Stamm est sixième en Open 60

Photo : JM.Liot / DPPI / CHEMINEES POUJOULAT-ARMOR LUX / Rivacom

L’Atlantique Nord est fidèle a sa réputation pré-estivale : pendant que l’anticyclone s’installe sur l’Europe de l’Ouest, des dépressions se créent sur le continent américain au niveau du fleuve Saint Laurent, balayent Terre-Neuve et montent vers le Nord-Est entre 15 et 30 nœuds. Elles affectent donc essentiellement la partie occidentale de l’océan. Ainsi pour le premier jour de The Transat The Transat #thetransat #ostar , c’était la dernière de la quinzaine à venir qui a traversé la zone de course en restant relativement modérée en terme d’activité. Mais dorénavant, c’est un " petit train " de perturbations qui se profile devant les étraves des solitaires : d’après les fichiers météo, les multicoques vont en affronter trois avant d’arriver à Boston et le reste de la flotte au minimum quatre !

Mais les multicoques ont eu l’avantage de progresser très vite ces trois derniers jours ce qui leur a permis de parcourir plus de la moitié de la distance Land’s End (pointe extrême de l’Angleterre) Terre-Neuve. Cette situation de changement de phase climatique leur a imposé une trajectoire très au Nord de la route directe (orthodromie) puisqu’ils sont à plus de 150 milles du chemin le plus court (mais pas le plus rapide). Tout ça pour attraper la dépression assez étendue, plutôt rapide dans son déplacement Nord-Est (environ 30 nœuds) et qui va générer des vents supérieurs à 40 nœuds (force 9-10).

Pour les monocoques Imoca Imoca #IMOCA et les 50 pieds (multis et monos), cette dépression va passer trop vite et trop Nord pour qu’ils puissent chercher à viser le centre : ils vont donc naviguer beaucoup plus longtemps contre le vent dans sa partie Sud.

• ECARTS ET RECORDS

Sur trois jours, le leader des multicoques Orma a déjà réalisé une vitesse Vitesse #speedsailing moyenne de 15,5 nœuds, soit 372 milles par jour alors que pour le premier des monocoques Imoca Imoca #IMOCA , la vitesse Vitesse #speedsailing moyenne atteint 9,93 nœuds soit 238 milles par jour. Des vitesses impressionnantes car à ce rythme, le premier mettrait moins de huit jours pour effectuer le parcours Plymouth-Boston... Il est toutefois probable que la fin de course entre Terre-Neuve et l’arrivée soit effectuée moins rapidement car les bateaux auront moins d’opportunités de route en raison de la proximité de la côte américaine et d’un flux de Sud-Ouest annoncé avec en sus le courant contraire du Gulf Stream à prendre en compte. Quant aux monocoques, au vu de leurs capacités à progresser contre le vent, il est plus qu’envisageable qu’ils mettent moins de deux semaines pour traverser malgré cette succession de dépressions.

Du côté de la course, les écarts se sont stabilisés depuis la sortie de la dorsale de mercredi matin à quelques milles près. Cela signifie que les conditions de navigation sont similaires pour les deux flottes : pour les multicoques, une brise qui s’est renforcée 20-25 nœuds en tournant au Sud voir Sud-Est et donc des vitesses qui dépassent les 25 nœuds... ; pour les monocoques et les 50 pieds, du Sud-Ouest pour 15-20 nœuds soit des vitesses qui stagnent autour de 10 noeuds.

Michel Desjoyeaux (Géant) mène toujours la flotte Orma avec Thomas Coville (Sodebo) une vingtaine de milles derrière, puis Lalou Roucayrol (Banque Populaire) à une cinquantaine de milles. Bonne bagarre pour la quatrième place entre Franck Cammas (Groupama) et Philippe Monnet (Sopra Group) qui navigue 60 milles plus au Sud. A plus de 120 milles du leader, l’Italien Giovanni Soldini (TIM-Projetto Italia) et le Suisse Stève Ravussin (Banque Covefi) malgré l’absence de safran central arraché hier, sont au coude à coude, suivis par Alain Gautier (Foncia) et Fred Le Peutrec (Gitana 11).

A surveiller, Karine Fauconnier (Sergio Tacchini) qui a choisi de se décaler très sensiblement plus au Sud, presque sur l’orthodromie tandis qu’Yves Parlier (Mediatis Région Aquitaine) est désormais franchement décroché à plus de 300 milles du leader.

Pour les monocoques Imoca, pas de changements notables depuis 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures  : Jean-Pierre Dick (Virbac) ne concède aucun mille à une armada de poursuivants très groupés avec Mike Golding (Ecover) toujours aussi incisif malgré ses problèmes de vérin de quille, Mike Sanderson (Pindar AlphaGraphics), Vincent Riou (PRB), Dominique Wavre (Temenos), Bernard Stamm( Cheminées Poujoulat-Armor Lux), Sébastien Josse (VMI), Marc Thiercelin (Pro-Form), Conrad Humphreys (Hellomoto) et Nick Moloney (Skandia). Derrière les écarts dépassent déjà les 170 milles...

Enfin, pour les 50 pieds, la hiérarchie est assez stable puisque Eric Bruneel sur son trimaran Trilogic ne fait qu’augmenter son avance sur Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou !) tandis que l’Américain Kip Stone (Artforms) a quasiment doublé son écart face à son compatriote Joe Harris (Wells Fargo-American Power).

• EXTRAITS DES VACATIONS

 Michel Desjoyeaux (Géant), 1^er multi 60 Multi 60 #ORMA  : " Depuis hier matin, on a eu des conditions vraiment sympa, avec une mer quasiment plate et une toute petite houle très longue. On arrivait à pousser le bateau au maximum de son régime même en étant en solitaire, en arrivant à le garder juste en équilibre. Tout en étant bien sur les réglages. Allô ! Non, je ne vous entends plus. C’est bruyant ces machines à laver sur le programme essorage ! "

 Thomas Coville (Sodebo), 2^e multi 60 Multi 60 #ORMA  : " En début de nuit, juste avant le front, ça avait bien molli. J’ai renvoyé et là, j’ai pris deux rafales qui m’ont surpris. J’ai bien failli y aller. Le bateau est parti à 30 nœuds. J’ai réduit et tout est devenu plus stable et plus facile. Je suis parti dormir, et j’ai dormi 4 heures d’affilée. "

 Lalou Roucayrol (Banque Populaire), 3^e multi 60 : " Ca s’est bien passé jusqu’à maintenant. Là, ça mollit et ça me fout les poules parce que j’ai pris un ris il y a 1h30. Les prendre, c’est toujours plus facile que de les larguer. "

 Steve Ravussin (Banque Covefi), 7^e multi 60 : " J’ai cassé mon safran central en tapant un gros poisson hier. J’étais au près bon plein à une vingtaine de nœuds, et tout à coup, il y a eu un gros bruit. C’était une espèce d’énorme raie qui s’est arrêtée sur mon safran central et l’a cassé. J’ai dû faire une marche arrière pour enlever le poisson autour du safran. Après, j’ai dû faire du vent de travers en donnant des grands coups de barre. Pour casser la fin du safran. J’ai dû aller bricoler à l’arrière du bateau pour que cela tienne à peu près. Je l’ai filmé ! Quand on est sur des beaux bateaux, on ne peut avoir que du plaisir. Il fait un peu froid maintenant, mais cela me rappelle l’hiver chez moi. "

 Alain Gautier (Foncia), 8^e multi 60 : " J’ai vu des baleines tout à l’heure, assez loin. Mais je voyais bien leur souffle. J’en ai vu une sortir. J’ai pris un bout dans la dérive avant-hier. Il a fallu que je plonge dans la dorsale quand j’étais dans la pétole pour dégager le bout qui coinçait la montée et la descente de la dérive. "

 Jean-Pierre Dick (Virbac), 1^er mono 60 : " J’ai profité d’un petit refus pour me recaler devant, avec succès, puisque je n’ai pas perdu trop de terrain. Là, on vise un point relativement nord, presque inquiétant par rapport aux icebergs parce qu’il va falloir un peu descendre à un moment. J’ai peur qu’on soit obligé de raser Terre-Neuve. On aime jamais trop l’arrivée d’une dépression. On voit des chiffres sur des cartes, mais on ne sait jamais trop s’il va y avoir beaucoup de rafales. "

 Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat-Armor Lux), 6^e mono 60 : " Ceux qui sont devant maintenant ont un gros avantage. Les premiers qui touchent la bascule au nord-ouest pourront accélérer à 17-20 nœuds. (dialoguant avec Jean-Pierre Dick) T’as la balle, ou alors t’est magicien ! "

 Karen Leibovici (Atlantica-Charente Maritime), 14^e mono 60 : " Pour le moment, je suis en plein dans la dorsale. Le petit temps s’installe, c’est la pétole. C’est soleil, mer plate, et bientôt ambiance petite tenue assurée. Malgré tout mon retard, je suis bien heureuse d’être là. Maintenant, séance électricité/mécanique. "

DBo.