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Bermuda 1-2

Retour sur la course en solitaire de l’Atlantique de l’Ouest

Tim Kent chavire en 50 pieds • le 60 pieds Open de Tim Troy s’impose en réel

mardi 8 juillet 2003Hervé Favre

La plus importante course en solitaire en Amérique du Nord (et aussi une des plus anciennes au monde car datant de 1977, elle précède des courses comme le BOC challenge ou la route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum ) s’est terminée par la remise des prix au Newport Yacht Club dimanche 29 juin. Hervé Favre qui y a prispart à la barre de son Pogo 850 revient sur cette épreuve outre-atlantique.

La Bermuda 1-2 est une course pleine de contrastes qui mérite le détour. Le parcours est difficile tactiquement à cause des courants, les conditions météos sont variées et peuvent être difficiles, mélangeant petits airs et grosse baston. Quitter les rives brumeuses et froides de Newport pour aller vers les eaux turquoises des Bermudes, voir l’eau passer de 14° à 29° degrés C, batailler contre les courants de 3-4 nœuds en sachant qu’il n’y aura pas de renverse dans 6 heures de temps, tout cela en fait une course qui devrait faire partie des grandes classiques de la voile en solitaire. Ce d’autant plus que l’ambiance est excellente, des vacations par VHF ou BLU sont organisées deux fois par jour, la semaine de repos entre les 2 étapes créée une véritable atmosphère entre les coureurs.

Se courrant en deux étapes, la première de Newport aux Bermudes en solitaire et le retour en double, cette course a aussi la particularité de réunir des bateaux de toute taille (de 28 à 60 pieds) répartis en 5 classes. Le classement se fait en temps compensé selon le rating le plus utilisé en Amérique du Nord : le PHRF.

Ce sont 29 solitaires qui se sont élancés le 7 juin dans la baie de Narrangasset, plus habituée à voir des 12 mètres ou des classes J que des bateaux menés en solitaire. Les conditions étaient très légères et la Nouvelle Angleterre portait bien son nom ce jour là car la brume et le crachin étaient bien au rendez-vous. Durant deux jours, les skippers ont bataillé dans des airs évanescents et contre une houle qui empêchait les voiles de se gonfler. Finalement, l’air est rentré, juste au moment où les bateaux arrivaient sur le tapis roulant du Gulf Stream, créant des conditions difficiles avec des vagues croisées. Le vent est monté jusqu’à 35-40 nœuds du sud-sud-ouest, les bateaux se retrouvant au près en train d’escalader les vagues.

A la sortie du gulf stream (plus de 4 nœuds de vitesse Vitesse #speedsailing ), ce n’était pas fini car des remous provoqués par des cassures du courant principal ont freiné la progression vers les Bermudes en provoquant des courants contraires allant jusqu’à 2 nœuds.

Grand vainqueur en temps réel, c’est le 60 pieds Open de Tim Troy « Margareth Anna » (ex- Groupe LG 1) qui a franchi le premier la ligne d’arrivée en en peu plus de 3 jours. En classe 1, c’est Steve Pettenghil qui s’impose sur son prototype Hunter de 50 pieds tant en temps réel qu’en temps compensé, (ancien coureur du BOC Challenge sur Hunter’s child).

En classe 3, la classe des petits bateaux, c’est un doublé des Quest 33, des bateaux dessinés par Rodger Martin (voir site http://www.holbymarine.com/q33.htm) très puissants avec leurs 450 litres de ballast. Wazimo, mené par le patron du chantier qui construit les Quest a même fini 6e en temps réel au scratch !

Le trophée St-Georges Dinghy and Sports Club récompensant le meilleur en temps compensé a été remporté par Windswept, un Pearson 33 qui avait le l’handicap le plus élevé.

Après une semaine aux Bermudes, tout le monde était prêt à repartir, espérant que les conditions favoriseraient cette fois plus les bateaux rapides au portant. Mais hélas, l’anticyclone qui était stationné depuis 2 semaines sur les Bermudes était en train de se dégonfler et de nouvelles dépressions étaient en route. Les spis allaient être portés sur les 2 premières heures du parcours pour sortir du port, puis rangés dans la soute à voiles jusqu’à la dernière nuit.

Le 50 pieds de Tim Kent perd son bulbe et chavire

C’est dans les premières 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures de cette deuxième étape que le drame se produisit. Alors qu’Everest Horizontal venait juste de terminer Around Alone en deuxième position de la classe 2, Tim Kent avait décidé de faire cette « petite » régate afin de remercier un ami qui l’avait soutenu durant tout son tour du monde. Malheureusement, le bulbe de sa quille s’est arraché alors que la nuit tombait. Le bateau a très vite chaviré et Tim et son équipier, accrochés aux safrans, ont pu lancer des fusées afin d’attirer l’attention d’un paquebot faisant la liaison Bermdes-New-York. Plus de peur que de mal, même s’ils ont eu beaucoup de chance. A l’heure où cet article est publié, Tim Kent a retrouvé son bateau après une semaine de recherches et le ramène aux Bermudes en remorque derrière un chalutier.

Les conditions étaient musclées avec des grains dans le Gulf Stream montant jusqu’à 40 nœuds mais vent de travers, les bateaux filaient à bonne allure. Si dans la première étape, le but du jeu Jeu #jeu est d’attrapper et de rester le plus longtemps possible avec le courant, au retour, il faut essayer de trouver la trajectoire qui permet de traverser le Gulf Stream dans sa partie la plus étroite. Deux routes s’offraient aux skippers : soit aller très à l’ouest de la route directe afin de contourner le courant, soit prendre à l’est et couper au milieu d’un méandre. Sur la base des dernières photos satellites, la majorité des coureurs choisirent la route Est, mais il leur fût rappelé que si la météo n’est pas une science exacte, l’étude des courants est encore pire. Le méandre principal était plus à l’Est qu’annoncé et c’est contre un courant de 3-4 nœuds que les bateaux ont dû batailler pendant des heures.

A mi-parcours, les bateaux légers et planants tels que le POGO 8.50 mené par Hervé Favre ou les Quest étaient en bonne position et se trouvaient avec les bateaux des classes 1 et 2. Cependant, un anticyclone était en train de s’installer sur la côte est des Etats-Unis et des conditions lacustres se sont installées. La mer était un vrai miroir avec quelques airs seulement durant la nuit. A ce jeu Jeu #jeu là, les cartes se sont redistribuées et les bateaux plus à l’aise au près dans le petit temps ont de nouveau refait surface.

Tim Troy sur son 60 pieds Open a lui fini en 3 jours et 1 heure, évitant ainsi les calmes et remportant l’étape en temps réel et en temps compensé toutes catégories. Il remporte aussi la course en temps compensé, tous les autres concurrents restant englués dans le petit temps. Au classement général, peu de changements après la deuxième étape. Les écarts sont très faibles après 10 jours de course et la régate fût intense dans chaque catégorie.

La Bermuda 1-2 offre ainsi un vrai parcours pour coureur et bateau complets. Ne venez pas vous aligner avec une luge de portant, il faut un bateau polyvalent, dont le point fort est le travers dans le petit temps. Un gennaker ou code 0 est une voile absolument indispensable pour briller dans cette course.

Résultats complets sur le site : http://www.bermuda1-2.org

Le site d’Hervé Favre sur son Pogo 8.50 : http ://www.mini-transat.net



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