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Calais Round Britain Race

Golding mène la course aux Shetlands

Speedomètres bloqués à 20 nœuds pour les monos

jeudi 26 mai 2005Redaction SSS [Source RP]

Des vagues, du soleil, des surfs à 25 noeuds, des embruns, de l’adrénaline et quelques petites frayeurs. Ce n’est pas Hawaï, c’est l’Atlantique Nord ! Depuis 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , les monocoques frôlent l’excès de vitesse Vitesse #speedsailing et n’échappent pas aux dérapages incontrôlés. A la hauteur des Shetlands, à 660 milles de l’arrivée, Ecover ouvre la voie devant Bonduelle , Sill et Veolia et Virbac-Paprec. A 18h30, ils auront atteint Muckle Flugga, point culminant du parcours situé par 61° nord.

Speedomètres bloqués à 20 nœuds, pilotes rivés à leur barre, les monocoques de la Calais Round Britain Race avalent les milles à toute vitesse Vitesse #speedsailing . Les équipages naviguent sur le fil du rasoir avec un plaisir mêlé de stress et une excitation teintée de fatigue.

Les récits de départs à l’abattée, de spis explosés, d’enfournements, de petites ou grosses frayeurs ont en effet animés la vacation de midi. Jean Luc Nélias à bord de Sill et Veolia : « Nous sommes partis à l’abattée sous spi max avec 40 nœuds de vent. On a failli faire le « grand casino , et je peux vous dire que tout le monde a eu les genoux qui s’entrechoquaient ! ». Victime de plusieurs incidents de ce genre, l’équipe de Roland Jourdain a d’ailleurs mis la pédale douce cette nuit, laissant le duo de tête prendre un peu d’avance. Toutefois, personne n’a échappé aux figures libres.

Graham Tourell à bord d’Ecover : « le bateau est parti à l’abattée, le spi a explosé et on a dû tout couper. Les morceaux de spi doivent flotter quelque par autour de îles Orcades (archipel situé au nord de l’Ecosse). ». Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) confirmait : « On s’est fait quelques frayeurs cette nuit... ce n’est pas de tout repos . »

« A la barre, c’est rock and roll »

A la mi journée, le vent de sud-ouest oscillait entre 25 et 35 nœuds, la mer était formée mais courte, d’où le risque permanent de planter les étraves dans les vagues. « A la barre, c’est parfois rock and roll parce qu’on enfourne beaucoup. » précisait Kito de Pavant (Bonduelle). Du coup, les barreurs doivent se relayer fréquemment pour ne pas fatiguer. Toutes les deux heures en moyenne sur Bonduelle, voire toutes les demi-heures sur Ecover.

Quant à l’équipage, il doit être en mesure d’intervenir à tout moment car la moindre manœuvre monopolise les cinq hommes du bord. L’exercice est donc aussi réjouissant que fatigant, d’autant que depuis le départ, les conditions de navigation n’ont jamais été clémentes.

Ce matin, seule l’équipe d’Ecover, motivée par sa nouvelle place de leader, semblait relativement en forme. « Notre objectif est de garder Bonduelle à distance tout en continuant à naviguer prudemment ». Et jusqu’à présent Mike Golding et ses hommes maîtrisent bien la partie puisque les écarts restent stables avec leurs poursuivants.

A ce rythme (plus de 300 milles avalés en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures ), les première arrivées de la Calais Round Britain Race pourraient bien avoir lieu dimanche matin. Dès ce soir, les concurrents vont entamer leur descente en Mer du Nord. Et ces 600 milles de navigation jusqu’à Calais pourraient encore réserver quelques surprises tant la météo est incertaine. La course est loin d’être finie !

La chronique de Vincent Riou : « une course de sanglier »

« La dépression qui concernait les équipages hier est restée davantage dans l’ouest des bateaux. Du coup, ils ont du portant fort. A partir de là, ça devient une course de sangliers : il ne faut rien lâcher. Les vitesses sont impressionnantes et quand on avance aussi vite au portant, c’est beaucoup de stress, tout simplement parce que c’est dangereux : les sorties de route peuvent coûter très cher. Les marins doivent vivre en ce moment un mélange d’angoisse et de plaisir... ce sont des moments super sur ces bateaux. Mais la moindre erreur se paye comptant. Lorsqu’on empanne dans la brise avec ces grands spis, le moindre grain de sable peut-être fatal. Pour l’équipage, c’est à coup sûr très fatigant. Il faut tourner beaucoup sur le pont, raccourcir la durée des quarts et il est difficile de se reposer. J’imagine que l’équipage doit être prêt à intervenir pour manœuvrer et rester en veille dans la descente en ciré ; ce ne sont pas des conditions idéales pour dormir ! C’est toujours pareil, on est toujours content de faire du portant dans la brise, quand ça avance vite, on y prend beaucoup de plaisir. Mais lorsque ça dure plus de 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , on commence à avoir hâte que ça se calme ! Tant que ça ne mollit pas, les équipages devront donc rester vigilants. Car depuis le début de la course, ils n’ont jamais eu des conditions faciles. En tout cas, c’est une superbe régate. »

Classement à 16h00

Rang Nom du bateau Latitude Longitude Vit. Cap Dist. arrivée Dist. du 1er
- 1 Ecover 60 32.52’ N 2 06.36’ W 18.8 44 662.00 0.00
- 2 Bonduelle 60 21.60’ N 2 21.52’ W 17.2 47 668.80 6.70
- 3 Sill & Veolia 60 18.78’ N 2 16.55’ W 19.1 45 678.70 16.70
- 4 Virbac-Paprec 60 16.84’ N 3 10.32’ W 16.8 50 697.70 35.60


Voir en ligne : www.calaisroundbritainrace.com


- Graham Tourell, Ecover : « Nous avons de super conditions de navigation avec 25 nœuds de vent, nous surfons à 18 nœuds sous le soleil. Le problème c’est que les vagues sont assez rapprochées et que lorsqu’on part en surf, on a de grande chance de planter dans la vague de devant. Ce n’est pas facile pour le barreur. Du coup, nous changeons de « pilote » toutes les demi-heures. On peut voir Bonduelle à l’horizon derrière nous qui navigue sur le même bord que nous, en bâbord. Pour le moment, il est bien là où il est ! Notre objectif est de le garder à distance et de naviguer prudemment. Maintenant, nous naviguons sous grand-voile haute et avec un code 0 (grand génois). Tout le monde a le moral à bord et nous nous organisons bien pour nous reposer. »

- Kito de Pavant, Bonduelle : « Jean est à la barre, tout va bien. Nous avons entre 35 et 40 nœuds de vent et une mer formée. On va marcher comme ça à 20 nœuds de moyenne jusqu’aux Shetlands ! C’est un peu chaud, on est monté à 25 nœuds sous spi, d’ailleurs on l’a affalé juste après. Maintenant, on va comme des balles sous gennaker avec deux ris dans la grand-voile. On se relaie le plus souvent possible, en moyenne toutes les deux heures. Ce matin, c’était la guerre sur le bateau, on est partis au tas sous spi, on a pas mal manœuvré et on est un peu fatigué. Mais tout ça, c’est quand même bien agréable sous le soleil. »

- Jean-Luc Nélias, Sill et Veolia : « On déboule et l’équipe sur le pont est en train de prendre son pied à surfer ! Ce sont des conditions indispensables pour faire d’une course une belle course ! Nous avons affalé notre spi et c’était chaud, chaud ! Depuis hier soir, nous avons pas mal manœuvré et nos empannages étaient très longs. Car pour empanner, nous prenions des ris, nous affalions le spi ou roulions le gennaker. Hier après-midi, nous avons eu un petit souci sur le spi. Dans un empannage raté, il est ressorti avec un nœud et nous avons perdu beaucoup de temps à démêler le problème. Ensuite, nous sommes passés sous petit spi et nous y sommes restés trop longtemps. »

- Jean-Pierre Dick, Virbac-Paprec : « On est en train de réduire la toile car nous avons beaucoup de vent : 35 nœuds. Les vitesses sont proches de 20 nœuds et on ne peut pas se permettre la moindre erreur à la barre. Là, nous faisons la route directe alors que les autres se sont un peu décentrés, on verra bien ce que ça donne dans quelques heures. »



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