Maxi Multicoque
Thomas Coville : "Sodebo Ultim’ en a sous le capot"
"Après avoir validé que le matériel fonctionne, nous partirons au large en équipage"
jeudi 5 juin 2014 –
Dans des conditions idéales et plutôt ventées, Thomas Coville et son équipe partagent des heures grisantes à l’occasion des premières navigations à bord de Sodebo Ultim’ en baie de Quiberon.
Pendant les mois où il a fallu dessiner puis construire ce trimaran unique en son genre, les équipes pensaient à ces moments ; imaginant comment les coques passeraient dans la mer, comment la largeur - équivalent de la cylindrée en voiture - se traduirait en puissance et comment ces centaines de mètres carrés de voilure seraient maniables en solitaire ?
« Aujourd’hui, nous avons navigué avec 25/30 nœuds et j’avoue qu’en partant, on ne faisait pas les malins, » racontait hier soir Thomas avec un sourire qui traduisait la satisfaction après une belle journée. « Il faut y aller avec humilité, nous n’en sommes qu’au début mais on sent tout de suite que l’on a changé de dimension et que Sodebo Ultim’ en a sous le capot. Le bateau va vite facilement, il est stable à la barre, semble léger, il n’est pas volage mais vivant, plutôt évolutif et vire bien. C’est déjà très satisfaisant de découvrir un bateau proche de celui que nous avions en tête. On sent toute l’équipe super enthousiaste même si on ne s’enflamme pas. »
« J’ai beaucoup appris des tests statiques, » enchaine le skipper faisant référence à ces journées particulièrement stressantes où l’équipe a travaillé à quai, mettant de fortes tensions dans le trimaran de 31 mètres pour vérifier la résistance de la structure.
« Nous sommes allés jusqu’à 60 tonnes de compression dans le mât et 26 tonnes de traction dans l’étai structurel (le câble qui tient le mât sur l’avant) ce qui est beaucoup, en tout cas plus que sur l’ancien Sodebo. On simule ainsi des situations extrêmes que je peux rencontrer en mer. J’aurais aussi des capteurs en navigation qui m’informeront en temps réel. Avec cette taille de bateau, on ne peut plus se fier seulement à ce que l’on ressent, il faut mettre des chiffres. »
Début Novembre, sur La Route du Rhum – Destination Guadeloupe, le skipper sera seul aux commandes. Sur l’unique colonne de winch utilisée pour manœuvrer et régler bateau, Thomas ne va pas chômer.
« J’ai hissé la grand voile seul. C’est plus long que sur notre ancien bateau mais pas plus physique, » affirme-t-il.
Avec jusqu’à 663 mètres carrés de toile, Sodebo Ultim’, comme les autres bateaux de la classe Ultime, pose la question des capacités musculaires du skipper. Ce dernier peut adapter la mécanique à l’échelle du bateau mais ne va pas, lui-même, se transformer en géant. Le team Sodebo a simplifié au maximum le chemin des cordages sur le trimaran afin de limiter les déperditions d’énergie, le résultat jusqu’ici semble concluant. Rouler et dérouler les voiles d’avant reste le point crucial. Sodebo Ultim’ navigue ce jeudi dans du vent médium et l’équipage comptait justement essayer le grand gennaker de 380 mètres carrés... !
Pour coordonner la mise au point du bateau, Thomas a fait appel au marin et routeur Jean-Luc Nélias.
"Après 14 mois de chantier, il fallait accompagner l’équipe dans la phase de mise au point pour insuffler une énergie nouvelle contribuant à optimiser le rendement de chaque navigation, Jean-Luc assure cette mission," complète le chef d’équipe. « Après avoir validé que le matériel fonctionne, nous partirons au large en équipage. Je débuterai ensuite les navigations en solitaire, en poussant à chaque fois un peu plus loin et un peu plus longtemps. »
Thomas et son équipe mesurent leur chance mais aussi l’enjeu car l’horloge tourne à six mois du Rhum.
Voir en ligne : Info presse www.sodebo.fr/voile