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Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

PRB entre en vainqueur pour le 2e fois en 4 ans aux Sables d’Olonne
Photo : Liot/Stichelbault/Vapillon / DPPI / SAEM Vendée

Vendée Globe

Riou succède à Desjoyeaux avec 5 jours 17 heures de moins

87 jours 10 heures 47 minutes 55 secondes pour le 2e tour de PRB

jeudi 3 février 2005Information Vendée Globe

C’est à 22 heures 49 minutes et 55 secondes TU soit à 23 heures 49 minutes et 55 secondes heures françaises ce mercredi 2 février 2005 que le monocoque 60 pieds PRB skippé par Vincent Riou a coupé la ligne d’arrivée du Vendée Globe 2004, course en solitaire, sans escale et sans assistance au départ des Sables d’Olonne (France).

Le temps de course pour parcourir les 23 680 milles est de 87 jours 10 heures 47 minutes et 55 secondes à la vitesse Vitesse #speedsailing moyenne théorique sur le parcours de 11,28 noeuds (22 km/h).

Il succède ainsi à Michel Desjoyeaux (PRB) qui avait gagné l’édition 2000/01 et avait parcouru les quelques 40 000 kilomètres de course en 93 jours 03 heures 57 minutes et 32 secondes. Vincent bat donc le précédent record Record #sailingrecord de 5 jours 17 heures 9 minutes 37 secondes.

• Repères (en heure française)

- Lieu départ et arrivée : Les Sables d’Olonne (France)
- Nombre de milles à parcourir : 23 680 milles
- Date du départ : Dimanche 7 novembre à 13h02
- Date première arrivée : Vincent Riou (PRB) le mercredi 2 février à h.
- Temps de course : 87 jours 10 heures 47 minutes 55 secondes.
- Record Record #sailingrecord battu de : 5 jours 17 heures 09 minutes 37 secondes.

• Course de Vincent Riou (PRB)

- Passage de l’équateur (aller) : 18 novembre 2004 à 4h00 en 10 jours 14 heures et 58 minutes
- Passage du cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud) : 1er décembre 2004 à 15h20 en 24 jours 02 heures et 18 minutes
- Passage du cap Leeuwin (Australie) : 14 décembre 2004 à 01h50 en 36 jours 12 heures et 48 minutes
- Passage du cap Horn (Chili) : le 03 janvier 2005 à 21h45 en 57 jours 08 heures et 43 minutes
- Passage de l’équateur (retour) : le 19 janvier 2005 à 03h00 en 72 jours 13 heures et 58 minutes

Vincent Riou, chronologie d’une victoire

A 23 heures 49 minutes et 55 secondes que Vincent Riou a franchi la ligne d’arrivée devant les Sables d’Olonne
Photo : Liot/Stichelbault/Vapillon / DPPI / SAEM Vendée

Discret et peu bavard, Vincent Riou n’en est pas moins un marin complet, qui peut compter sur sa palette de compétences pour faire des étincelles en solitaire. Breton pur iode, il tombe dedans tout petit déjà et va se forger un joli palmarès de régatier, qui va lui ouvrir ensuite en grand la porte de tous les océans. Champion de France de Match Racing (en 1994), double Champion de France de First Class 8 (1997 et 1998), Vincent fréquente aussi avec beaucoup d’assiduité le circuit Figaro, où il obtient des résultats plus qu’honorables - notamment en 2002, où avec la régularité d’un métronome, il s’adjuge la 4e place sur la Solitaire et sur la Transat AG2R. Mais déjà, au regard de ses collègues de classe, Vincent a une particularité : il a soif de large qu’il a découvert lors d’une Transat Jacques Vabre Transat Jacques Vabre #TJV2015 initiatique à plusieurs titres, en 1993. Depuis cette première épreuve hauturière, Vincent s’est toujours attaché à se doter d’un bagage technique indispensable pour tous ceux qui entendent repousser plus loin leurs horizons.

Longtemps dans l’ombre de Michel Desjoyeaux, Vincent Riou a fait le grand saut début 2003 lorsqu’il s’est vu confier la barre du bateau vainqueur du dernier Vendée Globe. Un bateau qu’il connaît bien puisqu’il a participé à sa conception, sa construction et sa préparation pour le Vendée Globe 2000-01 de Mich’ Desj’. Electronique embarquée, informatique, mécanique. le marin touche à tout. Vincent potasse et cogite la météo pour se constituer de solides connaissances. Des connaissances qui seront directement appliquées lors de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum 2002 durant laquelle Vincent assurera le routage de Mich’Desj’, vainqueur de l’épreuve. A bord du 60 pieds PRB, Vincent termine 4e de la Transat Jacques Vabre Transat Jacques Vabre #TJV2015 2003 (avec Jérémie Beyou), 2e du Défi Atlantique et abandonne pour démâtage lors de la Transat Anglaise.

La Course de Vincent Riou

Les Sables/Equateur A 13h02, le 7 novembre, 20 solitaires s’élancent pour la 5e édition du Vendée Globe. En bout de ligne, en envoyant son gennaker juste avant le coup de canon, Vincent Riou (PRB) est le plus prompt à couper la ligne de départ, suivi de Bruce Schwab (Ocean Planet). Le vent faible de nord-est oblige les concurrents à tirer des bords de largue pour rejoindre la première bouée, que Vincent Riou franchit en 2e position derrière Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec). Peu de temps après, Vincent contourne en tête la dernière bouée de ce parcours côtier de 6 milles. Tout comme Michel Desjoyeaux en 2000, Vincent remporte le côtier initial. Et PRB repart comme il était revenu il y a 4 ans : en tête !

Partis sur les chapeaux de roues, avec des moyennes quotidiennes supérieures à 300 milles, les premiers franchissent le Cap Finisterre dès la deuxième nuit.

Après 4 jours et 3 heures de course, Vincent Riou explose de 1 jour 22 heures le record entre Les Sables et les Canaries établi en 2000 par Yves Parlier. Le 13 novembre, Riou perd la tête du Vendée Globe à l’approche des îles du Cap Vert. Jean Le Cam récolte les fruits de son option est au passage des Canaries et devient le nouveau leader. Le lendemain 14 novembre, Vincent Riou descend pour la première et dernière fois sur la 3e place du podium. Il ne quittera plus jamais les deux premières places.

Le Pot-au-Noir, violent et surprenant comme à son habitude, ne ralentit pas beaucoup Vincent Riou qui franchit l’équateur 3 heures après Jean Le Cam le 18 novembre après 10 jours et 15 heures de mer.

Equateur/Bonne-Espérance Pour la première fois depuis le départ, le sud de l’anticyclone de Sainte-Hélène réduit les vitesses en dessous de 10 nouds. Les premiers tentent de passer dans un trou de souris entre deux systèmes de hautes pressions. Le 25 novembre, les premiers s’échappent, laissant en plan leurs poursuivants de l’autre côté de la dorsale. Vincent et Jean prennent la poudre d’escampette et relègue le 3e, Roland Jourdain (Sill et Veolia), à plus de 200 milles. Entre le 24 et le 26 novembre, Vincent Riou et Jean Le Cam alternent tous les jours à la première place et affichent leurs plus faibles moyennes avec seulement 4,6 nouds pendant 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures . Le 26 novembre au matin, au sud-ouest de l’Afrique du Sud, Vincent Riou et Jean Le Cam se retrouvent bord à bord, à moins de 200 mètres l’un de l’autre. Ce même jour, Vincent reprend la tête pendant 4 jours et demi. Vincent est le premier du duo de tête à entrer dans les 40es Rugissants le 29 novembre. Le premier coup de vent est pour la nuit suivante.

Le 1er décembre, PRB franchit en tête la longitude de Bonne-Espérance à 15h20 après 24 jours 2h18’, soit 4j6h21’ de mieux que le record d’Yves Parlier en 2000. Vincent vient de parcourir les 6700 milles théoriques qui séparent les Sables d’Olonne de la pointe Sud Ouest de l’Afrique du Sud à la vitesse Vitesse #speedsailing moyenne de 11, 59 nouds. Ce même jour, dans la matinée, Vincent Riou empanne à 70° de la route et perd la première place au profit de Jean Le Cam. C’est la première vraie séparation entre Jean Le Cam et Vincent Riou depuis le départ, outre le passage du Cap Vert. Tout le reste du temps, les deux skippers ont suivi des routes parallèles.

Cap Bonne-Espérance/Cap Leeuwin Nouveau changement de leader le 3 décembre. Vincent Riou, au nord, reprend la tête pendant un peu moins d’une journée. Le 4, Jean Le Cam repasse à nouveau en tête et concède à nouveau le leadership au niveau des Kerguelen. Vincent reprend la tête pour la 6e fois et la conservera près de 13 jours. Vincent et Jean comptent plus de 570 milles d’avance sur le 3e, Roland Jourdain, et 811 sur Mike Golding (Ecover). L’Océan Indien est fidèle à sa réputation. Les coups de vent à plus de 50 nouds sont plutôt fréquents. Le 14 décembre, à 1h50, Vincent Riou franchit son deuxième cap en tête au passage de la longitude du Cap Leeuwin. Après 36 jours 11h48’, Vincent atteint l’Australie et descend une nouvelle fois de 4 jours 12h01’ le temps de référence établi par Michel Desjoyeaux en 2000.

Cap Leeuwin/Cap Horn Les premiers atteignent la mi-course le samedi 18 décembre. Cinq solitaires se tiennent en moins de 250 milles, ce qui n’était jamais arrivé dans l’histoire Histoire #histoire du Vendée Globe. L’entrée dans le Pacifique se fait au près pour les premiers le 20 décembre avec 35 à 40 nouds de vent d’est. Le même jour, Vincent Riou perd la tête et le MRCC (Maritime Rescue Cooperation Centre) de Nouvelle-Zélande signale la présence d’icebergs à 300 milles dans l’est de l’île Campbell (NZ).

Le 22 décembre, Jean Le Cam aperçoit ses premiers icebergs. Plus au nord, Vincent Riou joue la carte de la précaution et vire immédiatement de bord vers le nord-est pour réduire les risques, ce qui ne l’empêche pas d’en apercevoir aussi. Jean en profite pour augmenter son avance. Les journées et les nuits sont longues à veiller sur le pont pour tenter de repérer le moindre iceberg ou growler, indétectable par le radar. En suivant deux routes différentes, l’un au nord et l’autre au sud, les écarts se creusent entre Jean et Vincent. En 28 heures, le 25 décembre, le retard de PRB passe de 2,2 à 130 milles sur Bonduelle. Mike Golding, qui comptait plus de 800 milles de retard deux semaines plus tôt, revient à 50 milles dans le sillage de Vincent Riou.

Le réveillon du jour de l’an se traduit par le plus grand écart de toute la course entre Le Cam et Riou : 264 milles. En arrivant au Cap Horn le 3 janvier à 6h15 (56j17h13’), Jean Le Cam compte encore 190 milles et 15h30 d’avance sur Vincent Riou. Mais dès le rocher franchi, le vent s’évanouit et bloque le skipper de Bonduelle qui assiste, impuissant, au retour en force de ses deux poursuivants.

Cap Horn/Equateur La remontée de l’Atlantique démarre au ralenti. Depuis le Horn, Jean Le Cam ne cesse de perdre du terrain sur Vincent et Mike.

Le 6 janvier, au nord-est des Malouines, Jean Le Cam s’écarte vers l’est et suit une route de 20° différente de ses adversaires. C’est le grand tournant de la course. Dans une mer difficile, avec des conditions météos chaotiques composées de grains très violents, le trio de tête tente de s’extirper de cette zone du diable. Vincent Riou plante dans une vague et voit l’arrière se soulever à plus de 10 mètres de haut. Vincent a juste le temps de s’accrocher à sa colonne de winch. Heureusement, le bateau retombe du bon côté et n’occasionne que la casse d’une latte. L’anémomètre affichait à ce moment-là 75 noeuds !

Le 9 janvier, pour ses 33 ans, Vincent reprend la tête de la course. Les trois premiers se tiennent en 5,4 milles. Mike Golding revient fort à la deuxième place et casse une première fois sa drisse de grand-voile au moment où il allait prendre la tête. L’Anglais poursuit son effort et prend la tête pour la première fois le 12 janvier. Décalé dans l’est, à la latitude de Rio de Janeiro, Vincent repart à l’attaque le lendemain et reprend les commandes pour la 11e fois depuis le départ ! Le lendemain, Vincent profite d’une nouvelle avarie de drisse chez Mike Golding pour se retrouver tout seul en tête. Vincent repasse l’équateur le 19 janvier à 3h00 après 72jours 13h58’, avec 127 miles d’avance sur Jean Le Cam.

Equateur/Les Sables Comme à l’aller, Vincent Riou est peu ralenti par la traversée du Pot-au-Noir qui reste toujours un passage délicat à cause de la violence et de la soudaineté des grains. Jean Le Cam et Mike Golding sont plus ralentis que Vincent. Jean accuse le 22 janvier 182 milles de retard sur PRB. Mais un anticyclone en formation sur la route, au nord du Cap Vert, complique la donne et oblige le trio de tête à se rallonger la route par l’ouest. En trois jours, Mike et Jean reviennent très fort. Vincent assure en s’écartant du centre anticyclonique tandis que Jean et Mike coupe au plus court pour tenter de rattraper Vincent. Les écarts ne cessent de faire le yo-yo. De 160 milles, le retard de Jean retombe à moins de 30 milles avant de remonter à 158 milles. Décalé de 3° en latitude (180 milles), Vincent Riou attaque le dernier anticyclone avant l’arrivée avec toujours autant de confiance et de sérénité. Le retour de Jean Le Cam à 0,7 mille devant Vincent le lundi 31 janvier n’ébranle pas la stratégie de Riou. Vincent touche la bascule en premier et s’envole vers les Sables pour une victoire incroyablement disputée.

Conférence de presse d’arrivée

C’est en présence d’un copieux parterre de journalistes et de tous ses supporters que Vincent Riou, s’est livré à 2 heures 07 du matin sans fatigue apparente à la traditionnelle conférence de presse d’arrivée.

Avaries
- « J’ai deux avaries majeures à déplorer. Une défaillance du groupe hydraulique qui m’empêchait de remonter la quille. Un ballast d’inertie qui a explosé car l’air ne s’évacuait pas lorsque le bateau marchait vite. Lorsque je naviguais bâbord amures, il me manquait 1,5 tonnes d’eau. Heureusement, la remontée de l’Atlantique s’est effectuée tribord amures. »

Equipe
- « Grâce à mon équipe, j’ai disposé d’un bateau bien préparé qui m’a permis de monter très haut en régime. »

Solitude
- « Je n’ai pas souffert de la solitude. Mais j’aime bien le contact avec la terre. J’ai passé beaucoup de temps au téléphone. »

La dureté
- « J’ai connu des journées très dures, mais j’ai du mal à extérioriser mes émotions. On a allumé dans l’Atlantique à l’aller, mais dans des conditions très stables. Le retour en revanche a été très cher. L’Indien a été très dur, avec des grosses dépressions, mais on a toujours eu le choix d’y aller ou pas, toujours la solution de routes plus sages. L’Indien a été très dur pour le bateau et on a terminé avec 8 jours de louvoyage entre l’Indien et le Pacifique, quelque chose d’exceptionnel. »

Les glaces
- « On peut décider ou non d’y aller. J’ai choisi de rester au nord et on a fait le Pacifique sans un véritable coup de vent à l’avant d’une dépression. »

La gestion
- « Une bonne maîtrise de la météo permet de bien se gérer et de naviguer serein. Quitte à perdre des milles, je préfère choisir les routes les plus clémentes. Je ne suis pas maso et je ne cherche pas les situations difficiles. »

La météo
- « Ca m’éclate. La stratégie est l’aspect le plus génial dans la voile. La tactique et la stratégie nous permettent de choisir nos routes les plus clémentes. »

Bêtises
- « Jean a fait une bêtise au Horn. Il est allé dans une zone de petit temps pas maîtrisé par les modèles. L’observation satellite par Internet haut débit m’a permis de la repérer. Jean y est allé directement et a perdu 200 milles en 36 heures. Peut-être n’avait-il plus de haut débit à bord ? »

Sérénité
- « J’en ai vraiment eu ras le bol après les Açores et aussi lorsque j’ai perdu la première place après l’Australie. Les dépressions tropicales au large du Brésil et la grande zone anticyclonique après les Açores m’ont beaucoup énervé. Très frustré aussi de ne pas pouvoir marquer mes adversaires. Dans des conditions changeantes, il m’a fallu barrer et régler le bateau tout le temps. »

Aventure Aventure
- « Le Vendée Globe est forcément une aventure Aventure , il ne faut pas oublier ça. Il faut se préparer à vivre quelque chose de différent, essayer de découvrir là où on va. C’est une dimension humaine très importante. »

Performance
- « Je n’ai pas toujours eu dans ma carrière les moyens de me préparer. Ce Vendée Globe me l’a permis. Je pense que c’est plus facile de gagner un Vendée Globe qui demande de la polyvalence plutôt qu’un exercice de régate pure. »

L’avenir
- « Je ne suis pas difficile, j’aime tous les types de compétition sur tous les types de bateaux. Je veux juste continuer à gagner ma vie avec ma passion, et continuer à faire ce que je sais faire. Je ne suis pas dégoûté du Vendée Globe et j’aimerais refaire un Figaro. »

Bateau
- « Je le connais depuis son origine. Ce bateau a une âme. Je suis content pour ceux qui l’ont dessiné et pour ceux qui l’ont construit. Je n’ai jamais compris qu’on aille chercher ailleurs un savoir-faire que l’on a en France. Les bateaux ont peu évolué depuis quatre ans à part les formes de carènes. »

La victoire
- « Jean et Mike ont fait de très belles courses. La victoire ne tient pas à grand chose. Dans l’Atlantique Sud, Jean a eu une chance de revenir, il ne l’a pas saisi. » Source : Vendée Globe



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