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Volvo Ocean Race • étape 4

Sidney Gavignet : " je me suis dis « J’arrête la Voile »"

"Le monde va mal mais nous, nous le voyons d’une façon exceptionnelle"

vendredi 30 janvier 2009Information Volvo Ocean Race

Pour les trois premiers de cette 4e étape de 2 500 milles entre Singapour et Qingdao - dans l’ordre Telefonica Blue, Puma et Ericsson 4 -, l’heure est au repos pour les navigants et au bricolage pour les équipes techniques afin d’être parfaitement opérationnels pour le prochain rendez-vous, l’in port de Qingdao, fixé au samedi 7 février. Le départ de la grande étape de cette édition 2008-2009 de la Volvo Ocean Race, entre la Chine et le Brésil – 12 300 milles et 35 jours de mer estimés – étant donné le samedi suivant, le 14 février.

A l’arrivée en Chine, Sidney Gavignet, Chef de quart sur Puma, et seul marin français présent sur cette étape, a livré à Amanda Dawn Blackley de l’équipe Radio de l’organisation Organisation #organisation ses impressions sur l’étape en particulier, sur la course en général mais aussi sur le métier de marin :

Après l’avarie de bôme de Puma, imaginiez-vous terminer 2e de cette étape, si proche du vainqueur ?

- SG : Il ne faut pas oublier qu’on a quand même mené toute la première partie de l’étape de belle manière jusqu’au nord des Philippines, en tête ou second. On avait déjà fait du bon travail de Singapour à ce point. Après on est entrés en tête dans le détroit de Luzon et nous avons alors cassé la bôme. Cela arrive, c’était déjà arrivés aux (Green) Dragons. Après une telle avarie, on ne pense plus vraiment à quelle place on va finir la course. On gère le problème d’abord et puis on voit dans quelles conditions météo on repart. Notre navigateur, Andrew Cape nous a donné le bon timing pour cela. En effet, quand on est repartis, on l’a fait juste au bon moment pour bénéficier d’une rotation du vent. Ceux qui étaient partis avant nous sont restés au près, dans du vent très très fort, alors que la rotation nous a permis de faire du large un bon moment avec des pointes à plus de 20 nœuds. On a donc eu de la réussite. On ne gagne pas cette étape, mais il s’en est fallu de peu car nous revenions très fort sur Telefonica sur la fin. Mais c’est super qu’ils gagnent. Ils méritent leur première place car ils ont beaucoup souffert. Ils sont vraiment allés « au charbon » comme on dit en français. Mais pour nous, c’est une très belle 2e place. Il y a eu des 2es places d’Il Mostro dont je n’étais pas fier. Mais celle là, j’en suis vraiment fier.

Comment cela s’est passé sur le bateau avec toutes ces difficultés ?

- Il a une bonne dynamique qui arrive sur la bateau et qui est de bonne augure pour le futur. Autant j’étais un peu découragé en arrivant à Singapour, autant je me dis qu’on est sur la bonne voie et qu’il y a de forte chance qu’on remonte bien la pente.

As-tu appris des choses pendant cette étape ?

- Oui. Ici, je suis un vieux (rires), j’ai 40 ans. Et en voile, je n’apprends plus beaucoup parce que j’en ai fait beaucoup. Mais sur cette étape, j’ai vraiment appris plein de nouvelles choses en voile car on a navigué dans des conditions dans lesquelles on ne navigue jamais. Des conditions de vague vraiment extrêmes dans lesquelles il faut vraiment ralentir le bateau. On apprend toute notre vie de marin à faire avancer un bateau au plus vite, et là il a fallu apprendre à faire aller le bateau doucement. C’est nouveau et on ne savait pas faire. Et petit à petit, on a tous appris comment faire. Donc j’étais content d’apprendre quelque chose de nouveau en voile ; alors que maintenant ce qui me passionne vraiment, c’est le côté humain.

A quel moment on décide de ralentir ?

- On décide quand le bateau est déjà cassé et qu’il faut faire avec les conditions que nous avons rencontrées. Je pense que c’est très difficile pour ceux qui sont restés à terre d’imaginer les vagues que nous avons connues sur cette Mer de Chine. C’était des vagues très très hautes et très verticales. Même au ralenti, quand nous allions à 6-7 nœuds, (ce qui est lent pour le potentiel de ces bateaux qui filent aisément à 12 nœuds au près), nous retombions tout de même avec une extrême violence sur la mer. Il faut imaginer ces machines de 14-16 tonnes qui tombent de 3 mètres de haut sur une surface pratiquement solide. C’est très douloureux pour les bateaux.

Et pour les hommes ?

- Je dois avouer que sur cette étape, je suis passé par des stades où je me suis dis « J’arrête la Volvo après cette étape ». Je me l’étais déjà dit à plusieurs reprises, en fait après presque chacune des étapes. Après, je me suis dis « J’arrête la Voile », parce que c’est vraiment un sport à la c…. « C’est nul, ça rime à rien ». Et puis finalement, on s’est retrouvé dans la tempête, avec trois ris et tourmentin, à passer près d’îles japonaises au large de Taiwan où il y avait beaucoup de navires Coast Guards. Ils ont quitté leur abri pour venir nous voir et nous suivre un peu. Et là, je me suis dit que c’était tout de même très exotique d’être suivis par les coast guards japonais en Mer de Chine. Après on arrive à large de Shangaï, et au moment où on passe une île, on voit des plein de bateaux avec des pavillons chinois et des arbres de Noël pour fêter le Nouvel An chinois. C’est encore très exotique. Et puis après, on arrive dans des filets de pêche comme on en a jamais vus, avec des milliers de filets, comme cela ne peut arriver qu’en Chine. A Qingdao, on a eu une réception avec près de 2 000 figurants…. C’est vrai qu’il ne faut pas venir naviguer ici, mais d’une autre façon, je me dis quelle chance et quelles histoires je vais avoir à raconter à mes petits enfants !!! Je le répète, il ne faut pas venir naviguer ici (rires) mais c’est exceptionnel de faire cette course. On part d’Afrique du Sud, pour se retrouver en Inde, puis à Singapour, puis en Chine dans le froid et dans le brouillard. Après on va se retrouver à Rio après le Cap Horn. Le monde va mal mais nous, nous le voyons d’une façon exceptionnelle. La Volvo Ocean Race, nous procure des moments rares, professionnels, personnels et familiaux. C’est vraiment unique. C’est une bénédiction d’y participer. C’est vraiment comme cela que je vois les choses.


Classement ce vendredi 30 janvier – 8h

- 1 – Telefonica Blue – arrivé - + 8 points
- 2 – Puma – Arrivé - + 7 points
- 3- Ericsson 4 – arrivé - + 6 points - 4 – Green Dragon à 221 milles de l’arrivée à 5h Paris
- Delta Lloyd – course suspendue – au port à Taiwan
- Ericsson 3 – course suspendue – au port à Taiwan
- Telefonica Black – DNF – au port à Luzon Team Russia - DNS

Classement général Provisoire après 6 manches (sur 17)

- 1- Ericsson 4 – 45 points (dont les points de Qingdao)
- 2- Telefonica Blue – 41,5 points (dont les points de Qingdao)
- 3- Puma – 38 points (dont les points de Qingdao)
- 4- Ericsson 3 – 24 points
- 5- Green Dragon – 22,5 points
- 6- Telefonica Black – 19 points
- 7- Team Russia – 10,5 points – s’est retiré provisoirement de la course
- 8- Delta Lloyd – 10 points


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