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Route du Rhum • point course

La chevauchée anglo-suisse continue en tête de la course

Jean Le Cam sous mât seul vers le Portugal

dimanche 17 novembre 2002Information Route du Rhum

Les dépressions sont dans le sillage, place à l’anticyclone des Açores, nouveau juge de paix de cette Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum . A lui seul, il peut redistribuer de nouvelles cartes et changer la donne dans les différentes classes de bateaux. Alors que Karine Fauconnier (Sergio Tacchini) a été récupérée ce matin par Bob Escoffier (Adecco Etoile Horizon) et qu’Yvan Bourgnon (Rexona Men) vient de passer sa cinquième nuit en mer sur son trimaran retourné, Stève Ravussin (TechnoMarine) glisse sous gennaker avec 25 nœuds de vent de Nord-Est, presque sur la route directe vers la Guadeloupe. En distance par rapport au but, ses plus proches adversaires sont Ellen MacArthur (Kingfisher) et Mike Golding (Ecover). Sur leurs monocoques, tous deux continuent leur belle chevauchée au coude à coude et résistent merveilleusement bien face à la concurrence des multicoques. Le premier d’entre eux est attendu le week-end prochain alors que le premier multicoque devrait boucler cette septième édition dans la nuit de jeudi à vendredi prochain.

Marc Guillemot est arrêté mais toujours en course !
Photo : G.Martin-Raget/Promovoile

Vers 18 heures, Marc Guillemot (Biscuits La Trinitaine-Ethypharm) devait quitter l’île de Sao-Miguel et ainsi revenir dans le match. Avec à la clé un bel handicap : se sortir des tentacules de l’anticyclone des Açores. Cette masse d’air où règnent d’immenses calmes blancs couvre désormais toute la zone du même nom. Lalou Roucayrol (Banque Populaire) se bat depuis hier avec lui et subit, en raison de sa position Nord, des vents de face, soit de secteur Ouest. Si le leader, tout comme Michel Desjoyeaux (Géant), fait de. belles glissades sous gennaker, Lalou a donc, une nouvelle fois, du près serré à son programme. Ce décalage, pour l’instant défavorable, n’est pas pour lui déplaire. « 300 milles en multicoque. « Ce n’est rien, affirme Lalou lors de la traditionnelle vacation du midi. Je suis en position d’attaque, sur une route différente qui ouvre le terrain de jeu Jeu #jeu . Je suis en pleine forme et mon bateau aussi ». La bataille entre les quatre multicoques encore en course s’annonce palpitante.

Celle en monocoque l’est depuis le départ. Joé Seeten (Arcelor-Dunkerque), solide troisième, avoue avoir été bloqué un temps, hier, par l’anticyclone. « Il fluctue beaucoup et les deux devant ont réussi à passer, sans s’arrêter, explique Joé. Mais cela va mieux, je glisse à nouveau bien et à bord c’est le grand bonheur. Il y a tout : le soleil, la température, le vent ». Comme les autres concurrents de cette classe, Joé assiste au retour en trombe de Roland Jourdain (Sill). Sur sa trajectoire Sud en raison de son escale à Porto Santo, Roland est déjà sur l’autoroute des alizés. Les piéges de l’anticyclone ne sont pas pour lui, il peut exploiter au mieux son bateau et travailler sa trajectoire vers la Guadeloupe.

Les autres classes, soit une large majorité des 35 skippers encore en course, naviguent actuellement dans l’Est-Sud-Est des Açores où le petit temps est aujourd’hui de mise. Une nouvelle forme de stress apparaît dans les cockpits. Après la peur de casser, d’être obligé de rebrousser chemin en pleine tempête, voici le temps où la seule angoisse est de se retrouver coincé, sans vent pour avancer. Dans ces moments là, les solitaires se sentent souvent plus seul encore. Ils ont l’impression d’être les seuls à affronter les affres du petit temps, tandis que leurs adversaires directs fileraient sous l’action d’un zéphire salvateur …   Hors course

« C’est sûr, ce n’est pas mon année, reconnaît Jean le Cam (Bonduelle). Mais il ne faut pas oublier non plus les points positifs. En début de saison, on a quand même fait deux à la Course des Phares. C’est après que cela s’est gâté ». Abordage avec Sopra Group (Philippe Monnet) lors du GP de Zeebruge en juillet, choc avec une baleine lors de son parcours de qualification et puis l’incroyable carambolage, dimanche dernier, avec le Groupama retourné de Franck Cammas, il est vrai que cela fait beaucoup de malchance pour un seul homme.

Seul, Jean Le Cam l’est actuellement sur l’eau, même si un remorqueur de 42 mètres, avec son équipe à bord, joue les anges gardiens depuis le début de l’après-midi, alors que Bonduelle évolue à une cinquantaine de milles dans l’Ouest de Porto. « Le bras avant tribord ne tient que par habitude, explique Jean et celui de l’arrière comporte une fente qui part à 45° sur toute sa surface. La partie tribord peut se disloquer à tout moment ».

Naviguant sous mât seul, en essayant de se rapprocher au mieux d’un refuge sur la côte sans que la partie tribord de son trimaran vienne en appui sur l’eau sous peine de céder, Jean garde le moral et il n’est pas question d’aborder pour l’instant son retrait définitif de la course. « Des moments difficiles, on en a tous. Et c’est dans ces moments là que l’on voit les hommes, la cohésion d’une équipe. Cela fait chaud au cœur. C’est aussi pour cela que je suis là ».

Ce n’est qu’une fois son bateau amarré au port et après avoir conversé avec sa bande que Jean Prendra sa décision. Une seule est sûre : quand Jean est reparti vendredi matin de Camaret, il ne pensait pas subir autant de vent. « Je savais que j’allais avoir des vents forts de 35 à 40 nœuds. En réalité, c’est monté pendant plusieurs heures à 55/60 nœuds, ce qui est tout à fait différent. Même les chalutiers de pêche au large plient leur rambarde en acier sous le poids des vagues ».

Après plus deux heures d’efforts, Francis Joyon et son équipe ont réussi à remettre à l’endroit Eure&Loir-Lorénove. Le remorquage proprement dit du trimaran vers la Bretagne Sud devrait commencer dès cette nuit. Avant qu’il ne débute, il fallait avant tout vider le flotteur qui avait été rempli d’eau volontairement pour faciliter le retournement du trimaran.

Nicolas Raynaud  


- Bob Escoffier (Adecco Etoile Horizon) : « Je suis arrivé à la tombée de la nuit sur zone mais les conditions ne nous permettaient pas de tenter le transbordement de Karine. Tout c’est fait à 9h30. Karine m’a lancé une aussière que j’ai récupérée assez vite pour la laisser le moins de temps possible dans l’eau. Le bateau marchait tout de même à 4-5 nœuds. Le principal c’est que Karine soit à bord. Je lui ai donné une polaire un pantalon et mes bottes et en plus elle fume mes cigares ! »

- Karine Fauconnier (Sergio Tacchini) : « Lors du transbordement j’ai fait un peu d’apnée sur quelques mètres mais Bob est costaud, il m’a ramené à bord assez vite. J’ai réussi à fixer un pilote sur le bateau, qui lui permet de faire route à 4 nœuds vers Madère et le remorqueur qui lui marche à 8 nœuds. Il devrait être sur zone et faire la manœuvre au petit matin. Le bateau de toute façon est sécurisé, je ne me fais plus de soucis pour lui. »

- Stève Ravussin (Technomarine) : « J’ai eu un appel de Bertarelli ce matin (ndlr, le grand patron du défi suisse pour la Coupe de l’America) qui me félicitait pour ma course. C’est vrai que les Suisses gazent bien en ce moment. Je dois dire que mon pays ne m’a pas trop aidé et je galère depuis 10 ans. Pour le moment je suis en course et ça se passe plutôt pas mal. Je fais pour le moment route à 25 nœuds en route directe vers les Antilles que je pense atteindre dans 3 ou 4 jours. »

- Régis Guillemot (Storagetek) : Au petit matin, le leader de la classe 3 des monocoques a fait une escale technique très rapide à Santa Maria (Açores) pour réparer ses drisses et purger son réservoir de gasoil. « J’ai eu un accueil incroyable ici. Les locaux m’attendaient avec du pain, de la soupe et surtout du gasoil. Je ne sais pas comment ils ont été au courant mais ils m’ont super bien aidé. Je ne suis resté que 3 heures et maintenant je tente de faire une route vers le sud pour toucher le plus rapidement possible les alizés. D’ici 24heures, je pense pouvoir retoucher du vent car le moment c’est assez mou. »

- Frédéric Lescot (Dinan Pays d’Entreprise) : « J’ai eu le bateau noyé à cause du capot avant qui s’était ouvert dans la tempête. J’ai dû embarquer environ 20 tonnes d’eau. Malheureusement, les pompes électriques ne marchaient pas et pour pouvoir écoper dans de meilleure conditions il a fallu inonder le carré. C’est là que l’on se rend compte que la Classe Imoca Imoca #IMOCA est essentielle, notamment avec les cloisons étanches. Pour le moment je termine d’assécher l’intérieur et remettre de l’ordre pour re-naviguer sur un bateau sain. »  

- Franck Yves Escoffier (Crèpes Whaou !) : « Ce sont presque les vacances ici. Par contre je n’ai pas beaucoup d’air, mais j’arrive encore à creuser un peu l’écart avec Anne. Elle ne m’inquiète pas trop mais je n’aimerai pas me faire passer par ceux de derrière, monos ou multis. »

- Patrick de Radiguès (Garnier Belgium) : « Je ne pense pas pouvoir revenir sur les deux premiers par contre dans les cinq, oui. Je vais tout faire pour y parvenir. Il va falloir que je profite au mieux des alizés pour refaire mon retard et revenir. Bilou n’est pas loin et la deuxième partie de la course va être une belle bagarre. »

- Joé Seeten (Arcelor-Dunkerque) : " C’est dimanche, il y a du soleil, il ne manque plus que les enfants et maman. Je reste concentré sur ma course car avec cet anticyclone qui gonfle et dégonfle, il faut être vigilant. Je suis pour le moment intercalé entre les deux britanniques au Nord et Bilou au Sud tout en naviguant en lisière de l’anticyclone. Il faut être concentré au maximum et je ne lâche pas beaucoup le guidon. »  

- Lalou Roucayrol (Banque Populaire) : « Enfin je commence à faire des mille efficaces. Je fais route au près entre 14 et 17 nœuds tout en sortant de l’anticyclone. Stève n’est à que 300 milles devant et Marc à 300 derrière et en multicoques ce n’est rien. Le bateau a enfin retrouvé tout son potentiel et je suis en phase avec lui c’est plutôt du bonheur. »  
- Didier Munduteguy (60e Sud) : « J’ai fait beaucoup d’efforts pour pas grand chose. Entre les manœuvres, les changements de voile et la barre, les conditions météos ne me laissent pas beaucoup de répit. Je vais tout faire pour garder ma 4e place mais les deux de devant sont intouchables. »

- Clément Surtel (Laiterie St-Malo) : « J’ai eu un problème avec mon ballast. Il y a un trou que j’ai du mal à reboucher. Le bateau a pas mal souffert dans la première partie de course mais je doit toucher d’ici 36 heures un vent favorable. Je suis assez confiant, le but principal est de revenir sur Branec III et Millevisages. »

- Etienne Svilarich (Grain de Soleil) : « Je devrais arriver à Sao Miguel mardi matin. Pour le moment j’ai une bruine pas très agréable, j’ai eu quelques soucis de pilote dont un qui a lâché et que je vais vite remplacer aux Açores. »  


Classement dimanche 17 novembre 2002 à 16 heures française (15H00 UTC)

Multicoques de 60’ ORMA
- 1-TechnoMarine-Steve Ravussin-1637 milles de l’arrivée
- 2-Banque Populaire-Lalou Roucayrol-1951
- 3-Géant-Michel Desjoyeaux-2320
- 4-Biscuits La Trinitaine - Ethypharm-Marc Guillemot-2343
- 5-Bonduelle-Jean Le Cam-3120  

Monocoques 60’ IMOCA
- 1-Kingfisher-Ellen McArthur-1700 milles de l’arrivée
- 2-Ecover-Mike Golding-1723
- 3-Arcelor-Dunkerque-Joé Seten-2044
- 4-60e Sud-Didier Munduteguy-2147
- 5-L’Heautontimoroumenos-Antoine Koch-2197
- 6-Sill-Roland Jourdain-2205
- 7-Un Univers de Services-Miranda Merron-2281
- 8-Garnier Belgium-Patrick De Radiguès-2290
- 9-Millimages-Gédéon-Patrick Favre-2337
- 10-Tir Groupé-Montres Yéma-Mike Birch-2445
- 11-Dinan Pays d’Entreprises-Frédéric Lescot-2558
- 12-Ciments St Laurent-Ocean-Georges Leblanc-2677
- Leasecom-Elie Canivenc-

  Monocoque Classe 1
- 1-Ville de Dinard-Bruno Reibel-2636 milles de l’arrivée  

Monocoques Classe 3
- 1-Ashfield Healthcare-Nick Moloney-2252 milles de l’arrivée
- 2-Florys-Luc Coquelin-2305
- 3-Mille Visages-Hervé Vachée-2332
- 4-Branec III-Roger Langevin-2352
- 5-Laiterie St Malo-Clément Surtel-2459
- 6-Adecco Etoile Horizon-Bob Escoffier-2665
- 7-Défi Vendéen-J. F. Durand-3154  

Monocoques Classe 3
- 1-Storagetek-Regis Guillemot-2336 milles de l’arrivée
- 2-Passion Entreprendre-Jérôme Thiriez-2527
- 3-Grain de Soleil-Etienne Svilarich-2611
- 4-Fantasy-Forest-Alain Grinda-3441

  Multicoques Classe 2
- 1-Crepes Whaou !-F. Y. Escofier-1897 milles de l’arrivée
- 2-Yachting-casino.com-Anne Cazeneuve-2085
- 3-Vaincre la mucoviscidose-Hervé Cleris-2424
- 4-Archipel Guadeloupe-Claude Thelier-2440
- 5-Lehning-Lapeyre-Blanchet-Gourbeyre-P.Y. Guennec-2676  


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