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Transat Jacques Vabre

Yvan Bourgnon : "si la coque centrale se brise, le bateau se replie"

"La coque centrale, il ne reste plus que quelques centimètres qui la maintiennent par le bas"

mardi 8 novembre 2005Redaction SSS [Source RP]

Yvan Bourgnon et Charles Caudrelier a été contraint à l’abandon lundi matin suite à une grosse fissure de la coque centrale de Brossard du niveau du mât au tableau arrière. L’avarie est telle que les deux marins ont décidé de faire route lentement sous voilure réduite pour trouver vers un abri en Angleterre. Dernière interview avant leur arrivée à Guernesey.

Yvan Bourgnon, vous êtes toujours avec Charles Caudrelier sur Brossard, alors racontez nous, on en est où là ?est-ce que vous voyez la terre ferme ?

Yvan Bourgnon : Ecoutez oui depuis quelques minutes on approche de l’île de Guernesey.

On vient juste de se mettre en remorque derrière Laurent. Heureusement, il est arrivé à un bon moment parce qu’on était obligés de se mettre face à la mer et on ne pouvait pas manœuvrer tout seul, donc il est arrivé pile poil dans le timing comme d’habitude. On va pouvoir maintenant rejoindre tranquillement le port de Guernesey sachant que la coque centrale, il ne reste plus que quelques centimètres qui la maintiennent par le bas avec une voie d’eau qui devient importante. Donc on n’arrête pas de pomper mais on garde le moral car normalement le plus dur est fait. On devrait arriver.

Yvan, est ce qu’avec Charles Caudrelier vous avez réussi à sauver le mât de votre trimaran ?

Oui en fait, ce n’était pas que le mât qui était exposé mais c’est tout le bateau parce que si la coque centrale se brise en deux, le bateau se replie sur lui-même et donc le mât évidemment tombe. Et c’était soit on garde tout, soit on perd tout. Et pour l’instant le mât est bien en l’air et même s’il bouge dans tous les sens, ça tient le coup pour l’instant.

Yvan, vous êtes à combien de milles et il vous reste combien de temps pour arriver à Guernesey ?

Il nous reste 2 petites heures et Brossard devrait arriver à bon port.

Ce qui fait combien de milles Yvan ?

A environ 5 milles, on remorque à 2.5, 5 nautiques. On voit la lumière mais la mer commence à se former, le vent est monté à 60km/h, ça commence à être vraiment impraticable.

Je crois que la très grosse dépression devait entrer à partir à minuit, il faut vraiment rentrer là Yvan !

Oui, je crois que de toute façon, on n’aurait pas pu envisager d’aller plus loin. Heureusement que Guernesey était sur notre parcours. Après c’était l’Angleterre, on n’arrivait pas à rejoindre la presque île du Cotentin. Donc c’est vraiment une aubaine que l’équipe soit là et que mon frère Laurent, puisse nous prendre en remorque.

Alors Laurent est arrivé à quelle heure ? A quelle heure avez-vous pu faire la jonction ?

On vient de retrouver Laurent il y a une petite heure. On s’est bien synchronisé, ils ont mis toute une équipe en place. Vraiment je suis content, ils ont tous bien travaillé pour venir sauver ce bateau et je leur en serait reconnaissant.

Est-ce qu’il y une équipe du Team OCEAN et de BROSSARD qui vous attend aussi à terre ?

Oui le Team OCEAN s’est bien bougé, il y a déjà Simon et Jean-Charles qui nous attendent déjà sur l’île de Guernesey. Ce matin ils étaient encore au Havre et cet après-midi à La Trinité sur mer et là ce soir à Guernesey. Tout le monde fait du super travail et je suis content d’avoir une équipe comme ça. C’est grâce à eux qu’on va pouvoir sauver le bateau et puis repartir l’année prochaine j’espère. On a beaucoup de travail. Je pense déjà à remettre vite le bateau en ordre, c’est mon souhait.

Je suppose que la première manœuvre, la première des choses va être de démâter le bateau à terre ?

Là il y a plusieurs étapes, un : de faire une réparation provisoire ici à Guernesey. Ensuite dans des conditions clémentes, d’emmener le bateau à Cherbourg, et puis là, démâter, poser le mât par terre, ce qui nous permettra ensuite d’emmener le bateau en remorquage à son port de réparation.

Alors pour un baptême du feu pour Charles Caudrelier, comment s’est il comporté ?

Charles, toujours humble, toujours simple, à la hauteur. Il n’a pas bronché, surtout que lui il s’est fait une sacrée frayeur. Il était dans sa bannette quand la coque centrale s’est brisée en deux autour de lui. Donc j’imagine qu’il a eu un réveil un peu difficile. Mais non non, il est bien, il est calme, il sait ce qu’il a à faire à bord. Bon forcément une grosse déception, il n’imaginait pas sa première transat sur un multicoque de cette façon là mais bon, il en verra d’autres. Et puis voilà, maintenant notre objectif, c’est de sauver le bateau.

Oui Yvan, le mot de la fin, c’est un véritable miracle que vous rameniez le Trimaran BROSSARD, il a fallu beaucoup de solidarité.

Un concours de circonstances, si ça vous arrive au milieu de la mer, au milieu de l’océan atlantique ?

C’est des mauvais souvenirs, on pense à Primagaz dans une transat anglaise avec Laurent !

Oui avec une avarie comme ça au milieu de l’Atlantique, on est malheureusement contraint à l’abandon, à quitter son navire qui va se disloquer lentement, donc c’est un bateau qui disparaît. C’est vrai qu’il valait mieux avoir cette avarie en début de course, près des cotes, plutôt qu’au milieu de l’Atlantique, même si aujourd’hui on ne s’explique pas du tout ces dégâts parce que le bateau n’a subi vraiment aucun problème depuis deux ans et demi.

On a beaucoup tiré dessus en début de saison justement pour être sûr qu’il était bien fiable. On a tout vérifié, on est un peu surpris notamment son sistership Banque Populaire qui a exactement la même structure et qui aujourd’hui n’a pourtant pas cassé. C’est surprenant... c’est un sport mécanique, donc il faut accepter que ce genre de choses arrivent.

Ok, ça demandera quelques expertises, vous devez avoir hâte de savoir avant de le réparer ce qui s’est réellement passé ?

J’espère qu’on aura une explication, un vice caché, quelque chose qui n’était pas apparent ou alors simplement que le bateau ait vieilli prématurément. On verra tout ça à tête reposée. Pour l’instant il faut ramener la monture.

Propos recueillis par Didier Piron / Team Océan



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