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Solitaire du Figaro • étape 1

Fabien DELAHAYE : "C’est ma première victoire d’étape, et en plus, c’est chez moi !"

mardi 2 août 2011Information Solitaire du Figaro

Le local de l’étape, le Normand Fabien Delahaye, a fait la différence dans les vingt derniers milles de cette première étape de La Solitaire du Figaro Solitaire du Figaro #LaSolitaire Eric Bompard Cachemire. Alors que le peloton leader se voyait contraint de mouiller au large de Barfleur, certains solitaires ont pu décrocher l’ancre un poil plus tôt pour retrouver au petit matin des conditions plus favorables, mais les trente premiers restent groupés en moins d’une heure... Le premier bizuth s’offre une belle cinquième place, Xavier Macaire (Starter Active Bridge) réalise un superbe parcours.

Il fallait être patient et ne jamais relâcher son attention sur cette première étape raccourcie de 27 milles du côté de l’arrivée à Ouistreham. 293,1 milles donc dans une brise plutôt légère, voire parfois quasiment inexistante, mais l’angoisse de se retrouver bloqué par les grandes marées le long des côtes anglaises n’a pas eu lieu d’être. Dès le départ, un trio imposait son rythme avec un leadership successif entre Nicolas Lunven (Generali), le plus prompt pour passer la bouée de dégagement Radio France, Jérémie Beyou (BPI) et Thomas Rouxel (Bretagne Crédit Mutuel Performance) qui virait en tête la dernière marque britannique au large des Needles, Fairway. En fait, la flotte est très longtemps restée groupée et la première traversée de la Manche entre Perros-Guirec et la bouée Hand Deeps au large de Plymouth, n’a pas réellement créé d’écart. Sous spinnaker serré jusqu’aux côtes britanniques, la meute ne s’est pas vraiment dispersée, restant sur la route directe à 8 nœuds de moyenne.

Zone névralgique à Anvil Point

La crainte d’arriver contre le courant de marée descendante s’est envolée quand la brise s’est établie de secteur Sud-Ouest pour aller parer Start Point puis Portland Bill, les deux pointes anglaises les plus délicates à négocier en raison des forts courants et des effets de côte. Certes il y a eu des ralentissements, en particulier avant de parer la presqu’île de Weymouth quand la brume couvrait encore la flotte et que le vent s’essoufflait au matin de lundi. Les trois leaders suivaient toujours la route la plus directe et ceux qui s’en écartaient en anticipant des calmes et la renverse de marée dans la baie de Poole, perdaient souvent du terrain. Mais là encore, les concurrents n’étaient dispersés que sur une douzaine de milles.

Changement de décor lorsque la marée descendante s’installa devant Anvil Point à la mi-journée de lundi ! Toujours sous spinnaker, la flotte profitait alors du retour du soleil et en parallèle, d’une brise thermique qui s’installait pour une douzaine de nœuds : suffisant pour affronter un jusant qui atteignait parfois 3 nœuds, mais aussi provoquant une coupure dans la meute puisqu’une vingtaine de solitaires étaient alors décrochés. Même si le triumvirat de tête conservait sa position, rien n’était joué au vu des écarts insignifiants qui séparaient les vingt-cinq premiers (4 milles !). Quelques uns tentaient leur chance en jouant une trajectoire « terrestre » dans la baie de Poole (Pellecuer, Dalin, Nicol, Rivet, Lagravière) quand d’autres optaient pour le large (Ruyant, Loison, Svilarich, Chabagny), mais au final, tout le monde convergeait sur la bouée de Fairway avec peu d’écart : vingt-cinq solitaires en moins d’une demie heure… Toujours emmenés par le trio Rouxel-Lunven-Beyou !

Troisième tranche, deuxième Manche, premier tri

Les 100 derniers milles représentant le dernier tiers du parcours scindé en trois tranches égales (Perros-Guirec-Start Point, Start Point-Needles, Needles-Ouistreham) étaient aussi une deuxième traversée de la Manche… Et la surprise vint au plein cœur de la nuit quand la marée descendante commença à repousser les solitaires vers la pointe de Barfleur avec très peu de vent et plus de 2 nœuds de courant. La plupart des concurrents durent mouiller quelques temps pour ne pas se faire avaler vers la presqu’île du Cotentin et cette redistribution des cartes fut quelque peu aléatoire puisqu’à quelques encablures les uns des autres, certains restèrent coincés quand d’autres progressaient difficilement à 2 nœuds. La bouée de Cussy, au milieu de la baie de Seine, établissait ainsi une nouvelle hiérarchie quand la marée montante et une petite brise de secteur Est permettaient enfin de faire route vers l’arrivée, la Direction de Course ayant décidé de « shunter » le zigzag final devant Ouistreham.

Profitant de sa connaissance du plan d’eau, le Normand Fabien Delahaye (Port de Caen-Ouistreham) prenait la direction des opérations, poursuivi de près par Gildas Morvan (Cercle Vert) et Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls), le premier « bleu » Xavier Macaire (Starter Active Bridge) s’incrustant à une belle quatrième place. Ne restait plus qu’à tenir sa position jusqu’à l’arrivée située à une vingtaine de milles de la bouée de Cussy… Mais si les quatorze premiers optaient pour la route directe, leurs poursuivants emmenés par Jeanne Grégoire (Banque Populaire) choisissaient de pointer plein Est pour bénéficier d’un courant de marée montante plus fort. Une redistribution des cartes était encore possible !

Un final à rebondissements !

Après le passage de la bouée de Cussy à 20 milles de l’arrivée, certains solitaires ont pourtant tenté des options pour se démarquer derrière le trio leader. Ainsi Laurent Pellecuer (Atelier d’Architecture Jean-Pierre Monier) se glissait plus au Sud tandis que Nicolas Lunven et Erwan Tabarly (Nacarat) se décalaient dans le Nord de la route directe. Quant au deuxième groupe de poursuivants à partir du quinzième et emmené par Jeanne Grégoire (Banque Populaire), il piquait plein Est pour profiter d’un courant de marée montante plus fort… Mais sur la zone d’arrivée devant Ouistreham, la brise était de secteur Sud entre 3 et 5 nœuds ! De quoi redistribuer les cartes une nouvelle fois.

Mais à moins de 5 milles de l’arrivée, le vent s’établissait sur toute la zone de secteur Est 5 à 7 nœuds, ce qui ne provoquait que quelques légères modifications hiérarchiques : tous les solitaires se focalisaient plutôt sur l’écart en temps par rapport au premier car les minutes s’égrainaient vite… Ce retour à des conditions stables permettait ainsi à plus de trente skippers de maintenir un delta inférieur à une heure, ce qui reste « acceptable » quand trois autres étapes sont encore à courir. Fabien Delahaye acquiert par cette victoire, un ascendant psychologique non négligeable pour la suite, surtout par rapport à certains favoris comme Frédéric Duthil (Sepalumic) à 27’, Thierry Chabagny (Gedimat) à 29’, Adrien Hardy (Agir Recouvrement) à 54’...

Du côté des « novices », l’ex-Ministe Xavier Macaire frappe fort en terminant cinquième et en remportant le classement Bénéteau des Bizuths tandis que le Britannique Phil Sharp s’adjuge la septième place : superbe résultat puisqu’ils relèguent le troisième, Thomas Ruyant à près de vingt minutes…

Ils ont dit

Fabien Delahaye (Port de Caen Ouistreham) 1er

« C’est ma première victoire d’étape, et en plus, c’est chez moi ! Super. La nuit dernière était le moment clé de l’étape, même s’il fallait être en permanence dessus, naviguer bien tout le temps et rester dans les bons coups. J’étais globalement toujours bien placé malgré un passage de Portland Bill assez difficile pour moi : j’ai réussi à revenir dans le match et sur le rush final en Manche, je m’en sors bien avec Gildas. J’ai en plus pu creuser un peu l’écart entre la bouée de Cussy et l’arrivée : je sais que La Solitaire se joue au temps cumulé et chaque seconde compte… Comme Gildas, je n’ai pas mouillé car il y avait 48 mètres de fond et c’est peut-être ce choix qui a été décisif. J’ai préféré me laisser déporter par la marée en gagnant petit car je savais que le courant aller s’inverser au matin : je n’allais peut-être pas au bon endroit mais je profitais de petites bouffées d’air qu’il ne fallait pas rater ! Car je ne pense pas que ma connaissance du plan d’eau à l’arrivée soit meilleure que d’autres concurrents… »

Gildas Morvan (Cercle Vert) 2e

« Toute l’étape a été assez dure parce que si la première nuit pour traverser la Manche a été agréable sous spinnaker, la suite a été plus compliquée. A partir de Hand Deeps en Angleterre, le vent tamponnait à terre, puis ça a molli : il a fallu empanner et manœuvrer sans arrêt. Mais le summum a été la nuit dernière, au milieu de la Manche quand la brise s’est écroulée et a commencé à tourner dans tous les sens ! Il n’y a pas eu un moment de répit, mais j’ai décidé de ne pas mouiller a contrario de certains. J’ai préféré attendre le dernier moment sous spinnaker parce qu’on ne sait jamais vraiment quand le vent revient si on est au mouillage : c’est très dur de repartir… J’ai attrapé une petite risée qui m’a porté en tête du paquet à l’approche de la dernière bouée de Cussy. Fabien a réussi à s’extraire du peloton probablement avec un peu plus de vent, et il a pu me dépasser au moment opportun puisque c’était juste avant Cussy : ensuite, le courant était favorable et le vent s’est établi. Vu les conditions annoncées, l’écart au premier n’est pas rédhibitoire mais une minute reste une minute ! »

Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls) 3e Troisième de la première étape, Jean-Pierre a fait le yoyo dans le classement après un excellent départ… et une excellente fin de parcours.

« Enorme cette étape ! C’était une étape avec plein plein de pièges. Je devais faire attention à ne pas me faire prendre. Sur le papier c’est facile à dire mais quand on est au bout du rouleau, avec la fatigue… Moi, en particulier, les premières nuits j’ai du mal à gérer. Après, on rentre dans des spirales négatives. Du coup, j’ai bien dormi pour essayer de remettre tout ça à l’endroit et quand je me suis réveillé, j’ai constaté les dégâts, j’ai vu que j’étais très loin. Ce n’était pas l’entrée en matière rêvée. Mais vu tout ce que j’ai bossé cet hiver, comme je me suis fait mal aux entraînements, dans les salles de préparation, en briefing, je crois qu’à un moment, il y a tout cela qui ressort. Je n’ai pas lâché l’affaire. J’avais comme objectif de limiter l’écart au maximum avec les premiers mais pas d’aller chercher un podium ou une victoire. J’étais très loin de ça vu ma place sous les côtes sud anglaises. Et puis je ne sais pas ce qui c’est passé. La dernière nuit, j’avais la forme et tout s’est passé comme dans un rêve. Dès que j’allais à un endroit, je gagnais des places et puis voilà, au petit matin, je pouvais jouer la gagne. Je n’en reviens toujours pas. Pour moi, ce sera une étape de référence. Je n’ai pas mouillé, j’ai traversé la flotte sous spi. Je ne comprenais pas, je voyais les mecs arrêtés autour de moi. J’avais une espèce de risée qui me portait. Je n’ai pas tout compris. Je dois avoir une bonne étoile en ce moment. Je vais essayer de la garder parce que commencer une Solitaire comme ça… derrière, il faut que j’assure. »

Xavier Macaire (Starter Active Bridge), 5e et 1er bizuth

« La dernière nuit, j’ai fait une belle remontée. J’avais commencé le boulot hier après midi à Fairway. Et puis cette nuit, je me suis posé beaucoup de questions et j’ai trouvé des réponses. J’ai fait les bons empannages. Je suis très content de ce que j’ai fait. Il faut dire aussi que Phil Sharp avait placé haut la position du premier bizuth ! Il a fallu que j’aille la chercher. J’ai mis l’ancre cette nuit, mais ça n’a pas accroché… donc j’ai juste dérivé un peu moins vite. Cette place, c’est un plaisir, c’est génial. Je me suis fixé comme objectif d’être sur le podium bizuth. Et ça démarre bien…Là, je crois que je vais bientôt m’écrouler. Je n’ai pas dormi une seule minute cette nuit. Impossible dans la pétole. C’était ma première étape de Solitaire et j’ai tout découvert. La Solitaire du Figaro Solitaire du Figaro #LaSolitaire quoi. Il y a 47 bateaux, il y a du rythme, des courants, du monde il y a une super équipe tout autour, le bateau de la Marine Marine Marine nationale , les bateaux accompagnateurs. On ne se dit pas « je fais tout ça tout seul à l’arrache ». C’est d’un bon niveau et c’est agréable d’être dans un truc bien organisé, bien suivi, où on peut se donner à fond en se disant que c’est encadré. »



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