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Interview

Tanguy de Lamotte : "La Mini, j’y vais pour faire un résultat mais, avant tout, pour traverser et finir mon projet"

"Les coureurs ont été hyper réceptifs au design et à la nouveauté des produits Karver"

jeudi 25 mars 2004Christophe Guigueno

Non qualifié pour la dernière Transat 650, Tanguy de Lamotte, architecte et constructeur de son propre mini 650 Mini 650 #mini650 , se prépare pour l’édition 2005 de la Transat 650. Avant de reprendre la mer en solitaire, il navigue sur l’Open 750 Open 750 #open750 et le trimaran de Thomas Coville. Il a aussi été engagé par l’entreprise Karver qui réalise des pièces d’accastillage customisées pour les voiliers de course au large. Une double occasion pour revoir Tanguy et découvrir cette nouvelle gamme de pièces high-tech. Interview.

Tanguy à bord de Cheekyta / Set Environnement
Photo : Stéphanie Gaspari

Tanguy, ou en es-tu dans ton programme 650 avec Cheekyta-SET Environnement Environnement  ?

Le week-end dernier, j’ai refait ma carène et vérifié le système de quille (ndr : la quille du mini de Tanguy pivote et glisse d’avant en arrière). On a aussi appliqué un nouvel antifouling sur la carène du bateau. Je vais le mettre à l’eau après le Spi Ouest Spi Ouest #SpiOuest France. Vers le 15 avril, à Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. , puis je vais descendre à Pornichet pour participer à la Select 650. Pour moi, ce sera la première course de deux nouvelles saisons car l’objectif c’est la Mini 2005. Je repars donc avec le bateau de l’année dernière pour me remettre au solitaire et pour aller à la rencontre du futur plateau de la Mini.

Le programme de course cette année sera minimaliste car c’est la seule course en solo. Je veux aussi la faire car je suis rattaché à Pornichet. Je relance donc le projet avec mon premier sponsor (SET Environnement Environnement ) qui me suit jusqu’à la Mini. Ça va aussi me permettre d’essayer d’en trouver d’autres ! Et d’essayer de continuer à améliorer mes résultats.

Le reste de la saison pour moi, ce sera la Mini-Fastnet et peut-être aussi la SoloChrono.

Pour l’instant c’est tout car j’économise le maximum de sous pour l’année 2005 et je dois encore changer mon mât afin de me mettre au niveau de ce que j’ai commencé dans le projet : progresser en architecture.

A ce propos, comment envisages tu le nouveau mât carbone de ton mini ?

Pour mon mât carbone, je vais viser la légèreté et la fiabilité. Je vais optimiser le poids. Je ne pars pas forcément sur un mât aile, mais c’est sûr que l’on va améliorer le profil par rapport à un mât alu. On va améliorer le profil et le poids. J’aimerais le faire moi moi-même, mais ce ne sera pas avant l’hiver prochain et je le validerai lors de la saison 2005.

Parmi les projets que je suis, il y a Nick Bubb qui fait un mât aile. Aloys Claquin fait un mât Magnen. Sam Manuard, lui, change juste son tube pour un profil carbone, Son gréement sera identique et, pour ma part, je suis plus dans cette optique-là. Sinon il faut déplacer les cadènes du pont ! Si je garde l’idée d’un mât fixe, je conserve alors la même géométrie de gréement dormant (barres de flèche, cadène pied de mât, retour de drisses...).

As-tu digéré le fait de ne pas avoir été qualifié pour la Transat 650 l’an passé ?

De toute façon, je suis toujours resté sur la liste d’attente donc j’ai toujours su qu’il y avait des possibilités pour que je ne parte pas. J’y ai cru jusqu’à la mi-juillet et après, raisonnablement, j’ai compris que cela ne se ferait pas. J’ai temporisé et rangé le bateau et trouvé d’autre chose à faire...

Le fait de ne pas partir c’est dur, mais ce sont les règles du jeu Jeu #jeu . Je les connaissais et les acceptais. Donc , j’en veux à personne et, du côté pratique, cela me laisse deux ans pour préparer le bateau et chercher des sponsors. Je suis plutôt content quand je vois des gens qui ont bouclé le projet si rapidement (ils ont vendu le bateau juste après la transat), car moi, j’ai le temps d’en profiter et d’améliorer mon bateau, de progresser...

Quelques conclusions tires-tu de cette dernière Mini-Transat Mini-Transat #MiniTransat  ?

Je l’ai bien suivie ! J’ai enregistré plein de trucs. J’ai pris des notes et j’ai regardé les trajectoires. C’est toujours bon de savoir où ils sont passés et, d’un point de vue matériel, cela se confirme qu’il faut finir pour gagner ! Mais cela a toujours été l’objet de mon projet avec un bateau qui est léger mais pas cassant. L’objectif sera de finir. J’y vais pour faire un résultat mais, avant tout, pour traverser et finir mon projet de belle manière.

Je veux faire une navigation propre et être à 100 % de mon niveau et, si je me suis fait plaisir et que je suis content, le projet sera une belle histoire Histoire #histoire .

Maintenant, tu travailles chez Karver. Quel est ton poste à bord ?

C’est Marin Clausin, un ami depuis une dizaine d’années, qui m’a demandé si j’étais intéressé pour bosser avec eux. Pour l’instant, j’ai fait pas mal de relationnel pour vendre les premiers produits conçus pour les trimarans et 60 pieds Open. J’ai fait pas mal de commercial et j’ai un petit rôle technique pour le retour entre les coureurs et le bureau d’étude. J’essaye d’apporter mon petit grain de sel en innovations et sur les idées nouvelles que l’on veut mettre dans l’accastillage.

Qu’est ce Karver ?

C’est une petite équipe créée autour de Marin. Il s’est entouré de 3 personnes. Une pour l’administratif, une pour la production, lui pour le bureau étude et moi pour le technico-commercial. La boîte a été créée en juin 2003 et déjà on travaille avec Yves Parlier, Thomas Coville, le Gitana Team, Stève Ravussin, Alain Gautier et Franck Camas pour les multicoques et Bonduelle, Virbac, Dom Wavre, Marc Thiercelin (ancien Whirlpool), Artech (Furtif 60), Seb Josse (VMI)... Les coureurs ont été hyper réceptifs au design et à la nouveauté des produits. Maintenant, on est en train de mettre en place le réseau de distribution pour vendre les gammes d’emmagasineurs au grand public.

Karver réalise des produits spécifiques aux minis 650 ? Tu les a testés sur le tien ?

En haut : Le chariot de têtière de GV conçu pour le nouveau Bonduelle de Jean Le Cam. En bas, les poulies Karver conçues pour les minis comme pour les grosses unités

Moi, j’ai testé un emmagasineur tout comme Marin qui a aussi un mini (ils sont efficaces et légers) et des poulies spéciales à transfiler. J’en avais mis sur mes bastaques.

Quelle est leur particularité ?

C’est le transfilage par le centre de la poulie qui assure une sécurité intégrée. Après, ce sont des pièces plus légères que ce qu’il se fait déjà et qui ont un design particulier.

Quel est le mode de développement d’un accastillage Karver ?

Il y a deux axes : soit on fait des pièces à la demande en fonction des cahiers des charges spécifiques des skippers. Ou alors, on a des gammes de produits que l’on met au point avec un souci d’esthétique, de légèreté et de fiabilité.

Tu as un exemple de pièce custom ?

Typiquement, on a travaillé avec Jean Le Cam (monocoque Bonduelle) sur ses emmagasineurs. On en est venu à parler d’un chariot de tétière de grand-voile. Entre des discussions autour d’un café et des échanges de dessins, ont a abouti à un chariot spécifique pour le mât aile de son monocoque de 60 pieds, ce qui lui fait gagner du poids dans les hauts.

C’est un chariot unique en aluminium qui coulisse sur le rail fixé sur la face arrière du mât. Il a un réa en titane intégré pour la drisse de grand-voile mouflée trois brins. La drisse est fixée dans l’axe creux du réa, monte en tête de mât et fait un aller-retour par le réa du chariot avant de redescendre en pied de mât. Cela permet d’encaisser les efforts de la têtière de grand voile sur trois brins au lieu d’un. La manœuvre est ainsi plus facile même si elle est plus longue. Par rapport à une configuration classique (trois chariot raccordés à la têtière avec un axe de rotation et une poulie), on gagne environ un kilogramme.


Plus d’information sur l’accastillage Karver : http://www.karver-systems.com et sur Tanguy de Lamotte : http://www.cheekyta.com.


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