Photo : G.Martin-Raget / Promovoile

Marc Guillemot (Biscuits La Trinitaine-Ethypharm) espère repartir au plus vite, soit peut-être dès demain en fin de journée, pour s’octroyer une place sur le podium. En effet, si Stève Ravussin (TechnoMarine) est plus que jamais un solide leader, Lalou Roucayrol (Banque Populaire), actuel deuxième, commence un combat épique avec l’anticyclone des Açores qui l’a pris dans ses filets. Seul concurrent à avoir contourné l’archipel des Açores par le Nord, Lalou ne bénéficie pas encore des vents portants de secteur Nord-Nord-Est, d’environ 15 nœuds. Il subit actuellement les affres du petit temps, même si ce répit après 6 jours de course disputées uniquement par vent fort à très fort, semble pour l’instant le bienvenu. Les deux prochains jours seront cruciaux pour Lalou qui risque de voir revenir sur lui, à toute vitesse Vitesse #speedsailing , Michel Desjoyeaux, puis Marc Guillemot .

Les monocoques IMOCA Imoca #IMOCA se faufilent actuellement sous la bordure Sud de l’anticyclone des Açores. Les deux anglo-saxons, Mike Golding (Ecover) et Ellen MacArthur (Kingfisher) ont les yeux rivés sur leur baromètre pour éviter de se faire piéger par les calmes. C’est seulement dans deux jours qu’ils seront tirés d’affaire, Ellen entrevoyant pour la suite un long bord de reaching en bâbord amure pour rejoindre la Guadeloupe. Plus au Sud en raison de son arrêt hier après-midi sur l’île de Porto Santo, Roland Jourdain (Sill) ne risque pas de se faire engluer par les calmes. Il est déjà sur l’autoroute des alizés et espère bien faire quelques excès de vitesse Vitesse #speedsailing et mettre ainsi régulièrement le clignotant pour doubler les 7 adversaires qui le devancent. Combien de ses concurrents Roland arrivera t-il à doubler d’ici l’arrivée prévue en début de week-end prochain pour les monocoques ? A l’instar du « come-back » prévu de Michel Desjoyeaux, cette course poursuite va pimenter un peu plus la compétition en cours dans cette classe.   Dans les trois autres classes, les podiums se dessinent mais, là encore, rien n’est joué. Franck-Yves Escoffier (Crêpes Whaou) va subir désormais les assauts d’Anne Caseneuve (Yachting-casion.com). Après avoir fait le gros dos dans la tempête, Anne dispose d’un trimaran qu’elle a su préserver et qui sera particulièrement efficace aux allures portantes. Hervé Cléris (Vaincre la Mucoviscidose) et Claude Thélier (Région Archipel Guadeloupe) sont tous deux en escale sur l’archipel de Madère et vont repartir dans les prochaines heures. Pour eux aussi, une des trois marches du podium reste tout à fait accessible.

Chez leurs collègues monocoques 50 pieds, ceux de la classe 2, il en est de même. En tête depuis l’abandon de Yannick Bestaven (République Dominicaine), l’australien Nick Moloney (Ashfield Healthcare) devra bien regarder dans son rétroviseur et Luc Coquelin (Florys), deuxième, est plus que jamais sous la pression d’Hervé Vachée (Mille Visages) et de Roger Langevin (Brannec 3) qui ont tous deux des luges taillées pour le portant.

Enfin, en Classe 3, avec l’arrêt du leader Régis Guillemot (Storage Tek), prévu cette nuit sur l’île de Santa Maria (Açores), Jérôme Thiriez (Passion Entreprendre) et Etienne Svilaritch (Grain de Soleil), au coude à coude depuis S^t-Malo, vont pouvoir revenir dans le match.

  Le point sur les sauvetages  

 Le Sopra Group de Philippe Monnet étant tiré d’affaire depuis hier soir, les opérations de sauvetage sont toujours en cours du côté des autres trimarans en difficulté.  

 Eure&Loir - Lorenove : après quatre nuit sur son trimaran retourné, Francis Joyon est monté hier soir sur le chalutier Eric Vincent. Les conditions climatiques dans le golfe de Gascogne, 30 à 40 nœuds de NW et mer forte, devraient s’améliorer demain. Francis espère pouvoir alors commencer la manœuvre de retournement de son bateau.  

 Rexona Men : Yvan Bourgnon risque de patienter jusqu’à lundi avant de voir son remorqueur arriver sur sa zone. Dans le mauvais temps, ce dernier n’avançait vers lui qu’à la vitesse moyenne de 3 nœuds. Mais, là encore, les conditions devraient s’améliorer. Yvan va bien , il se rationne juste en eau.  

 Fujifilm : Loïck Peyron est à Vigo et va appareiller avant la nuit sur un remorqueur de 25 mètres avec toute son équipe. Il pense faire la jonction avec son trimaran disloqué dès demain matin, au lever du jour.

 Sergio Tacchini : le flotteur tribord a fini par complètement se disloquer. Karine Fauconnier va donc laisser sur l’eau un Prao et non un trimaran. La météo étant toujours mauvaise, le PC Course a demandé à Bob Escoffier (Adecco Etoile Horizon) de se dérouter et de venir récupérer Karine. Tous deux espèrent pouvoir effectuer cette manœuvre avant la tombée de la nuit. Ensuite, Bob et Karine feront route vers Madère, distant de 230 milles, cap au sud. C’est de là que Karine compte organiser le sauvetage de son trimaran/prao.

Nicolas Raynaud

 Bob Escoffier (Adecco Etoile Horizon) : « Je suis à environ 30 milles de Karine que j’espère atteindre avant la nuit pour le transbordement. Heureusement que Karine a eu la bonne idée d’être dans mon Sud sinon j’aurais eu un peu plus de mal à revenir sur elle. J’ai encore une mer qui déferle avec 18-20 nœuds de vent. Le porte-container sur zone devrait nous aider à aplanir la mer en se plaçant au vent. La manœuvre devrait bien se passer. »  

 Karine Fauconnier (Sergio Tacchini) : « Ca fait 2 heures que je fais de l’eau. Je passe mon temps à pomper et je vais tout faire pour boucher la voie d’eau. Sinon le bateau ressemble pas mal au radeau de la méduse avec 2 moignons à la place des bras. Question secours, j’ai eu 3 cargos cette nuit qui ont tout fait pour me récupérer mais c’est impossible de leur expliquer que je risque ma vie en tentant de monter à leur bord. Il va falloir être assez prudent avec Bob car le bateau marche à 4 nœuds et je ne peux pas le ralentir. »  

 Lalou Roucayrol (Banque Populaire) : « Je suis dans la pétole. J’ai huit nœuds de vent, le bateau marche tout de même à dix nœuds. Je n’aime pourtant pas la pétole mais là je dois dire que c’est le pied. J’ai enfin réussi à monter dans le mât. La première fois c’était assez cool, par contre la fois suivante je me suis un peu fait balader. Le bateau était travers à la mer autant dire qu’à 7-8mètres au-dessus de l’eau ça peut faire mal. Il faut que j’y retourne pour finaliser car pour le moment je ne peux pas prendre un ris sans tout casser. »  

 Roland Jourdain (Sill) : « Il faudrait que les deux britanniques de devant me donnent un coup de main pour que je puisse revenir, malheureusement je ne pense pas qu’ils me feront ce cadeau. J’en ai bien profité, au péage de Madère, pour me reposer. Maintenant c’est direction le Sud pour récupérer le plus tôt possible les Alizés et partir en chasse. »  

 Ellen Mac Arthur (Kingfisher) : "C’est vraiment le bagarre avec Mike. Nous nous sommes croisés plusieurs fois mais maintenant nos routes se séparent. Mike monte vers le Nord et moi je descends vers le Sud. Le bord qui s’annonce va être très long et je pense passer pas mal de temps à la barre. Le final aux Antilles promet d’être chaud et il va falloir être vigilant. »  

 Michel Desjoyeaux (Géant) : « J’ai repris la mer ce matin à 10h00, mais pour le moment je ne marche pas très vite. Si ça continue je vais arriver en Guadeloupe après la remise des prix. Le petit Suisse semble en grande forme et il me faudrait lui reprendre plus de 100 milles par jour pour le rattraper. L’objectif est d’y aller et l’occasion faisant le larron… Je pense pouvoir encore faire quelque chose. Avec 4 multis encore en course, un podium semble envisageable. Il reste 2600 milles à parcourir dans les alizés, alors au boulot. »  

 Anne Caseneuve (Yachting-Casino.com) : « Je viens de récupérer les Alizés de NE de 20-25 nœuds, c’est impeccable. Je continue de prendre de l’eau sur la figure mais c’est beaucoup plus agréable que les premiers jours de course. Mon seul but est de reprendre des milles à Franck Yves. Je ne vais pas lui lâcher la grappe comme ça. Par contre j’aimerai bien avoir un grand mât, mais bon, mon trimaran se comporte très bien, c’est impeccable. »  

 Antoine Koch (L’Héautontimorouménos) : « J’ai enfin retiré la dernière couche de polaire. La température a considérablement augmenté et ça ressemble bien aux alizés. Il va falloir maintenant que je passe un peu plus de temps à la barre pour revenir sur Miranda. »  

 Miranda Merron (UUDS) : « J’ai des conditions superbes. Le gennaker est à poste, le soleil brille par contre je n’ai pas l’impression d’aller vite. J’ai jeté un coup d’œil à la quille et aux safrans, il n’y a rien je ne sais pas ce qu’il se passe. Je ne suis pas à l’abri du retour d’Antoine alors il faut barrer, barrer et encore barrer tout en jetant un œil sur le baro pour ne pas se faire piéger. Je tiens à féliciter ma copine Emma Richards pour sa superbe 3^e place dans la deuxième étape d’Around Alone. Je suis super fière d’elle. »