Transat AG2R
Les Figaro s’étalent sur 180 milles du nord au sud à 1350 m de St Barth
Jean-Luc Nélias : "un coup ça avance, un coup ça recule..."
mardi 4 mai 2004 –
- Cercle Vert est passé deuxième à Madère mais tient la corde depuis... pour encore combien de temps ?
- Photo : F.Mousis
« Pour l’instant, on est là où on est et on fait avec ce qu’on a. On ne maîtrise pas vraiment notre destin, on est là où la dépression nous a déposés, lance Jean-Luc Nélias (Thales). La flotte s’étale sur 180 milles du nord au sud. Les premiers sont ceux qui sont le plus au nord, suivent ceux du milieu et au sud, ils attendent l’alizé très faible qui doit s’installer. Il n’y a pas de hiérarchie dans la course, n’importe qui peut gagner. Y’ a des nuages, y’a des grains : un coup ça avance, un coup ça recule... » Ce fin stratège en météo a tout dit. C’est parti pour un tour, la grande roue météo tourne, sous l’influence d’un anticyclone, mais n’a pas encore désigné les gagnants. Rien ne va plus !
Dur, dur en tout cas pour les nerfs des bords qui font volontiers des pelotes à mesure que le vent mollit et fait la girouette. « C’est assez irrégulier dans l’ensemble, hier soir on a eu 8 nœuds de vent, cette nuit, on a eu des bouffes à 20 nœuds... et là, il y a 10 nœuds. Va savoir... commente de son côté Gildas Morvan (Cercle Vert), de nouveau aux avant-postes, à 12 milles de Banque Populaire (Bidegorry-Gavignet). C’est assez usant, on attend les nouveaux pointages, on analyse les stratégies des autres bateaux, on fait des hypothèses au niveau météo. On a été bloqués au nord, maintenant les dés sont jetés. Le côté positif, c’est qu’on est toujours en tête, même si on peut la perdre à tout moment. » Voilà pour l’ambiance au nord. Pas folichonne !
De l’autre côté de la flotte, sur ce vaste océan, qui prend soudainement des allures de tout petit plan d’eau, les esprits ne sont pas plus à la fête. L’air de « comme un alizé sans aile » doit trotter dans toutes les têtes. A bord de D’aucy notamment, où dans les quartiers des 26es nord, on s’interroge. « On a 15 nœuds de vent de secteur Est, on va à 9 nœuds, ça file bien... On ne comprend pas pourquoi on perd des places, est-ce un problème de vitesse Vitesse #speedsailing ? Je ne saurais pas répondre », confie Bruno Jourdren. Avec son compère Jean-Christophe Mourniac, il a pourtant préféré prendre la poudre d’escampette au sud pour éviter de se prendre l’étrave dans les mailles et les bulles de l’anticyclone, responsable de tous les maux sur l’eau. Les deux compères maintiennent leur cap à 30° au sud de la route directe et à 95 milles des leaders. « C’est une stratégie à long terme, il ne faut pas craquer maintenant. Ce serait facile de gagner des places à court terme, il suffirait de faire route directe ! On maintient notre cap, et on verra d’ici trois jours qui avait raison... Il faut avoir les nerfs solides ! »
Même topo de la part du Figaro Triskel-Brokerline, désigné comme étant l’un des premiers à plonger l’étrave en bas. « L’anticyclone grossit et certains peuvent s’en sortir mieux que d’autres. On a choisi d’aller au sud pour aller attraper le vent sur du long terme et anticiper les alizés. Pour l’instant, le nord a l’avantage. On espère que cette option va bientôt payer... », analyse Marc Thiercelin, réputé pour sa faculté à emprunter des chemins détournés, à la recherche du vent soutenu.
Et ceux du centre dans tout ça, qui composent le gros du groupe des dix premiers bateaux ? Ils régatent à qui-mieux-mieux et jouent des étraves à tour de bras en attendant que la situation évolue. Et surtout, ils lorgnent à droite et à gauche les progressions de leurs collègues de flotte « Là, il faut surveiller Triskel-Brokerline, Guyader L’Esprit de la mer et Groupe Coupechoux, j’ai peur qu’ils aient une ouverture qu’on n’a pas. C’est la mort annoncée de Cercle Vert et de Thalès, car il n’y a plus de vent du tout au nord, commente en direct Nicolas Berenger (Port Trébeurden). On ne peut pas être partout, au nord et au sud à la fois, donc on a choisi cette position intermédiaire. On a entre 8 et 18 nœuds de vent depuis 48h. En tout cas, c’est très motivant cette régate entre trois bouées à grande échelle. Il nous reste un peu plus de 1400 milles, c’est un peu comme si on prenait le départ d’une Solitaire ! » On l’a compris, la bataille fait rage au milieu de l’Atlantique et tous ces duos, qui se retrouvent bord à bord avec la grande bleue pour unique horizon, se chamaillent comme s’ils régataient en baie.
On laissera donc le mot de la fin à Gildas Morvan, menacé de toutes parts, qui n’a pas fini de se faire du mouron : « C’est un peu dur parce qu’on avait une belle avance et le vent a tourné, les autres bateaux se sont décalés et on n’a pas pu faire grand-chose. C’est pas cher payé pour ce qu’on avait fait... Mais ça doit être palpitant à terre ! » L.F
Jérémie Beyou, Delta Dorre : "Nous sommes sous un grain et nous avons du mal à en sortir. Nous cherchons à nous en débarrasser mais c’est infernal, il ne nous lâche pas, nous ne savons pas si c’est au sud ou à l’ouest que nous réussirons à nous en décoller !"
Info Laurence Caraes / Kaori.fr
Bruno Jourdren, D’Aucy : « On a 15 nœuds de vent de secteur Est, on va à 9 nœuds, ça file bien... On ne comprend pas pourquoi on perd des places, est-ce un problème de vitesse Vitesse #speedsailing ? Je ne saurais pas répondre. Hier on est resté une heure dans une zone sans vent. C’est peut-être simplement à cause de ça. »
Info Catherine Ecarlat
Jean-Baptiste Dejeanty, Caen la mer : "On est dégoûtés car on n’était pas mal jusqu’à Madère et maintenant on galère. On avait soif de résultat et là on a un peu les jambes coupées." "A la fin, on ne se parlait plus tellement nous étions fatigués. Dans ces cas-là, il faut réfléchir à deux fois pour tout ce qu’on fait. On a vécu 2-3 jours extrêmement durs et physiquement on a frôlé la zone rouge. Il fallait barrer et réparer, sans vraiment s’alimenter..."
Info Laurent Cauville / Agence Aprim
Au feu à bord de Skipper AG2R !
Après avoir déchiré en début de course le génois de Skipper AG2R, l’une des principales voiles d’avant indispensable à la vitesse du bateau, Rodolphe Jacq associé à Bertrand de Broc a connu une nouvelle mésaventure qui aurait pu cette fois tourner au drame sans une intervention rapide.
Lors de la vacation radio du jour, le récit de Rodolphe Jacq fait froid dans le dos, malgré la chaleur : " Belle frayeur hier soir quand on a voulu recharger les batteries du bateau. On a redémarré le moteur et tout allait bien jusqu’au moment où Bertrand m’appelle sur le pont : " viens vite, il y a une forte odeur de fumée qui se dégage dans le bloc de batteries ". On l’a aussitôt ouvert et il prenait feu ! le répartiteur était complètement fondu. Du coup, toutes les alarmes du bord se sont mises en route. Conséquences : L’ensemble de l’électronique est définitivement en vrac ainsi que tous les instruments de mesure de Skipper AG2R (anémomètre, sondeur, speedo, centrale NKE, etc) sans oublier l’ordinateur portable dont la batterie a fondu. Nous ne pouvons plus recevoir les champs de prévisions de vent, la position des concurrents. Nous sommes donc obligés de naviguer à l’ancienne en ressortant les cartes maritimes en papier. Pour savoir où on est sur l’Atlantique et surtout pour rejoindre l’arrivée à Saint-Barthélemy ! »
Dans leur malheur, nos deux compères peuvent heureusement encore compter sur le GPS (Global Positionnal System) fixe qu’ils rechargent désormais sur la batterie auxiliaire de servitude du moteur. Un moindre mal.
L’unique objectif de Jacq et De Broc est désormais " de continuer de se battre pour pouvoir grappiller quelques places et terminer si possible à un rang honorable aux Antilles ". Pour conclure, la voix triste, Rodolphe délivrait un début de réponse sur le sort qui s’acharne sà bord de Skipper AG2R : " le lendemain du départ, j’ai prononcé le nom d’un animal à grandes oreilles qui n’était pas le bienvenue à bord. Bertrand m’avait alors dit : " Ca y est, on est parti pour trois semaines d’emmerdements ! " Je n’étais pas superstitieux, je le suis désormais ! "
Info RivaCom - Veronique Guillou
Voir en ligne : Carte des positions officielle
DERNIER CLASSEMENT du : 04/05 à 09 H 00 GMT
CLAS Bateau/equipage Dist au but (Interpolé)
1
CERCLE VERT
Gildas MORVAN Dominic VITTET
1374
2
BANQUE POPULAIRE
Pascal BIDEGORRY Sidney GAVIGNET
1386
3
DELTA DORE
Jérémie BEYOU Christophe de PAVANT
1392
4
PORT TREBEURDEN
Romain ATTANASIO Nicolas BERENGER
1393
5
Trophée BPE Saint-Nazaire - Cuba
Jeanne GREGOIRE Samantha DAVIES
1396
6
THALES
Erwan TABARLY Jean Luc NELIAS
1402
7
BOSTIK FINDLEY
Charles CAUDRELIER Antoine KOCH
1406
8
GROUPE SCE - LE TELEGRAMME
Armel LE CLEAC’H Nicolas TROUSSEL
1410
9
PETITS PETONS
Christophe ARTAUD Laurent PELLECUER
1412
10
GEDIMAT
Armel TRIPON Damien GRIMONT
1419
11
DEFI SANTE VOILE
Benoit PETIT Thierry CHABAGNY
1442
12
ENTREPRENDRE AU PAYS DE LORIENT
Yannig LIVORY Tangi CARON
1449
13
MAISONS PIERRE
Marc LEPESQUEUX Bertrand LECHARPENTIER
1449
14
CHARENTE-MARITIME SCUTUM
Gérald VENIARD Yannick BESTAVEN
1453
15
GROUPE COUPECHOUX
Jean-Marc SPARFEL Benoit LEQUIN
1456
16
TRISKEL-BROKERLINE
Marc THIERCELIN Eric DROUGLAZET
1457
17
MARSEILLE ENTREPRISES
Jean-Paul MOUREN Alexandre TOULORGE
1464
18
D’AUCY
Bruno JOURDREN Jean-Christophe MOURNIAC
1469
19
GUYADER L’ESPRIT DE LA MER
Philippe MASSU Patrice CARPENTIER
1470
20
SKIPPER AG2R
Rodolphe JACQ Bertrand de BROC
1480
21
RAYNAL ET ROQUELAURE
Christian BOS Pierre-Yves MOREAU
1487
22
CONNIVENCE
Jacques EINHORN Eric PERON
1494
23
BEZIERS MEDITERRANEE
Yannick CANO Arnaud BOISSIERES
1496
24
MONACO MARINE GROUP
Alberto SPINA Olivier de ROFFIGNAC 1516
25
FTH-THIRARD / CAEN LA MER
Jean-Baptiste DEJEANTY Barnabé CHIVOT
1517
26
EGERIA
Sander BAKKER Ian MUNSLOW
1538
27
SPACETIME
Jan HAMESTER Jens HULSEBUSCH
1560
28
L’ESPRIT D’EQUIPE
Lionel PEAN Florence ARTHAUD
1570
29
AURELIA FINANCE
Hervé FAVRE Guillaume NEU PIETRI 1581
30
SOR TMC
Christophe BOUVET Arnaud GUILLOUET
1598
31
LITTLE BLACK SHARK
Antonio Pedro DA CRUZ Olivier DE LA MOTTE
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