Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Regata Rubicon

Bernard Stamm : « Réglage. Barre. Bouffe. Dodo. »

jeudi 23 mai 2002Information Regata de Rubicon

A force de tirer des bords, les concurrents se rapprochent de l’Italie, mais la distance jusqu’à l’arrivée s’étire ! En clair, si Santa Margherita est encore à 1000 milles derrière l’horizon, les six monocoques pourraient bien parcourir entre 1300 et 1500 milles à cause d’une route sinusoïdale.

Après 48 heures de course, la flotte, toujours emmenée par Roland Jourdain, progresse à une moyenne de 200 milles par jour, malgré les vents contraires. Dans ces conditions météo, les cinq à six jours de course restants vont être d’une intensité extrême. La course au large prend des allures de régate de monotype Monotype #sportboats au contact, et la moindre inattention coûte chère. Le sommeil diminue au rythme des manœuvres qui se multiplient. Et la concentration ne se mesure plus 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures sur 24, mais 60 secondes par minute. C’est la recette pour arriver à s’écarter, mètre par mètre, d’un adversaire parfois désespérément « collant » !

« Hier, on était à 0,5 mille de Sill Plein Fruit lorsqu’il a accroché un nuage. Il est parti pendant une heure et demie et a disparu à l’horizon » raconte Kiny Parade un brin dépitée, à bord de Kingfisher. Et aujourd’hui, l’équipage international accuse près de 20 mille de retard sur les Sill boys de Roland Jourdain. « Depuis ce matin, je ne compte même plus les virements de bord et les changements de voiles, ajoute la navigatrice suisse. Personne à bord ne peut se vanter d’avoir eu une heure de sommeil d’affilée ».

Même son de cloche à bord du bateau italien Tiscali. « On a changé de bord pas mal de fois, avoue le skipper Simone Bianchetti. On est bord à bord avec Bobst Group-Armor Lux. Ça régate à fond ! » La concentration de l’équipage est d’autant plus importante que dans ces conditions de vent variable, tant en force qu’en direction, il ne faut rien lâcher seconde après seconde. « Avec la houle d’ouest (pour un vent de nord-est), le côté bâbord amure est plus agréable, explique le skipper suisse Dominique Wavre (Temenos). Mais le barreur doit être encore plus attentif, car c’est plus difficile de barrer. »

Concentration maximum. Multiplication des manœuvres – virements de bord, changements de voile, matossage… On l’aura compris, les coureurs se livrent une lutte acharnée digne d’un Grand Prix. A la différence que cette seconde étape ne dure pas une après-midi… mais une semaine non-stop, jour après nuit. Et si les concurrents avaient unanimement adoré la première étape pour ses difficultés tactiques, et la variété du parcours et des conditions météo, la seconde leur offre ce même cocktail au goût salé, où la fatigue et l’excitation de la course se mélangent à l’attente nerveuse du classement – a-t-on gagné ou perdu un mille ? – et au plaisir d’être en mer. « Le temps est merveilleux : on a pris notre petit déjeuner en terrasse avec vue sur la mer » plaisante Kiny Parade.

Lorsqu’on sait avec quel hargne chaque équipage se bagarre, la performance des hommes de Roland Jourdain n’en est que plus admirable. Comme sur les autres bateaux, la moindre minuscule bascule de vent est exploitée immédiatement, quel que soit le nombre d’équipier sur le pont, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Jean-Baptiste Epron, équipier de Sill Plein Fruit, avouait hier que Roland Jourdain attendait d’eux une concentration permanente. Le résultat passe par là ! Il faut toujours y rajouter un brin de réussite. Alors, on comprend que lorsque Bobst Group-Armor Lux perd deux places dans la nuit (de la 2e à la 4e), le moral fluctue avec les classements. « Réglage. Barre. Bouffe. Dodo. » Voilà comment Bernard Stamm résume une journée.

Dans ces conditions, un autre équipage mérite les projecteurs : celui de Virbac. Après avoir bataillé deux heures durant hier pour réparer une grand-voile qu’ils ont due affaler, après avoir étudié toutes les solutions possibles pour réparer le rail de mât endommagé qui les contraint à naviguer en permanence avec deux ris, l’équipage de Jean-Pierre Dick arrive encore à doubler un adversaire et n’avoir plus que 12 petits milles de retard sur le quatrième du classement. Décidément, une course ne peut prétendre être exceptionnelle, que si ses marins le sont…

Loïc Le Bras

Ils ont dit :

Roland Jourdain (Sill Plein Fruit) : « On est un peu valdingué dans tous les sens dans la mer. On a toujours eu un peu plus de pression de vent. Cette nuit, on a essayé de gérer toutes les bascules. »

Bernard Stamm (Bobst Group-Armor Lux) : « Sill Plein Fruit a dû toucher quelque chose qu’on a pas eu. La dorsale, on l’aura pas. Ce sera du près jusqu’à Gibraltar. On y sera dans un jour. »

Simone Bianchetti (Tiscali) : « On ne s’est pas vraiment reposé ! On a changé de bord pas mal de fois. On n’a pas arrêté. Heureusement, la météo est agréable : ça donne un coup de main. Les jeux ne sont pas faits. Il faut tout faire au maximum, et ne pas prendre de mauvaise option. »

Dominique Wavre (Temenos) : « On a un petit problème de vitesse Vitesse #speedsailing au près dans le clapot. Est-ce parce qu’on a des ballasts ? Des voiles vieilles ? Je pense plutôt que c’est à cause des voiles. Cette nuit, on était tout près de la côte. On y est arrivé à un moment pas favorable. Je pense qu’on va rester au près jusqu’au bout. »

Jean-Pierre Dick (Virbac) : « Le diagnostic est que le rail au-dessus du 2e ris est définitivement endommagé. On est obligé de naviguer avec deux ris. S’il y a du vent pour poursuivre, on continuera jusqu’au bout. Mais s’il y a du petit temps, avec 80 m_ de grand-voile en moins, il est un peu illusoire de vouloir continuer. On a passé deux heures sans grand-voile pour réparer le plus qu’on pouvait par rapport au matériel qu’on a. »


CLASSEMENT DU 23/05/02 17:00:00 Locale Paris
- Monocoque 60’ - Date retenue pour calcul classement estimé : 23/05/02 14:45:01 GMT

Rang Nom Lat Long Dist Ecart Vit Cap
- 1 Sill Plein Fruit 34 35.40’ N 8 48.16’ W 1042,2 0 8,4 343
- 2 Kingfisher 34 17.28’ N 8 56.32’ W 1057,3 15,1 8,1 342
- 3 Tiscali 34 11.24’ N 8 52.92’ W 1058,4 16,2 9,4 76
- 4 Bobst Group Armor Lux 34 11.84’ N 9 01.24’ W 1063,8 21,5 8,3 73
- 5 Virbac 34 01.36’ N 9 23.44’ W 1084,8 42,6 9,9 341
- 6 Temenos 34 07.64’ N 9 57.00’ W 1105,4 63,2 9,1 339
- ABD Adecco - Etoile Horizon
- ABD L’Heautontimoroumenos



A la une