Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Vendée Globe

Jean Le Cam : "On a voulu faire un bateau qui soit facile à mener en solitaire"

"Il sera toujours temps de faire évoluer la machine à l’issue du Vendée Globe"

vendredi 5 novembre 2004Redaction SSS [Source RP]

C’est à bord du Swan Fan, le brick hollandais amarré au port de pêche des Sables d’Olonne qu’a eu lieu la dernière conférence de presse de Bonduelle avant le départ du Vendée Globe. L’occasion pour Jean Le Cam de lever un coin du voile sur ses choix techniques et ses ambitions...

Jean Le Cam est un des quatre skippers de bateaux de la nouvelle génération et par la même occasion un des grands favoris de l’édition 2004-2005 du tour du monde
JEAN-MARIE LIOT - SAEM Vendée - DPPI

« On a voulu faire un bateau qui soit facile à mener en solitaire. Deux axes de travail ont guidé nos choix en permanence : la recherche de performance et la volonté de rester simple. A chaque fois que nous avons eu un doute sur la fiabilité d’une solution, on a cherché à simplifier pour arriver à quelque chose d’efficace... » En guise de boutade : « Heureusement que l’IMOCA Imoca #IMOCA nous a interdit les mats basculants, car tel que vous me connaissez, j’aurai eu vite fait d’installer quelques vérins aux extrémités des outriggers. »

Concernant la préparation : « Le bateau est en configuration pour un Vendée Globe. Il nous reste encore plein de points sur lesquels on peut travailler pour l’optimiser, mais chaque chose en son temps... De toute façon, ça ne sert à rien d’aller trop vite. On a tenté des choses simples dont on peut mesurer les résultats. Il sera toujours temps de faire évoluer la machine à l’issue du Vendée Globe. »

La quille carbone : « Les problèmes de flexion et de torsion concernent tous les matériaux. Le carbone est un matériau d’avenir. Aujourd’hui les coques sont en carbone et tout le monde trouve ça normal. Pour le voile de quille, suite aux problèmes que nous avons rencontré, on a multiplié les coefficients de sécurité par quatre... »

Le bouchain : « Vous ne trouvez pas ça joli ? Moi, j’aime bien. Tout le monde a cherché à me dissuader de faire un bouchain, parce que c’est très compliqué à réaliser. Mais je suis un peu têtu : du coup on a un bateau avec des lignes tendues, agressives, très élégant. Et puis, je reste persuadé que les lignes d’eau sont meilleures quand le bateau se cale sur son bouchain. »

La collaboration avec Roland Jourdain

Un travail d’équipe : « D’abord, je voudrais dire que, plus que la collaboration entre Roland et moi, c’est bien deux équipes qui ont travaillé ensemble... A deux on est déjà plus intelligents, alors à dix ! Les deux bateaux sont identiques à quelques exceptions près, notamment la disposition du cockpit qui correspond à deux sensibilités différentes : personnellement je voulais un cockpit qui soit agréable lorsqu’on naviguera en équipage. Un tableau ouvert comme le mien permet des évacuations d’eaux rapides par l’arrière. Et j’aime bien avoir accès aux safrans facilement en cas de souci... »

« La collaboration nous a permis de travailler avec beaucoup plus de sérénité. On l’a vu quand nous avons eu nos problèmes de quille. Nous avons mis en commun toutes nos réflexions pour aboutir au plus vite. Autre exemple : nous avons réalisé nos deux mats à l’identique. Il existe chez CDK un troisième profil tout prêt depuis le début. Savoir quand on part en qualification, en convoyage qu’il existe déjà un mat de rechange nous a permis de travailler en toute sérénité, de pousser le bateau. »

Quelques points de différence : « On a choisi les mêmes plans de voilure, mais pas les mêmes voiliers. Bilou souhaitait travailler avec Incidences quand je suis convaincu par le 3DL de chez North. Et surtout je souhaitais vraiment travailler avec Yann Régnault qui a d’ailleurs fait du joli travail. » « Sur le moteur, nous n’avons pas fait les mêmes choix : j’ai une plateforme rustique, un moteur de tracteur. Il est moins performant que celui de Bilou qui est un HDI, il consomme un peu plus, mais c’est un moteur simple, très fiable... J’ai surtout voulu éviter les risques de panne. Un moteur à injection, c’est de mon point de vue, une machine complexe pour les endroits mal famés où nous allons. »

Partenaire ou concurrent : « Quelqu’un m’a demandé à partir de quel moment, nous sommes devenus des adversaires avec Bilou. La réponse est simple : jamais. Il deviendra un concurrent quatre minutes avant le départ (NDLR : à quatre minutes avant le départ, à l’envoi du pavillon « P », les bateaux sont considérés comme étant en course. Les règles de course commencent alors à s’appliquer.) » Partenaire ? « On va se bagarrer, c’est clair. Maintenant, imaginons qu’un des deux ait un souci majeur. Le fait d’avoir deux bateaux identiques, peut aider à résoudre bien des problèmes. A nous d’être intelligents. »

Les ambitions de Jean pour ce Vendée

Les performances du bateau : « La seule course que nous avons faite, nous l’avons gagnée. (Les 1 000 Milles de Calais). C’est bon pour la confiance. Maintenant, on a fait un bateau léger, sur lequel on arise la grand-voile dès quinze nœuds de vent. J’ai souhaité un bateau qui oblige à réduire tôt avant que la mer ne soit formée. Plus on réduit, plus on descend le plan de voilure et plus on limite le couple entre le sommet de la voile et la quille. Plus le centre de voilure est bas, plus le comportement du bateau est sain. On sait que le bateau va vite... On attend de voir ce qu’il va donner par rapport aux autres. »

Un bateau pour gagner ? : « On a le sentiment d’avoir fait tout ce qu’il fallait pour aller dans le sens qu’on souhaitait. On a essayé de penser à tout. On attend de voir. C’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses... »

Les concurrents les plus dangereux : « Le danger n’arrive pas toujours du côté auquel on a pensé. Alors, le plus sage, c’est peut-être d’éviter de penser... »

Info PF Bonneau / Agence Gwénola Gallois



A la une