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Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

TROPHEE JULES VERNE

Orange se met à la cape

Peyron : "Il faut avant tout préserver le bateau !"

dimanche 24 mars 2002

" Pas le temps à la prose / grains à 65 noeuds / mer blanche / calmons le jeu Jeu #jeu / oublions le chrono pour un instant..." : le style télégraphique de Bruno Peyron dans son mail du jour laisse imaginer les conditions de navigation rencontrées par le maxi-catamaran Orange. L’Océan Indien continue de hausser le ton et Bruno a décidé de lever le pied, soit " d’arrêter " le bateau et de se mettre à la cape. "Il faut avant tout préserver le bateau et perdre une journée n’est rien dans la quête du Trophée Jules Verne lâche-t-il à la vacation du jour. Il faut que l’on attende que la mer se calme... "

Les creux flirtent avec les 10 mètres, les déferlantes recouvrent le cockpit engloutissant les hommes de quart rivés à la barre et aux écoutes, la mer fume et se zèbre de longues traînées blanches et le vent souffle à 65 noeuds soit entre 110 et 120 km/heure dans les rafales... Pas de doute, mieux vaut être un albatros qu’une coquille de noix, même de 34 mètres, dans de telles conditions !

" Lorsque tu commences à faire des surfs à 33/34 noeuds, que tu as des rafales de vent à plus de 60 noeuds, que les creux sont de 10 mètres avec des fréquences qui ne dépassent pas les 150 mètres et que tu rajoutes en plus une mer croisée qui t’arrive sur le côté... Il faut calmer le jeu Jeu #jeu  ! lâche Bruno à la vacation. Donc on a décidé de se mettre au parking soit à la cape... Juste le temps que la mer se calme un peu. Nous avons trop tiré sur le bateau depuis 48 heures et ce n’est pas comme cela que l’on boucle un tour du monde. De plus, il fallait faire un check complet du bateau ".

Chose dite, chose faite, le bateau a profité de la bonne série de vagues et s’est mis bout au vent vers 6 heures du matin, laissant le gros de la tempête passer. L’équipage en a profité pour faire le tour du propriétaire suite à ces deux jours de gros temps et ne constatera que des avaries mineures (problèmes de connexions électriques) toutes réparées dans la matinée.

Mais comment sortir de ce " merdier " dixit Bruno Peyron ?" Récapitulons la situation analyse de son côté Gilles Chiorri. Premièrement, la dépression qui était dans notre sud-est a ralenti. Deuxièmement, comme nous nous déplacions plus vite qu’elle, nous l’avons rattrapé. Troisièmement, l’anticyclone qui est derrière nous a gonflé. Entre les deux systèmes météo, le vent est monté en puissance et au lieu d’avoir 40 noeuds, nous en avons eu 60 avec une mer dangereuse. Nous avons laissé passé le plus dur et nous avons remis de la toile depuis une heure maintenant (ndlr : soit vers 12heures). Nous naviguons actuellement sous grand voile à trois ris et faisons route au sud ".

Faire le dos rond et oublier le chrono le temps de quelques heures était donc la décision la plus sage. Le maxi-catamaran Orange se trouve ce midi à environ 1000 milles des îles Kerguelen et a repris cet après-midi une route normale soit au sud-est.

Ils ont dit :

Bruno Peyron : " Naviguer dans 50 noeuds de vent n’est pas un problème avec ce type de bateau ? C’est de naviguer dans cette mer qui en est un ! C’était une véritable bouilloire ".

Benoît Briand : " Lorsque tu est à la barre dans de telles conditions, il y a des moments où tu perds le contact avec le bateau pendant une dizaine de secondes parce que tu te fais entièrement recouvrir par l’eau. Tu n’es plus sur l’eau, t’es sous l’eau !"

Gilles Chiorri : " Le monde Orange a quelques crêtes blanches en ce moment. Pendant mon quart, j’ai eu 56 noeuds de vent et nous avons fait un surf Surf #Surf à 36 noeuds. C’est dur, c’est humide, c’est violent et c’est physique ! "

Pierrick Garenne / Mer & Media / Orange

Voir la carte du tour du monde : Geronimo vs Orange



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