis fait secoué il y a trois jours. C’est calme maintenant. J’ai 8 noeuds avec une houle pas terrible. Je commence à trouver le temps long. J’aimerais passer le Horn vite, peut être dans deux ou trois jours. J’ai une belle liste de boulot à faire, notamment sur les pompes de ballast. Le bateau me satisfait. Il passe bien dans la mer, un peu en sous-marin parfois. Je compare ma course à celle de Titouan Lamazou en 1989. Cela me motive. »

• CLASSEMENT DU 17/01/05 15:00 GMT (16H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart
- 1 PRB VINCENT RIOU 3698,9 0,0
- 2 BONDUELLE JEAN LE CAM 3825,0 126,1
- 3 ECOVER MIKE GOLDING 3932,1 233,2
- 4 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 4643,2 944,3
- 5 VMI SEBASTIEN JOSSE 4646,6 947,6
- 6 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 5923,4 2224,5
- 7 SKANDIA NICK MOLONEY 6467,2 2768,3
- 8 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 6797,0 3098,1
- 9 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 7249,7 3550,8
- 10 OCEAN PLANET BRUCE SCHWAB 7419,0 3720,1
- 11 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 7921,3 4222,3
- 12 ROXY ANNE LIARDET 9184,8 5485,9
- 13 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 9404,1 5705,2
- 14 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 9831,6 6132,7


Mardi 18 janvier : Riou à moins d’un jour de mer de l’équateur • Josse reprend la 4e place

Toujours pas le moindre répit sur ce Vendée Globe et ce n’est pas le fait d’être, dès cette nuit, de retour dans l’hémisphère nord qui va changer la situation. Bien au contraire, avec cette arrivée qui n’est plus qu’à 3 354 milles des étraves de Vincent Riou (PRB), toujours solide leader et un Pot-au-Noir qui va alimenter d’un piment particulier les prochains jours de navigation. Ce parcours dans l’hémisphère sud n’aura, pour la première fois dans l’histoire Histoire #histoire de cette épreuve, guère clarifié la donne. Le jeudi 18 novembre au matin (vers 1h30) Jean Le Cam (Bonduelle) entrait dans l’hémisphère sud avec 17,9 milles d’avance sur Vincent Riou et 81,8 milles sur Mike Golding (Ecover. L’anglais occupait alors la 5e place derrière Sébastien Josse (VMI), 3e et bien sûr Roland Jourdain (Sill et Veolia), en 4e position.

62 jours plus tard, au classement d’aujourd’hui 16 heures, le constat est simple : Jean Le Cam aura tout simplement cédé 95 milles à Vincent, soit un différentiel de vitesse Vitesse #speedsailing , sur la route théorique, de 0,063 nœuds. Quant à Mike, les chiffres sont bien sûr plus importants avec 173 milles concédés, soit une vitesse moindre de 0,116 nœuds. Si les chiffres ne font d’habitude pas rêver, ils laissent tout de même rêveur et montrent à eux seuls l’apprêté de la régate en cours.

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « J’ai fait une réunion hier soir vers 19h30 avec tout l’équipage (chaque poste important, comme le pilote automatique ou les différentes voiles du bord, ont désormais un surnom à bord de Bonduelle (NDLR). On a établi une stratégie pour le futur. Comme cela tout le monde est au courant et personne ne pourra venir dire qu’il ne savait pas. On était tous d’accord : si on ne pousse pas maintenant, on ne poussera jamais ».

- Vincent Riou (PRB) : « Il fait trop chaud et les nuits rallongent. Ce n’est pas top. On s’était habitué à plus de jour. C’est quand même plus simple de régler ses voiles sans les lampes torches ou les projecteurs. Je n’aimerais pas faire le tour de l’Antarctique en plein hiver... Là, il fait gris, 18 nœuds de vent et PRB marche au vent de travers. Dehors, cela ne mouille pas trop ».

- Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) : « Je crois que j’ai cassé ma bôme le 7. On s’habitue à tout mais, quand j’ai remis ma grand-voile, j’ai pris un sacré coup de pied aux fesses. Je confirme, la grand-voile sert à quelque chose... Cela a été un sacré boulot, beaucoup de patience pour poncer toutes les pièces. C’est ce qui fait tenir. Ma réparation semble fonctionner. Cette nuit, j’ai fais du près avec 35/45 nœuds de vent avant de tout affaler après le passage d’un front hyper brutal. Le vent est rentré d’un coup, à 50/55 nœuds. Je n’ai pas voulu prendre de risques, ce n’est quand même pas de gaieté de cœur que j’ai affalé complètement la grand-voile. Maintenant que la bôme est plus courte, je ne pourrai naviguer au près qu’avec un seul ris, mais peut-être avec toute la toile au portant. On verra... Maintenant je vais m’attacher à bien négocier ce qui m’attend, afin de creuser l’écart avec ceux de derrière et de reprendre des milles à ceux de devant ».


Mercredi 19 janvier : Riou a franchi l’équateur 11 heures devant Le Cam • Wavre a failli perdre son mât • Humphreys puis Schwab au Cap Horn

Pas de changement du côté du trio de tête, si ce n’est que deux d’entre eux, Vincent Riou (PRB) et Jean Le Cam (Bonduelle) sont de retour dans l’hémisphère nord. Ils ont respectivement franchi l’équateur à 3 h00 ce matin et à 13h52. Soit un retard sur la ligne de 11 heures pour le skipper de Bonduelle. Mike Golding (Ecover), avant minuit, devrait à son tour entamer cette dernière ligne droite. Le Pot-au-Noir, puis les pièges de l’Atlantique Nord sont à même de pouvoir perturber l’agencement du trio de tête, au coude à coude depuis le Cap Horn. Un Cap Horn que vient de parer, à 2 heures du matin, l’anglais Conrad Humphreys (Hellomoto), suivi, 10 heures plus tard par l’américain Bruce Schwab (Ocean Planet). Tous deux ont un retard d’environ 16 jours sur la tête de course. Cette nuit, Dominique Wavre (Temenos) est passé tout près de la catastrophe. Son mât a failli tomber, suite à la rupture d’une de ses bastaques, câble en textile qui tient vers l’arrière l’espar haut de 30 mètres. Cette avarie contraint pour l’instant le suisse à lever légèrement le pied dans sa lutte au couteau face à Sébastien Josse (VMI) mais une réparation de fortune est en cours.

A 12h52 TU, soit 13h52 en France, après 73 jours et 50 minutes de navigation, Jean Le Cam (Bonduelle) a franchi en deuxième position l’équateur. Lors de la vacation, Jean était un brin fataliste, preuve que pour lui l’avenir météo n’offre guère de possibilité d’attaques dans les prochains jours. « Le Pot-au-Noir a l’air plus sympa que prévu, tant mieux pour Vincent. En ce moment, il n’ y a rien à faire, c’est l’entonnoir et on a tous choisi le même goulot. S’il y a des opportunités, on essayera bien évidemment quelque chose ». Mike Golding (Ecover) n’entrevoyait pas non plus de solutions immédiates. Pourtant, à la vue des cartes météorologiques, l’avenir semble bien mou devant les étraves, avec un alizé de nord-est faible, voir inexistant pour les jours qui viennent. A n’en pas douter, plus que jamais, la part d’intox est de rigueur en tête de course. Mais les voix un rien éteintes aujourd’hui de Jean Le Cam et de Mike Golding viennent peut être de l’implacable maîtrise dont fait preuve, une fois de plus, Vincent Riou (PRB). Trop occupé à la manœuvre, Vincent, une grande première, n’a pas répondu à la vacation du jour. Ce qui n’empêche pas l’analyse de sa superbe trajectoire puisque, sans perdre le moindre mille, il est venu se recaler sur la route de ses deux poursuivants. Il est bel et bien entre la marque, soit l’arrivée et eux. Comme le salut viendra de toutes les façons par le Nord, le leader est en parfaite position de contrôle, avec un joli matelas de 116 milles d’avance au classement de 16 heures, qui s’est traduit par 11 heures d’avance au passage de la ligne.

Deux passages au Cap Horn

C’est à 2h00 (heure française) que Conrad Humphreys (Hellomoto) a doublé le Cap Horn. Le cap de la délivrance pour l’anglais, après 72 jours, 12 heures et 58 minutes de course depuis le départ des Sables d’Olonne le 7 novembre dernier. Conrad comptait alors 3 840 milles de retard sur Vincent Riou (PRB) qui passait, à une heure près, l’équateur au même moment. 10 heures plus tard, l’américain Bruce Schwab (Ocean Planet) entrait à son tour dans les eaux de l’Atlantique. « Aujourd’hui, je suis passé pour la seconde fois au Cap Horn. La première, c’était en 2002/2003, à l’occasion de la course Around Alone (remportée par Bernard Stamm NDLR). Cette fois là, j’avais du m’arrêter aux îles Falkland pour réparer ma bôme cassée. Là, je ne suis pas obligé de m’arrêter, tant pis pour les amis de là-bas. Le temps est doux mais triste, le gris domine. Hier, avec les côtes de la Terre de Feu, c’était très spectaculaire. Je voyais la neige Neige #snow sur les sommets. Cela doit être un endroit fantastique pour faire de la croisière, mais ce n’est pas le but de cette aventure Aventure  ». Si Bruce passait le Cap Horn pour la seconde fois de sa carrière, Conrad le saluait pour la troisième fois. La première, c’était il y a maintenant plus de 10 ans, lorsque Conrad était un simple équipier sur le 60 pieds Odessa lors de la Whitbread 93/94. La deuxième fois, Conrad avait pris du gallon et skippait un bateau lors du Global Challenge 2000, la course autour du monde en équipage avec escales mais qui se dispute à l’envers, soit d’est en ouest. Conrad et Bruce sont passés tous deux avec 16 jours de retard sur Jean Le Cam, alors leader de l’épreuve. Ils ne sont plus que quatre à naviguer dans le Pacifique, avec un passage prévu de Karen Leibovici (Benefic) dans 10 jours environ.

- Nick Moloney (Skandia) : « Au passage du Cap Horn, j’étais très fatigué et depuis, je n’ai guère eu le temps de vraiment récupérer, avec toujours des problèmes d’énergie qui m’obligent à faire tourner toutes les heures le moteur. Là, dès que j’ai un moment, je me repose et pour la première fois depuis au moins trois semaines, j’ai pu écouter un peu de musique ».
- Sébastien Josse (VMI) : « Vincent contrôle. Il assure comme un roi et gère une avance confortable. Pour l’instant, c’est pour eux la ligne droite. Ils passent tous le Pot-au-noir au même endroit. Mais il y aura forcément des trucs à faire en Atlantique Nord. En ce moment, c’est monotone. Tu choques ou tu reprends 10 cm d’écoute. Il y a du soleil, la mer est plate et bien bleue. On est vraiment dans les Alizés et cela devrait durer encore 4 à 5 jours. Je viens de lire « Les Secrets de Lance Amstrong ». A la page 118, ils (les auteurs américains NDLR) disent que l’on se dope sur le Vendée Globe. Cela me fait bien marrer...Moi, je sais que je n’ai plus de sucettes... »
- Mike Golding (Ecover) : « Le regroupement que j’envisageais après le Pot-au-Noir n’a plus lieu d’être. On risque d’arriver aux Sables sur un seul bord (en tribord amure, celui sur lequel navigue en ce moment le trio de tête NDLR). Les conditions sont toujours aussi variables, avec un vent d’Est de 20 nœuds qui bascule beaucoup. Il fait trop chaud, trop humide et à bord, ce n’est pas très confortable ».
- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Il peut se passer des choses, où rien du tout d’ailleurs, cela dépendra de la météo. Bonduelle est un amour, mais tu ne passes pas deux mois et demi sur un bateau sans refaire le monde. J’ai appris énormément de choses et le marin que je suis a pris encore de l’assurance. C’est important pour les courses du futur ».


Jeudi 20 janvier : Pot-au-Noir sans encombre pour Vincent Riou • Golding revient à 51 milles de Le Cam

La remontée de l’Atlantique Nord, avec un anticyclone en reconstruction et un alizé de nord-est qui devrait à nouveau s’établir, s’annonce propice aux attaques. Mais cela n’est pas pour tout de suite. Au jour d’aujourd’hui, le grand vainqueur se nomme Vincent Riou (PRB), à peine ralenti par le Pot-au-Noir qu’il estime avoir franchi en fin de matinée. Ses deux poursuivants sont encore aux prises avec cette zone de convergence, avec avantage pour Mike Golding (Ecover) qui revient vite surJean Le Cam (Bonduelle). Au dernier classement de 16 heures, seulement 51 milles les séparent, contre 118 la veille. La nuit a été mouvementée pour certains, à l’image de Nick Moloney (Skandia) qui a affronté des vents de plus de 50 nœuds au large de Buenos Aires (Argentine). Devant l’australien, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) continue sa remontée laborieuse face à un vent de nord. Il a concédé quelques 90 milles sur la tête de course. Le seul à avoir vraiment le sourire se nomme Benoît Parnaudeau (Max Havelaar Best Western) qui va saluer demain, et pour la première fois de sa vie de marin, le Cap Horn.

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Mon papa faisait du bateau, peut-être que c’est lui qui m’a inculqué ça...et peut-être que je ne sais pas faire autre chose... C’est pas mal, on voyage, on avance avec le vent. Il y a tout : du désespoir, de la colère, des bonheurs à plus savoir qu’en faire, des joies, des pleurs, des couleurs... Cette nuit, j’ai gueulé comme jamais contre les nuages noirs au dessus de ma tête... cela ne les a pas fait partir, bien au contraire... »

- Vincent Riou (PRB) : « Au jour d’aujourd’hui, je suis sûr de n’avoir rien perdu avec le passage du Pot-au-Noir. Je vous dirais dans 10 jours si c’est un scénario idéal. Je ne sais pas combien de temps on va mettre pour remonter jusqu’au Sables. J’essaye de me libérer la tête des autres et je ne peux pas penser à l’arrivée tant que je n’arriverai pas à matérialiser le temps qu’il nous reste. Casser une bastaque comme cela vient de se produire pour Wavre (Temenos), cela peut arriver à tout moment. Le stress de la mécanique ne me lâchera qu’aux Sables d’Olonne. Devant, c’est un vrai merdier et je ne sais pas du tout ce qu’il peut se passer ».

- Dominique Wavre (Temenos) : « J’ai du immobiliser le bateau deux à trois heures pour effectuer une réparation de fortune. Je vis maintenant avec une épée de Damoclès sur ma tête. C’est du bricolage et je dois faire très attention au mât. Je ne peux et je ne veux plus naviguer comme si de rien n’était. Cela impose des réglages un peu bizarres. Je prends des ris plus tôt pour garder une chute de GV toujours bien tendue. En ce moment les conditions sont agréables, faciles, mais nous allons vers très peu de vent. Entre la corne du Brésil et l’équateur, cela semble bien mou ».

- Raphaël Dinelli (Akena Verandas) : « Je suis dans le brouillard total. Je ne vois même pas ma tête de mât. C’est étrange. Hier, il y avait du soleil et j’ai pu faire le tour du bateau, ouvrir et aérer tous les compartiments. Tout est OK... Je suis un peu inquiet car les fichiers annoncent une zone sans vent sur la route qui s’établirait juste après la passage d’un front que l’on va subir demain. Cela risque donc de retarder notre arrivée sur la Cap Horn. Normalement, si tout va bien, je devrais passer dans 7 jours... »

• CLASSEMENT DU 20/01/05 13:00 GMT (14H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart
- 1 PRB VINCENT RIOU 2828,1 0,0
- 2 BONDUELLE JEAN LE CAM 2954,3 126,2
- 3 ECOVER MIKE GOLDING 3005,8 177,6
- 4 VMI SEBASTIEN JOSSE 3957,1 1129,0
- 5 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 3991,3 1163,2
- 6 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 5405,1 2577,0
- 7 SKANDIA NICK MOLONEY 5750,1 2921,9
- 8 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 6082,6 3254,5
- 9 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 6658,0 3829,8
- 10 OCEAN PLANET BRUCE SCHWAB 6820,5 3992,4
- 11 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 7216,6 4388,5
- 12 ROXY ANNE LIARDET 8512,6 5684,5
- 13 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 8769,8 5941,6
- 14 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 9154,5 6326,3


Vendredi 21 janvier : Vincent Riou gagne 56 milles en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures face à Jean Le Cam • Benoît Parnaudeau a franchi le Cap Horn ce matin à 8h00

Un anticyclone en formation sur la route pour corser les débats, voilà la situation météorologique pour le trio de tête. Si Vincent Riou (PRB) a encore accru son avance lors des dernières 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , le suspens reste entier en raison de cette masse sans vent qu’il va falloir traverser. En toute logique, le leader devrait être le premier à ralentir, permettant ainsi à Jean Le Cam (Bonduelle) et à Mike Golding (Ecover) de regagner de précieux milles dans les deux prochains jours. Tous deux sont enfin sortis du Pot-au-Noir. Pour l’instant, une seule issue se présente pour les trois premiers : monter au mieux dans le nord, face à un flux de nord-nord-est qui impose une navigation pénible au près serré. A encore plus de 500 milles de l’équateur, Sébastien Josse (VMI) conforte son avantage sur Dominique Wavre (Temenos) relégué maintenant à 52 milles. Plus au sud, une régate est en train de monter en intensité entre Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), Nick Moloney (Skandia) et Joé Seeten (Arcelor Dunkerque). En jeu Jeu #jeu  : la sixième place au classement général.

A 8 heures de matin, Benoît Parnaudeau (Max Havelaar Best Western) est entré à son tour dans la confrérie des « Cap Horniers ». “ J’ai passé le Cap Horn au prés dans du petit temps, 7 à 8 noeuds de vent. Le jour venait de se lever et je suis passé juste à côté... J’ai entendu du monde à la VHF, j’ai vu les montagnes de la Terre de Feu avec de la neige Neige #snow dessus. La dernière terre que j’avais vue était les îles du Cap-Vert ! ». Son temps de course au passage de l’île Horn : 74 jours 17 heures et 58 minutes de navigation. Quatre ans plus tôt, sur ce même bateau, le basque Didier Munduteguy, présent à la vacation radio, rappelait qu’il avait mis 93 jours et que ce jour là, Michel Desjoyeaux arrivait aux Sables d’Olonne. Derrière lui, un autre concurrent encore en course : l’italien Pascale de Gregorio qui finira l’épreuve en 158 jours et 2 heures. Comme quoi les retards actuels d’Anne Liardet (Roxy), de Raphaël Dinelli (Akena Verandas) et de Karen Leibovici (Benefic) correspondent au bien au « vécu » du Vendée Globe. Karen Leibovici est en effet attendue au Cap Horn dans les mêmes temps où le premier devrait en finir avec sa boucle. Rappelons pour mémoire que cette situation semble fort courante. Lors de la première édition, sur l’ancien Pen Duick III, Jean-François Coste quittait les mers du sud alors que Titouan Lamazou en était encore à sabrer le champagne. « Combien de jours avait mis Lamazou au Cap Horn ? 76 jours ! C’est extra, il ne me reste plus qu’à faire une belle remontée de l’Atlantique pour arriver avant les 109 jours de Titouan. Pour moi, Lamazou c’est une référence. C’est quand même le premier à avoir bouclé le Vendée Globe et je navigue sur un bateau de la même génération que le sien. Le mien a été mis à l’eau en 1990... C’est symbolique comme pari mais c’est important pour moi ! », conclue un Benoît en pleine forme. Il finissait sa deuxième « fillette » de champagne et avouait volontiers connaître un léger début d’ivresse...

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Ce n’est pas encore l’alizé, ce n’est pas encore claire et net, mais cela vient. C’est sûr, par rapport à l’aller, le Pot-au-Noir a été cette fois moins actif, mais j’ai eu quand même des grains. J’ai pu prendre une douche, avec savon, rinçage et tout. Cela doit être ma dixième depuis le départ, mais toutes ont été prises sous ces latitudes, sinon c’est lingettes pour bébé ».

- Bruce Schwab (Ocean Planet) : « Le Cap Horn et le détroit de Lemaire ont été sympas avec moi, mais là, c’est l’horreur. Je suis au près avec un vent qui passe de 10 à 40 nœuds, une mer grosse. Cela secoue tellement que je n’arrive pas à me tenir debout. J’ai voulu passer dans l’ouest de la dépression qui n’a pas bougé comme prévu. Je suis très fatigué, je m’endors sur le téléphone. J’ai beaucoup manœuvré, changé de voiles. Le sud était beaucoup plus facile que maintenant ».

- Vincent Riou (PRB) : « C’est brumeux, on voit rien, 2 à 3 milles de visibilité maximum. Je suis au près mais c’est moins fort qu’hier. Là j’ai 20 nœuds, avec 1 ris et la trinquette. J’ai beaucoup changé entre la trinquette et le solent. A chaque fois, c’est un mille de perdu puisque je me mets plein vent arrière pour rouler et dérouler les voiles. Cela fait 6 à 7 jours que nous sommes sur tribord et cela va durer encore un certain temps. Là, on remonte au nord, il n’y a pas de question à se poser et les autres n’auront pas d’autres alternatives non plus. J’ai encore 48 heures avant de faire des choix ».


Samedi 22 janvier : Le trio de tête fait route au près serré face à l’alizé de nord-est • Jean Le Cam vient de se recaler devant Mike Golding

A 10 nœuds de moyenne, mais avec seulement 8 nœuds de progression utile par rapport à l’arrivée, Vincent Riou (PRB), Jean Le Cam (Bonduelle) et Mike Golding (Ecover) continuent leur laborieuse progression face à l’alizé de nord-est. L’heure n’est pas aux grandes manœuvres même si Jean Le Cam a choisi de couvrir son adversaire direct Mike Golding (Ecover), en se glissant à 37 milles devant son étrave. « Ma stratégie ? » lâche Jean à la vacation du jour. « Et bien quand j’élabore une stratégie, six heures après, tout tombe par terre. A droite, c’était pas terrible, donc je suis parti dans l’ouest. La situation a pas mal évolué quand même et elle s’ouvre devant PRB... En plus, en étant devant Mike je garde le contrôle... ».

Karen Leibovici à bord de Benefic
Photo : K. Leibovici / Benefic

Ainsi, tous les routages et les modèles météo indiquent pour le moment qu’il faut gagner dans le nord tout en privilégiant le côté ouest du plan d’eau. « Pour la suite, nous avons une grosse zone de hautes pressions devant nous » explique Vincent. « A priori, il n’y a pas de route à se dégager dans l’est. Ce serait plutôt dans l’ouest mais c’est un peu tôt pour le dire ». Quoi qu’il en soit, tous doivent avoir à l’œil cet anticyclone placé dans leur nord-ouest. L’alizé devrait faiblir puis le vent passerait au nord puis au nord-ouest, le rêve étant d’attraper ensuite la bordure sud d’une dépression générant des vents d’ouest puis de sud-ouest qui propulseraient alors les bateaux au portant vers l’arrivée. Une éventualité dont pourrait bénéficier le bateau le plus nord de la flotte soit... Vincent. Occupé à la manœuvre, Mike Golding a fait savoir qu’il ne viendrait pas à la vacation du jour. Il faut dire que maintenant, Jean et son Bonduelle sont juste dans son étrave. 37 petits milles d’écart qui vont être un véritable speed-test entre ces deux bateaux de conception différente. A n’en pas douter, Mike compte montrer l’efficacité redoutable de son Ecover au prés d’ici l’arrivée. Une arrivée aux Sables d’Olonne qui est maintenant prévue entre le lundi 31 janvier et le mardi 1er février.

- Vincent Riou (PRB) : « Je suis au près et fais du saut de vagues dans un vent assez soutenu. Mon quotidien, c’est de surveiller le bateau et de faire tout ce que je peux pour le faire avancer. Mais avant tout, je surveille la météo, c’est la priorité du moment. On rentre dans des zones où la mer n’est pas propre. Ce matin, j’ai rencontré un objet flottant non identifié... Comme quoi, rien n’est jamais fini. Le choc s’est passé à l’avant, à bâbord, sous le vent. Je n’ai rien vu, je ne sais pas ce que c’était. Plus l’arrivée approche, plus le stress mécanique augmente. Ce serait dommage que cela s’arrête là. Jusque là, on a bien tiré sur les bateaux. »

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Le vent est plus régulier qu’hier et, de ce fait, c’est plus agréable. Je ne sais pas vraiment si mon standard F marche. Hier j’ai essayé et cela ne marchait pas. Quand j’arrive à le choper ce satellite, j’en profite ! Mais ce n’est pas un gros handicap pour moi. Je ne vais même plus voir les classements, je me contente des fichiers vent. J’ai croisé un cargo hier. Il venait d’Italie et allait au Brésil. Nous avons même parlé ensemble. C’était sympa... Autrement, il y a plein de petits poissons volants. Ils ont dû faire des petits depuis la dernière fois que je suis passé ! ».

- Joé Seeten (Arcelor Dunkerque) : « Les journées passent très vite. J’ai 21 nœuds de vent et je me prépare à envoyer mon grand gennaker pour la première fois depuis très longtemps. J’ai fait tout le sud sous trinquette et ORC. J’ai fait des économies jusque là et il me reste quelques voiles de portant et là, je le sens bien ! Je n’ai jamais eu la possibilité de m’exprimer vraiment comme je le voulais et dans le Sud, il y a avait des moments où mes camarades allaient plus vite car ils avaient la bonne toile. Hier, j’ai passé les 40e et la transition est magique depuis trois jours ».


Dimanche 23 janvier : Sébastien Josse et Dominique Wavre approchent de l’équateur

Au large des îles du Cap Vert, le trio de tête navigue en file indienne dans l’alizé de nord-est faiblissant. Le resserrement attendu est en train de se réaliser, mais les écarts devraient, dès aujourd’hui, se stabiliser. Si Vincent Riou (PRB) a perdu 13 milles dans la nuit, Jean Le Cam (Bonduelle) contient parfaitement Mike Golding (Ecover) dans son sillage. Devant les étraves, toujours un anticyclone à contourner ou à traverser. Le vent faiblit mais devrait également s’orienter nord, puis nord-ouest.

• CLASSEMENT DU 23/01/05 04:00 GMT (05H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart
- 1 PRB VINCENT RIOU 2358,7 0,0
- 2 BONDUELLE JEAN LE CAM 2509,4 150,6
- 3 ECOVER MIKE GOLDING 2552,5 193,8
- 4 VMI SEBASTIEN JOSSE 3266,0 907,2
- 5 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 3312,3 953,6
- 6 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 4797,8 2439,0
- 7 SKANDIA NICK MOLONEY 5205,8 2847,1
- 8 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 5492,1 3133,4
- 9 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 6059,6 3700,8
- 10 OCEAN PLANET BRUCE SCHWAB 6359,5 4000,8
- 11 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 6704,3 4345,6
- 12 ROXY ANNE LIARDET 7831,5 5472,7
- 13 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 8097,9 5739,1
- 14 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 8639,5 6280,7


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