Etape 1. La Rochelle – Vigo : Une course de lenteur décisive

Elle était la plus courte sur le papier (450 finalement réduits à 320 milles), elle a été la plus longue sur l’eau et s’est révélée décisive pour le classement général de cette 39^e édition.

Cette première étape a été marquée par 60 heures de pétole, suivies d’un finish au près dans la brise et d’une réduction de parcours au Cap Ortegal, à 130 milles du port galicien de Vigo.

Dans la baie de La Rochelle, le coup d’envoi très poussif dans moins de 5 nœuds de vent puis les premières heures de course menées par Vincent Biarnes (Côtes d’Armor) vont en effet donner la couleur à ce marathon de lenteur. Au premier pointage de 4h00 du matin, après leur première nuit en mer, les 50 figaristes n’ont parcouru que 27,4 milles, à la vitesse Vitesse #speedsailing moyenne de… 1,9 nœuds (5,3 km/h) ! Ce sera ensuite le même concours d’escargot sur un golfe de Gascogne transformé en glacis, l‘humeur des marins variant au grès des risées et des trous de vent. « En phase avec la météo », selon ses mots, Nicolas Troussel, prend les commandes de la flotte le lendemain du départ, en fin d’après-midi. A force de concentration et d’opiniâtreté, il parvient peu à peu à s’échapper, prenant un wagon à chaque souffle, et laissant ses poursuivants sur le carreau, y compris les plus proches, Christian Bos (Région Midi Pyrénées) et Frédéric Duthil (Distinxion Automobile).

Après trois jours de mer, le skipper de Financo passe la ligne d’arrivée mouillée dans la magnifique baie de Santa Marta, au cap Ortegal, lundi 28 juillet à 15h50, 5h33 devant un dauphin très heureux, Christian Bos lui-même séparé d’une heure de Frédéric Duthil qui complète le podium. Derrière le marin de Plougasnou, déjà vainqueur en 2006, les écarts sont énormes. Tous les cadors à sa suite, qui hésitent entre espoir et résignation, comptent bien sur les deux étapes suivantes pour tenter de changer le cours de l’histoire Histoire #histoire . La direction de course décidera de retarder le départ d’une journée pour laisser aux navigateurs, fourbus après un convoyage de 130 milles vers Vigo, le temps de se reposer pendant 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures …

Etape 2 Vigo-Cherbourg-Octeville : 575 milles sous spi entre cargos, courants et cailloux

Avec un vent aux abonnés absents dans la baie de Vigo, les marins vont patienter 5 heures avant de s’élancer au large des îles C^ies, sur un très original départ « à l’anglaise ».

En théorie, ce deuxième acte de 575 milles promet quelques séquences dramatiques avec, pour les 50 protagonistes, 4 difficultés principales à surmonter : la remontée le long des côtes espagnoles, pour atteindre, dans des vents faibles, le cap Finisterre ; une traversée du golfe de Gascogne en compagnie des cargos, et surtout le passage à la pointe Bretagne puis du Raz Blanchard avec des coefficients de marée de 100 promettant 6 à 8 nœuds de courants contraires. Comme souvent sur La Solitaire, cette étape s’est jouée dès le franchissement du premier obstacle. Et c’est le tout frais quadragénaire Gildas Morvan (Cercle Vert), après avoir optionné sous spi le long des côtes de la Galice, qui parvient en tête au virage du cap Finisterre, à l’aube du deuxième jour de course. Premier à empanner il est aussi le plus prompt à bénéficier d’un vent d’ouest de 15 nœuds. Dès lors, il va faire cavalier seul jusqu’à l’arrivée à Cherbourg-Octeville, maintenant en permanence 10 milles de marge sur le peloton de chasse et n’hésitant pas, par peur de tout perdre dans le jus du Raz Blanchard, à aller flirter de très près avec les cailloux de la pointe du Cotentin.

Dans ce long périple sous spi disputé dans des vents medium, quelques concurrents vont laisser des plumes. Franck Le Gal (Lenze) démâte après avoir été abordé par un cargo dans les brumes du golfe de Gascogne. Le normand Eric d’Hooghe (FMC Recyclage-Thomson Recyclage), en panne de pilote, jette l’éponge à son tour. Certains concurrents vont perdre de précieuses places dans le Fromveur, voire dans l’archipel de Molène, d’autres en empruntant l’extérieur des îles anglo-normandes. Le 4 août à 18h26, Gildas Morvan arrive en vainqueur (sa 4^e victoire d’étape en 13 participations) dans le port Normand, après 3 jours et 3 heures de mer.

Nicolas Troussel (Financo) auteur d’une superbe remontée tout au long de la course, parvient à se hisser en 2^e position. Derrière, c’est Christopher Pratt (DCNS 97) qui vient à bout de la superbe bagarre au contact entre une bonne dizaine de poursuivants dont Thiery Chabagny (Suzuki Automobiles), Erwan Tabarly (Athema), Gildas Mahé (Le Comptoir Immobilier), Romain Attanasio (DCNS 62), Jeanne Grégoire (Banque Populaire), Jean-Pierre Nicol (Gavottes) et Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs).

Etape 3 : Cherbourg-Octeville – l’Aber Wrac’h via Brittany Buoy (471 milles) : 300 milles de près, 150 de portant…

Une dépression très creuse est annoncée sur l’Irlande, générant des vents de 40 nœuds susceptibles de piéger la flotte dans le canal S^t Georges, au retour de l’île de Man. Une fois de plus, la météo contraint la direction de course à revoir sa copie. L’étape record Record #sailingrecord n’aura pas lieu, va pour un parcours très rude de 500 milles : il faut aller virer la bouée Brittany Buoy, 250 milles au large de la Bretagne avant de revenir vers l’Aber Wrac’h. Un gigantesque parcours banane, en somme.

Au départ de Cherbourg-Octeville, le leader du général Nicolas Troussel (Financo), s’élance en tête mais commet l’erreur de choisir une route à l’intérieur de la Manche, par le nord d’Aurigny. Il s’isole et se retrouve dans le ventre mou du classement, avec une dizaine de milles de retard. Le peloton est passé à l’est de Guernesey, mais ceux qui mènent sont les extrêmes sudistes descendus à la côte bretonne : Frédéric Duthil (Distinxion Automobile), Nicolas Bérenger (Koné Ascenseurs), Thierry Chabagny (Suzuki Automobiles), Armel Tripon (Gedimat) etc. Ils trouvent les premiers la bonne bascule et s’attaquent à un énorme bord de près. La mer dure et diverses avaries ont alors déjà raison de 8 bateaux qui abandonnent. Ils ne sont plus que 38 à lutter contre des vents d’ouest-sud-ouest de 30 nœuds et une mer hachée.

Le passage à la bouée est une délivrance pour tous. « 300 milles de près, 150 milles de portant », résumera Troussel. Les spis se gonflent et la flotte fond directement sur l’Aber Wrac’h, puisqu’un nouveau coup de vent oblige la direction de course à ôter du parcours le passage à Sein initialement prévu, afin de mettre la flotte au plus vite à l’abri. A l’attaque constante, trois hommes se détachent en tête : Frédéric Duthil, Gildas Morvan (Cercle Vert) et Laurent Pellecuer (D^r Valnet Aromathérapie). A 10 milles de l’arrivée, Duthil est entre la marque et ses deux chasseurs. Il remporte l’étape haut-la-main et souffle du même coup la 3^e place au général à un Erwan Tabarly (Athema)) pourtant encore très régulier aux avant-postes (4^e).

La lutte pour la deuxième place est sublime entre Morvan et Pellecuer qui finissent en match race sur le plateau du Libinter, Morvan réussissant à doubler Pellecuer dans les tous derniers mètres. Nicolas Troussel limite bien les dégâts : 18^e à un peu plus de 2h, son avance de 6 heures n’a fondu que d’un tiers. Il remporte donc pour la deuxième fois La Solitaire du Figaro Solitaire du Figaro #LaSolitaire , devant Gildas Morvan et Fred Duthil. Podium simple : le vainqueur de l’étape 1 est 1^er au général, celui de l’étape 2 est 2^e et le lauréat de la troisième monte sur la troisième marche de ce même podium final. Chez les bizuths, c’est François Gabart (Espoir Région Bretagne) qui empoche la mise devant Adrien Hardy (Agir Recouvrement) et Isabelle Joschke (Synergie). A l’Aber Wrac’h, les habitants ont mis les petits plats dans les grands pour accueillir les marins. La fête peut commencer.