Le vainqueur 2002 s’impose sur le prologue. tout le monde est prévenu !

Photo : Ch.Guigueno / Pipof.com/voile

« Une bonne révision générale », selon Dominic Vittet (Atao Audio System). « Une journée un peu longue, mais qu’on est néanmoins tous contents d’offrir aux médias et aux partenaires. Et puis ça reste une régate, alors tu finis toujours par te prendre au jeu Jeu #jeu  », dixit Kito de Pavant (Navy Lest). « Une belle occasion de tester ses voiles neuves, de peaufiner des réglages... une première opportunité aussi de se confronter aux 51 autres concurrents », d’après Brieuc Maisonneuve (Pays Granvillais), jeune bizuth et fier représentant d’un beau contingent de Normands. Quant à Armel Le Cléach (Foncia-TBS), vainqueur en titre, il lâche tout de go que la régate d’ouverture, « c’est sans conteste un beau parcours, qui doit permettre de montrer que tu es bien là depuis le début. Ce qui est sûr, c’est que si je suis en tête, je ne ferai certainement pas demi-tour ! »... Voilà pour l’ambiance et la teneur des derniers propos d’avant prologue. L’impatience d’y aller se devine sur les visages des solitaires, qui mesurent qu’ils ne devront pas faire de fausse note au fil de cette grande répétition générale, avant le coup d’envoi général de l’épreuve fixé au mardi 27 juillet.

A 10 heures, comme prévu, la flotte des 52 Figaro Bénéteau laisse le bassin Saint-Pierre dans son tableau arrière. Il est temps d’embouquer le canal et de pointer les étraves affûtées vers le large, où doit se disputer le Prologue Afflelou. Un peu plus tard et 6 milles plus loin, on se tasse dans le SAS de Ouistreham ! Le ciel est bas et lourd, mais c’est sans compter avec le soleil qui a juré d’être de la partie et d’offrir une belle éclaircie pour honorer la flotte de cette 35^e édition de sortie. Chose promise, chose due en début de procédure. Vent de nord, nord-ouest d’une bonne dizaine de nœuds, soleil généreux et flotte radieuse : il ne manque décidément rien pour offrir un spectacle d’ouverture à la hauteur de l’épreuve de 1373 milles, qui se trame à l’horizon des côtes normandes.

14 heures, Mr Alain Afflelou donne le coup de canon. Les 52 coursiers prennent leur envol. Tout à gauche du plan d’eau, à la bouée, le méridional Kito de Pavant (Navy Lest) s’offre les honneurs du meilleur départ. On remarque aussi la présence d’autres compétiteurs affûtés qui connaissent toutes les ficelles de la régate « full-contact » : le bizuth en vogue Frédéric Duthil (All Mer), tout comme les deux autres compères souvent auteurs de beaux départs, le Marseillais Marc Emig (Total) et le Finistérien Benoît Petit (Défi Santé Voile). A la première bouée, le sudiste Kito emmène toujours la flotte, suivi comme son ombre par la skipper - décidément très en vogue - Jeanne Grégoire (Banque Populaire). Non loin, Yann Eliès (Groupe Générali Assurances), bien dans le coup depuis sa toute dernière victoire sur la Générali Méditerranée, pointe déjà aux avant-postes. Sur le plan d’eau qu’il connaît bien, le Normand Marc Lepesqueux fait également bonne figure : le voilà en 6^e position, avant de connaître des misères dans l’envoi de son spi... beau « cocotier » à la clé !

Sur l’eau, le rythme s’accélère et à 15h28’30’’, Kito de Pavant, toujours aux commandes, décroche les honneurs d’un prologue Afflelou mené de bout en bout. Le skipper de l’Hérault, héros du jour, ne cachait pas sur le quai à Caen qu’il avait retrouvé sa fougue de 2002, quand il s’était imposé à l’issue de La Solitaire, à Cherbourg. Comme quoi, les eaux normandes n’ont pas leur pareil pour porter chance au plus sudiste des figaristes ! Dans son sillage, Yann Eliès et Jérémie Beyou (Delta Dore) se partagent les deux autres marches du podium de prologue. Place ensuite à la grande parade dans le canal... jusqu’à Caen et que le spectacle continue !

L.F.

• Echos de pontons

Kito de Pavant (Navy Lest) : « Une belle journée pour moi ! »

« Ah oui, je suis en forme et aujourd’hui, j’étais bien en phase sur l’eau. Je suis content, ce n’était pas évident parce qu’il y avait 51 gaillards... et gaillardes pour venir me chahuter ! C’était une bonne journée pour moi. Pas de superstition qui tienne, ça c’est un truc de Bretons ! »

Jean-Luc Nélias (Chauss-Europe), premier bizuth

Le prologue Afflelou a été des plus disputés et annonce toute la teneur des quatre étapes qui attendent la flotte aux détours la Manche et du golfe de Gascogne. Des premiers aux derniers, dans le camp des ténors comme chez les jeunes premiers, comme le prouvent les quatre petites secondes qui séparent deux bizuths dans le classement : Frédéric Duthil (All Mer) et Olivier Krauss (Espoir Crédit Agricole), respectivement 13^e et 14^e au classement général de cette régate d’ouverture. Les honneurs du classement de la première participation reviennent néanmoins de droit à celui qui vient du multicoque, Jean-Luc Nélias (Chauss-Europe) 10^e, il confirme ainsi que ce n’est pas à un loup de mer qu’on apprend à régater entre trois bouées ! Voilà en tout cas qui augure que tous les coups tactiques seront bien permis entre les 17 compétiteurs qui vont disputer dans quelques jours leur toute première Solitaire...

Armel Le Cléac’h (Foncia-TBS) : le doublé comme Guy Cornu !

Il a le vent en poupe et n’a pas son pareil pour s’offrir les plus belles victoires. Vainqueur en titre sur La Solitaire Afflelou Le Figaro et sur la Transat AG2R (en double avec son compère Nicolas Troussel), Armel Le Cléac’h n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin et de se freiner dans sa lancée. « La Solitaire, c’est une super course et mon objectif est bien de faire le doublé... comme Guy Cornu (en 1975 et 76, ndlr). Ce sera difficile de rester en haut de l’affiche parce qu’il y a - comme toujours - beaucoup de favoris. C’est ce qu’il y a de plus dur dans le sport. Mais j’ai très envie de montrer que je suis toujours là. J’ai un mental d’acier et une belle étoile pour m’accompagner ! » Un message en guise d’avertissement ?

Un contingent de sept Normands sur les rangs...

Paroles de Vikings, un départ de La Solitaire Afflelou Le Figaro depuis les côtes normandes, cela mérite de mobiliser les troupes ! Pas étonnant donc de voir que les Normands forment un beau contingent de sept solitaires, le plus gros d’ailleurs jamais rassemblé sur l’épreuve. Ces sept mercenaires de la Manche n’ont donc pas hésité à tout mettre en œuvre pour s’entraîner ensemble et se préparer au mieux. Parmi eux, il y a d’abord l’inusable Halvard Mabire (Biodiveristé). Cette grande figure du large s’apprête à participer, à 47 ans, à sa 7^e Solitaire. Son meilleur résultat date de 1989, époque encore dévolue à nos ancêtres les half-tonners, où il montait sur la deuxième marche du podium. Mais la monotypie (à armes égales) ne lui fait pas peur. L’année suivante, avec le tout nouveau Figaro Bénéteau 1, il prend la troisième place. Présent encore en 1991 avec une huitième place, 2004 marque le grand retour d’Halvard dans cette compétition. Pour l’occasion, il porte haut les couleurs de la Fondation Nicolas Hulot en soutenant la campagne « Sans Nature, pas de Futur ». « On revient tranquille, serein, je suis vraiment content d’être là. En revanche, c’est l’inconnu total, confie-t-il. Je sais très bien que je peux faire premier comme 52^e. On verra bien. La façon de naviguer a beaucoup évolué, les bateaux ont évolué ... puis il y a une vingtaine de concurrents qui ne font que çà à longueur d’année, avec un bon bagage, des moyens. Ils ont donc intérêt à faire un bon résultat. Moi, je n’ai pas de pression. Ce sont mes vacances et je me suis autofinancé... » Parmi les autres Normands sur les rangs, on croise aussi Brieuc Maisonneuve (Pays Granvillais) et Bertrand Lecharpentier (Entreprendre en Pays d’Auge-Calvados), les bizuths de la troupe accompagnés de coureurs plus confirmés comme Marc Lepesqueux (Maisons Pierre) ou le jeune Charbourgeois Alexandre Toulourge (Caen La Mer). D’autre plus amateurs, à l’image de François Balogh (Générale d’Emballage) ou encore de la star locale Jean-François Bulot (Crédit Mutuel de Normandie-Ville de Caen) entendent bien tirer leur sillage du jeu Jeu #jeu . Ce dernier, bien conscient des enjeux, ne compte pourtant pas faire de la figuration et ce dès le prologue. « Ca ne serait pas terrible que j’arrive dernier vendredi soir », lâche le sympathique et truculent coureur !